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Le Mali post-crise: Quelles politiques et cartes diplomatiques pour une stabilité certaine ?

« Qui veut la paix, prépare la guerre », dit-on. Une façon de dire que la guerre se prépare en temps de paix. Au regard de ce postulat, la crise dans notre septentrion n’est-elle pas le fruit d’une mauvaise préparation de la guerre, en temps de paix ? Pour éviter d’autres dans un avenir proche, ne faut-il pas prendre des mesures draconiennes, dès maintenant ? Devons-nous accepter qu’une crise éclate chez nous quant l’ancienne Métropole le veut et prenne fin quand elle le souhaite ? Avec la mise en application timide de certaines clauses de l’Accord issu du processus d’Alger, peut-on admettre que la paix est réellement revenue dans notre septentrion?

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Même si le souhait de tous les maliens est qu’on laisse enfin derrière nous, cette crise qui a amputé pendant longtemps notre pays, il va de soi  que le retour de la paix se fasse avec des garanties et des assurances pour éviter une autre crise de ce genre, dans moins d’une décennie. En effet, même si la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger n’est pas effective, des actions, telles que la mise en place des autorités intérimaires, le cantonnement des groupes d’autodéfense, etc. semblent être sur le point. La récente rentrée des classes, à Kidal, sous la supervision du gouverneur et des préfets, avec l’accord de la CMA, joue  aussi en faveur du retour de la paix. Mais l’élément le plus précurseur du retour à la normale  dans notre pays est certainement  le changement de l’ambassadeur Français, Jules Huberson dont le mandat aurait été d’appuyer l’ancrage du MNLA à Kidal.

Cela est d’autant une certitude qu’il  est de coutume dans ce pays de changer d’ambassadeur quand ils veulent changer de politique dans un pays. Des sources persistantes admettent que Christian Rouyer aurait été débarqué parce qu’il refusait de se faire à l’idée que l’armée française, au moment de libérer le nord du Mali, travaillerait  avec les rebelles du MNLA à Kidal pour traquer les terroristes. C’est ainsi que Jules Huberson est venu pour exécuter cette politique de collaboration avec le MNLA à Kidal. Et la suite est connue : Visite ensanglantée de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, à Kidal, en Mai 2014, Débâcle de l’armée malienne, quelques jours plus tard.  Des revers dont la France  serait responsable.

La France serait-elle entrain de perdre le contrôle du Mali ? 

La politique de la France n’a jamais été avantageuse pour ses anciennes colonies. Elle continue à leur exploiter comme pendant le bon vieux temps de la colonisation. C’est la stratégie et les termes seulement qui changent, sinon, on est toujours victime de leur machination. C’est pour cela  que le Mali et tout le Sahel n’ont  pas refusé la main tendu de l’Allemagne. Un  rapprochement  qui a été matérialisé par la visite récente de la Chancelière Angela Merkel au Mali. A telle enseigne  que certains observateurs estiment que l’Allemagne serait sur le point de  défier la France jusqu’au Sahel. De même, une autre préoccupation de taille pour la France, serait le récent rapprochement diplomatique entre la Russie et le Mali. C’est ce  plan ‘’B’’ que le Mali est entrain d’appliquer actuellement, comme nous l’avions souligné dans un numéro antérieur de votre bimensuel. Ainsi, puisque l’époque de la colonisation est révolue, nous devrons aller de l’avant. Et avec plusieurs puissances en compétition, notre pays sera mieux respecté.

A qui va profiter cette guerre de leadership européen au Mali et dans le Sahel ?  

Chacun cherche son intérêt. Le Mali et les autres pays du Sahel doivent aussi chercher leurs intérêts. Parlant du terrorisme, il est partout. Il y a eu des attentats à Paris, à Berlin, à New-York, etc. ceux de Bamako, Ouagadougou, Grand-Bassam, Sévaré, etc. ne sont, peut-être que l’illustration de la propagation de ce phénomène par rapport aux besoins de certaines puissances et de la Communauté Internationale, à travers la Minusma et la Force Barkhane. Ainsi, le Mali peut bel et bien profiter de cette situation de confusion entre les ‘’puissances’’,  en imposant ses propres règles du jeu et en élevant la barre très haut pour son développement et pour sa sécurisation. Vu l’étendue du territoire, les besoins ne seront pas les mêmes dans les différentes régions. Ça devrait être l’occasion pour le Mali de mettre beaucoup l’accent sur la régionalisation. Si à Kidal, Ménaka, Tombouctou, Gao et Taoudéni, on aura besoin de tout refaire : Camps militaires et équipements, infrastructures sociaux de base et routières, Industries, exploitations minières et énergétiques, etc., à Bamako, il serait question d’élargissement des infrastructures et de renforcement des capacités des populations dans tous les domaines. A Mopti, Kayes, Koulikoro et Sikasso, Même s’il y a des besoins en infrastructures (routières, industrielles, sociaux, etc.), il faudrait mettre surtout l’accent sur le développement de la production locale. Oui, si l’Etat est fort, ces aspects doivent se faire sentir. Mais si le pouvoir se permet de subir les règles des puissances, le Mali risquerait de ne jamais avancer. On le sait, il n’y a jamais d’accord militaire sans des clauses économiques secrètes. Nous devons faire tout pour prendre le dessus sur ces puissances qui n’ont presque plus rien chez eux. Pour cela, il nous faut un dirigeant fort, panafricaniste et en parfaite état de santé.

Et l’avenir du Mali ?

Tout se joue maintenant. La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA)  a cédé parce que malgré l’appui de la France, ils n’ont pas pu ouvrir l’école depuis le départ de l’armée et de l’administration malienne. Ils n’ont rien pu faire que s’armer à chaque fois et semer la guerre. L’avenir du Mali est lié à la fin glorieuse de cette crise. On ne doit plus accepter qu’une partie de la population prenne les armes contre l’armée pour raisons de domination et/ou de soutien des idéaux de l’occident. Aujourd’hui, avons-nous besoin de leurs idéaux, quand on sait que le Mali fut un Empire dans le passé ? Développement et culture ne vont-ils pas de pair ? En tout cas, dans le « Pays des Hommes intègres »,  les officiels  ont pour coutume  de porter  le ‘’Faso dan fani’’, même aux Etats-Unis d’Amérique. Pourquoi notre Mandé Mansa ne porte-t-il pas le ‘’Soro-blen’’ ?

En somme, l’Etat doit être fort, responsable et puissant. Or nous ne sommes pas pauvres, mais on aime rester dominé  par plus fort que nous. Il faut qu’on se réveille. Les Libyens ont préféré le sommeil en laissant l’occident éliminer Kadhafi. Que le peuple et les dirigeants acceptent le sacrifice. De toutes les façons, la mort est obligatoire. Et si nous ne faisons pas attention, la prochaine rébellion aura raison sur notre pays. Pour rappel, celle qui est entrain de prendre fin a été sans précédent. Une autre, dans les années à venir, plus grave que ça, ça sera sûrement la fin de tout.

Le sommeil n’a jamais construit une nation. Ne crions pas vite victoire.

 

Alfousseini Togo

Source: Le Canard de la Venise

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