Le Syndicat autonome des administrateurs civils (Synac) et du Syndicat libre des travailleurs du ministère de l’administration territoriale (Syltmat) ont tenu hier lundi 18 juin 2018 devant le bureau du ministre de l’Administration territoriale un sit-in pour dénoncer avec véhémence les actes odieux et de mauvais traitements infliges aux représentants de l’Etat (les préfets et les sous-préfets).
Dans leur déclaration prononcée par le secrétaire général par intérim du Syndicat autonome des administrateurs civils, Ousmane Christian Diarra, il ressort des informations suivants : « considérant les énormes sacrifices consentis par les représentants de l’Etat de l’indépendance à nos jours, notamment lors des évènements majeurs que le pays a connus (évènements douloureux du Nord de 1990, 2006 et 2012, du 26 mars 1991, les conflits frontaliers, la mise en œuvre de la décentralisation, les contestations électorales, etc.) ; considérant que les représentants de l’Etat ont payé un lourd tribut dans toutes les crises et rébellions qu’a connues le Mali ; considérant l’engagement sans faille des Administrateurs Civils dans le renforcement de l’autorité de l’Etat et de l’unité nationale, parfois dans des conditions infrahumaines ; considérant la multiplication des menaces, notamment l’assassinat des Préfets, Préfets-Adjoints et Sous-préfets à Kidal le 17 mai 2014, l’attaque ciblée contre le Sous-préfet de Ouinerden le 29 mai 2018, les relèves arbitraires des Préfets de Kolondièba et Koro, les enlèvements du Sous-préfet de Hombori, du Préfet de Ténenkou et de son chauffeur le 08 mai 2018, les destructions de lieux de travail, de domiciles et de biens personnels des Représentants de l’Etat à Kéniéba et Kani-Bonzon le 11 juin 2018 ; considérant les pressions politiques et sociales de toutes sortes pour briser la carrière et le moral des Représentants de l’Etat ; considérant l’accroissement des pratiques de substitution de pouvoir des autorités traditionnelles et certaines composantes de la société civile (organisations de jeunes et des chasseurs) au pouvoir des représentants de l’Etat; considérant le principe statutaire selon lequel l’Etat est tenu de protéger les fonctionnaires contre les menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages dont ils pourraient être victimes à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions, et de réparer, le cas échéant, le préjudice qui en est résulté ; dénoncent avec véhémence ces actes odieux et mauvais traitements infliges aux représentants de l’Etat et demandent par conséquent au gouvernement de la république du mali : d’user de tous les pouvoirs à lui conférés par les textes pour assurer sans délai la sécurité et la protection des représentants de l’Etat ; d’entreprendre toutes les actions urgentes pour la libération du préfet de Ténenkou et de son chauffeur ; de réparer dans les meilleurs délais les dommages causés aux représentants de l’Etat dans l’exercice de leur fonction ; d’engager des poursuites contre les auteurs et complices des actes criminels et délictuels à l’égard des représentants de l’Etat sans considération de leur statut et de leur appartenance sociale et politique et d’informer régulièrement le Synac et le Syltmat des actions entreprises dans ce sens ; de redéployer, sans délai, les représentants de l’Etat arbitrairement relevés de leurs postes ; de traiter avec dignité et déférence le représentant de l’Etat quelles que soient la circonstance et la nature des pressions ; de rappeler aux autorités traditionnelles et aux organisations de la société civile les limites de leurs interventions dans la gouvernance territoriale ; d’affecter, en relation avec le ministre chargé de la Sécurité, une garde rapprochée à chaque représentant de l’Etat à domicile et au service ».
Selon le secrétaire général par intérim, la mise en œuvre des actions ci-dessus contribuera à la restauration de l’autorité de l’Etat et à la sérénité des représentants de l’Etat dans l’exercice de leur fonction.
Le ministre de l’Administration territoriale, en recevant les syndicalistes, a fait savoir que les préfets et les sous-préfets sont les représentants de l’Etat, le représentant du président de la République par tout où ils sont. ‘’ La situation d’insécurité dans laquelle vous vous trouvez est une situation que beaucoup d’agents de l’Etat partagent, c’est une situation dont tous les Maliens sont victimes, c’est une situation difficile que l’Etat aborde sereinement et cela en collaboration avec ses partenaires’’, a déclaré le ministre Ag Erlaf. ‘’Vous êtes à une place qui fait de vous le plier de l’Etat au niveau local, si vous désertez vos postes, tout le monde va déserter le poste et il n’y aura plus de service public’’, a-t-il ajouté avant de les demander aux différents agents de regagner leurs postes respectifs le plus rapidement possible pour que l’action publique continue en ce moment critique de préparation des élections.