Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Le Mali, un an après IBK

Le mercredi 18 août passé marquait le premier anniversaire de la chute du président IBK. Sous les huées de la foule massée devant son domicile à Sébénicoro, comme nous l’avions prédit plusieurs mois auparavant. Ce fut un non évènement pour la simple et bonne raison que le changement, qui a mobilisé des centaines de milliers voire des millions de nos concitoyens des villes et des campagnes, ne s’est opéré dans aucune de leurs préoccupations majeures.

 

La plus importante de toutes, la sécurité, loin de connaître une amélioration, s’est dégradée. Les attaques terroristes meurtrières se sont intensifiées dans  » la zone des trois frontières  » pourtant désignée prioritaire par le sommet de Pau (janvier 2020) et celui de Ndjamena (février 2021) dans la traque de l’EIGS. Pire elles s’étendent de plus en plus à la partie méridionale du pays notamment les régions stratégiques et pourvoyeuses de ressources financières substantielles que sont Sissoko et Kayes.

Mais plus inquiétante est l’amorce du désengagement militaire français du Sahel. L’opération Barkhane, lancée en août 2014, a coûté à ce jour 55 soldats français tués  et plusieurs milliards d’euros (le montant officiel ne serait pas connu) au contribuable de l’hexagone pour un résultat mitigé. Elle peut donc être un enjeu pour la présidentielle d’avril 2022 et, sous ce rapport, Emmanuel Macron, qui sera probablement candidat à un deuxième mandat, a jugé utile de limiter les dégâts. En initiant un processus de relève par la force européenne Takuba, elle-même ossature d’une force internationale avec la participation de l’OTAN, y compris sa composante principale que sont les États-Unis. Un schéma toutefois rendu encore plus hypothétique par les derniers événements survenus en Afghanistan : 2 500 Américains tués et 2 000 milliards de dollars dépensés en 20 ans n’ont pu empêcher le retour des talibans au pouvoir. Washington, qui est confronté à un déficit budgétaire abyssal, va-t-il se laisser entraîner dans une nouvelle croisade anti-terroriste qui peut s’avérer longue et onéreuse ?

A l’incertitude de la création de cette force internationale s’ajoute une autre : Macron sera-t-il réélu ? Si tel n’était pas le cas, son successeur-surtout s’il s’agit de sa rivale de 2017, Marie Le Pen, pourrait être tenté par un retrait brusque du dispositif militaire français. Auquel cas les États du G5-Sahel, donc le Mali, pourraient bien se trouver dans le scénario afghan.

La consolidation de la paix au nord est un impératif pour préserver l’intégrité du territoire national, accroitre les atouts dans la lutte contre les djihadistes maghrébins et bientôt afghans, mettre le septentrion sur le chemin du développement. Elle requiert des gestes forts comme ceux annoncés lors de la 43ème session du CSA, tenue à Kidal, en février 2021. Au lieu de cela l’option a été faite d’une relecture aventureuse de l’accord pour la paix et la réconciliation.

Les réformes politiques et institutionnelles consensuelles, qui sont censées garantir des élections apaisées, dont les résultats seront acceptés par tous et devant porter l’architecture du Mali nouveau, attendent d’hypothétiques Assises nationales de la refondation. La moitié au moins de la classe politique leur voue un total désamour. Ce qui semble les condamner d’avance.

La refonte du système éducatif a été l’une des recommandations fortes du Dialogue national inclusif et l’un des axes prioritaires des Concertations nationales. Curieusement elle a disparu du plan d’action gouvernemental de Choguel Maïga. Ce qui peut être perçu comme un manque d’intérêt manifeste des autorités de la transition pour une matière aussi vitale que l’éducation.

La bonne gouvernance tarde à prendre ses marques même si un frémissement est perceptible du côté de la justice où certains dossiers, jusque-là soigneusement gardés au fond des tiroirs, refont surface.

Et puis il y a cette cherté de la vie qui a pris possession du quotidien des Maliens et, semble-t-il, durablement. Elle vient aggraver une morosité ambiante qui plombe tous les secteurs d’activités, créant un sentiment où se mêlent pessimisme, épuisement et rejet.

Saouti HAIDARA

Source: l’Indépendant

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance