La semaine dernière, le gouvernement mexicain a annoncé la création de « Litio para Mexico », une entreprise d’Etat qui sera chargée d’exploiter ses ressources de lithium. Le pays continue ainsi sur la voie de la nationalisation de ce secteur considéré comme « stratégique » pour son économie depuis une réforme approuvée par le parlement en avril dernier.
Ladite réforme accorde à l’Etat mexicain les droits exclusifs sur l’exploration et l’exploitation du lithium, mais également « l’administration et le contrôle des chaînes de valeur économique ». Elle conforte le nouveau régime de Lopez Obrador dans sa volonté de contrôler ces ressources minérales nécessaires à la fabrication des batteries des véhicules électriques.
Pour le moment, peu de détails ont été donnés sur comment la nouvelle compagnie publique compte remplir sa mission à part qu’elle dispose d’une autonomie technique et de gestion et qu’elle a six mois pour être opérationnelle. Surtout, il faudra encore attendre un moment pour voir comment le pays va gérer les obstacles qui vont se présenter sur son chemin. Plusieurs questions se posent en effet sur l’impact qu’auront les nouvelles réformes et la création de Litio para Mexico sur les projets déjà en cours de développement dans le pays.
Une source d’inspiration pour la RDC et le Mali ?
Si au stade actuel, on ne peut donc pas attester de la justesse et des chances de réussite des plans du gouvernement mexicain concernant son secteur du lithium, ils ont le mérite d’exister, et ce, en prenant en compte toute la chaîne de valeur du métal. On pourrait comparer cette stratégie à celles de pays comme la RDC ou le Mali qui détiennent les plus importantes ressources connues de lithium en Afrique. D’après les données de l’USGS datant de 2021, le premier mentionné est le 7ème pays le plus riche en ressources de lithium au monde et devance donc le Mexique (10ème) alors que le Mali arrive au 14ème rang.
En matière de stratégies, ces deux pays n’ont pas de plans spécifiques pour leur secteur du lithium. Il faut cependant préciser que la RDC, dans sa charte minière de 2018, a décidé d’augmenter la redevance due par les compagnies qui exploitent les quatre matières premières stratégiques que sont « le cobalt, le lithium, le coltan, le germanium ». En outre, soulignons que l’Etat est impliqué dans le développement des mines grâce à la société Cominière SA qu’il détient à 90 % et qui est en coentreprise avec les entreprises étrangères sur chaque projet de lithium. Quant au Mali, on peut noter que dans son code minier de 2019, le lithium a changé de statut, quittant le groupe des métaux comme l’or et l’argent pour se retrouver dans celui d’autres métaux stratégiques comme le nickel ou le cobalt.
Malgré le fait que comparaison ne soit pas raison et que les contextes et la culture minière sont différents, on peut remarquer une différence d’approche entre le Mexique et ces deux pays africains. Si l’option nationalisation est sans doute difficile à envisager pour les nations africaines au vu des risques et facteurs qu’elles doivent prendre en compte (compétences, moyens financiers, etc.), on peut se demander si elles ne gagneraient pas plus à penser à des stratégies plus spécifiques au lithium. Selon un rapport de Cochilco, la demande mondiale pour le métal va atteindre 2 millions de tonnes en 2030 grâce aux besoins du secteur automobile.
Louis-Nino Kansoun (Agence Ecofin)