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Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, alerte sur « la résurgence massive du risque terroriste au Sahel »

« Il pourrait y avoir une partition du Mali dans les semaines ou les mois qui viennent », met en garde le ministre des Armées, auditionné par le Sénat sur la première exécution de la loi de programmation militaire dans le budget 2024. « A l’euro près, la parole de la programmation est tenue », assure le ministre, avec une hausse de 3,3 milliards d’euros l’année prochaine.

C’est « l’audition du jour d’après de la loi de programmation militaire (LPM) », comme dit le ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Près de trois mois après l’adoption par le Parlement de ce texte qui prévoit un budget total de 413 milliards d’euros pour la défense, sur la période 2024-2030, le ministre a été auditionné par le Sénat mercredi, en vue du projet de loi de finances (PLF) 2024.

Ce sera « la première application de la LPM », comme l’a rappelé en ouverture le sénateur LR Cédric Perrin, le nouveau président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat. La Haute assemblée avait notamment obtenu une accélération des dépenses, après « quelques nuits passé dans l’hémicycle parfois, où à Brienne (les bureaux du ministre des Armées, ndlr), pour discuter le bout de gras », se rappelle et sourit le sénateur du Territoire de Belfort.

« Intelligence artificielle, quantique, cyber et spatial »

Sans surprise, le budget 2024 respecte la trajectoire définie par la LPM. « Nous prenons acte de l’augmentation prévue par le PLF 2024, avec 3,3 milliards d’euros de ressources supplémentaires pour la mission défense, par rapport à la précédente loi de finances, conformément à l’accord pour la LPM », a salué Cédric Perrin.

« A l’euro près, la parole de la programmation est tenue », a assuré le ministre. Ces « 3,3 milliards en plus, sont une somme considérable, il faut le rappeler », a tenu à souligner Sébastien Lecornu. Avec les différentes menaces, « ces 413 milliards d’euros étaient les bienvenus », ajoute le ministre, « mais avec la nature des menaces, des sauts technologiques vont nous amener à avoir une programmation qui soit vraiment vivante ». Il évoque « les nombreux sauts technologiques qui s’imposent à nous tous », avec la nécessité de « prendre date sur des segments nouveaux : intelligence artificielle, quantique, cyber et spatial ».

13 Rafale et un sous-marin nucléaire d’attaque livrés en 2024

Sur les +3,3 milliards d’euros prévus l’an prochain, 1,4 million iront à « la préparation opérationnelle », rentre dans le détail Sébastien Lecornu. « 500 millions, en tout, sont prévus pour le renseignement », avec « + 40 millions pour 2024 ». C’est « 425 millions d’euros pour la seule DGSE (direction générale de la Sécurité extérieure), 51 millions pour la DRSD (Direction du renseignement et de la sécurité de la défense) et 65 millions pour la DRM (direction du renseignement militaire) », a précisé celui qui est par ailleurs sénateur de l’Eure, mais qui n’occupe pas la fonction, en raison de sa place au gouvernement.

Côté matériel, et concrètement, « 13 Rafale seront livrés en 2024, un sous-marin nucléaire d’attaque, une frégate de défense et d’intervention, 138 véhicules blindés Griffon, 103 véhicules blindés Serval, et souvent, ce sont les livraisons de la LPM précédente », précise encore Sébastien Lecornu. La hausse des effectifs sera quant à elle de 456 équivalents temps plein l’an prochain.

Le coût du départ du Niger pourrait être « proche de 400 millions d’euros »

Interrogé par le sénateur LR Pascal Allizard sur le départ des forces françaises du Niger, et sur l’efficacité de nos services de renseignement dans cette affaire par la sénatrice PS Gisèle Jourda, le ministre a soutenu que « la DGSE, comme la DRM, n’ont pas failli sur la situation au Sahel », assurant que « ce n’est pas vrai » que les services français n’auraient pas vu le coup d’Etat arriver.

Concernant le retrait de l’armée française, annoncé par Emmanuel Macron fin septembre, Sébastien Lecornu explique que « les opérations de rapatriement ont démarré. Elles se passent correctement à ce stade. Elles vont prendre plusieurs semaines, plusieurs mois, d’où l’indication donnée, « jusqu’à la fin de l’année ». De plus, « un certain nombre d’acheminements se font uniquement par voie terrestre. Tout ça va prendre du temps et un peu d’argent », reconnaît le ministre, qui précise un peu plus tard : « Si on prend ce qui s’est passé sur le Mali, on pourrait être entre 200 et 400 millions d’euros. Mais en général, quand on dit ça, on est plus proche de 400 millions d’euros ».

« La junte malienne a fait le choix de préserver son pouvoir et ses avantages en ayant recours à Wagner plutôt qu’à l’armée française »

L’inquiétude du ministre se situe plutôt sur l’état de la zone. « Le Sahel est de nouveau face à un risque terroriste absolument majeur, avec un risque quasiment immédiat, dans les semaines qui viennent, sur la sécurité du Mali, une reprise de l’activité terroriste, qui est absolument bouleversante et dont trop peu de médias se font écho », alerte Sébastien Lecornu.

Un risque qu’il développe encore : « La vraie actualité du Sahel va être désormais la résurgence massive du risque terroriste. Massive. C’est potentiellement se retrouver dans une situation où il pourrait y avoir une partition du Mali dans les semaines ou les mois qui viennent. Donc nous remettre dans une situation qui serait celle, au fond, (que nous avons connue) avant que le président Hollande ne prenne la décision de lancer Serval ou Barkhane. Ce n’est pas la faute de la France, contrairement à ce que certains racontent. […] Tout ça, ce sont de bonnes décisions », tient-il à préciser, face à ce qui pourrait ressembler à un aveu d’échec de ces opérations. « Mais la réalité, c’est que les Maliens ont fait le choix de préférer Wagner, ou plutôt la junte malienne – car les Maliens en sont les premières victimes – mais la junte malienne a fait le choix de préserver son pouvoir et ses avantages en ayant recours à Wagner plutôt qu’à l’armée française », affirme le ministre.

Si les soldats français sont à l’œuvre pour quitter le territoire du Niger, Sébastien Lecornu note que l’histoire nous a montré que les choses ont pu, parfois, évoluer dans un sens ou dans un autre : « Ce qui me frappe beaucoup, c’est que depuis les déclarations d’indépendance, c’est le nombre de fois où nous sommes déjà partis de certains pays, et le nombre de fois où nous sommes revenus ensuite. C’est vrai du Tchad, de la RCI (République de Côte d’Ivoire) et d’autres pays ».

publicsenat.fr

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