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Le Mali, entre inquiétudes et espoir !

Plus de trente ans de pratique démocratique au Mali n’ont quasiment engendré qu’une situation chaotique dans la gouvernance des institutions de l’Etat aujourd’hui très fragilisées du fait des crises politico-institutionnelles à répétition ayant favorisé l’occupation des 2/3 du territoire national, par des « djihadistes ». Après les éphémères succès des forces Serval ayant repoussé les djihadistes jusqu’aux portes de Kidal, Barkhane prolonge l’opération militaire anti-djihadiste. Du début 2018 à février 2020, elle passe de 4500 hommes à 5100 dotés d’un impressionnant arsenal de guerre et appuyé par des milliers d’autres soldats du G5 Sahel et de Takuba, etc. Malgré cette forte présence militaire, les terroristes ont eu le temps de prendre corps et force au cours des 9 dernières années, en s’incrustant dans la République dont ils finirent par affaiblir les institutions. Partout dans le pays, des symboles de l’Etat détruits, des villages, écoles et récoltes incendiés, des milliers de morts civils et militaires enregistrés.

L’horreur devenue si intenable que, même le thanatopracteur le plus endurci n’y peut résister. La méfiance s’installe entre les communautés d’un même terroir qui s’entredéchirent violemment. C’est dans cette situation d’incertitudes dominée par une insécurité généralisée et permanente que la France décide de façon unilatérale de réduire le nombre de ses forces armées, repositionner ses bases militaires et de mettre en place, une force européenne dénommée Takuba comme si elle était en territoire acquis. Pourtant la menace « djihadiste »  est bien présente dans tout le Sahel et particulièrement au Nord et au Centre du Mali.

Cette posture ambiguë et incompréhensible de la France du fait de ce qu’elle considère comme un « un coup d’Etat dans un coup d’Etat », au mépris du traité de défense signé avec le Mali, donne l’occasion au Premier ministre du Mali Choguel Kokalla Maïga à la tribune des Nations-Unies, de livrer un discours historique, le 25 septembre 2021. Au cours de son allocution, il dénoncera avec véhémence, « l’abandon du Mali en plein vol par la France ». Depuis, ce discours marque le début d’un divorce entre Paris et Bamako. Des menaces,  remontrances et des propos discourtois et désobligeants de l’Elysée et du Quai-d’ Orsay très remontés, pleuvent indéfiniment sur les Autorités de la Transition qualifiées d’illégitimes qui prennent des décisions irresponsables s’agissant précisément, de la demande du retrait des forces spéciales danoises du Mali et de la décision par ces mêmes Autorités, de l’expulsion le 31 janvier 2022, de l’Ambassadeur de France au Mali.

Pour Paris, ces décisions des Autorités de Bamako étaient une provocation de trop et les considère comme une humiliation de plus et une mise à l’écart de la France surtout lorsque, des rumeurs persistantes relayées par certaines presses, les réseaux sociaux et appuyées par les services secrets français, laissaient entendre, la probable signature de contrat entre le Mali et la milice privée russe de sécurité « Wagner », que la France qualifie de prédateurs de l’économie. Des inquiétudes pour les maliens, il y en a encore, quand ce sont des Chefs d’Etat de la CEDEAO, des marionnettes au service de l’Elysée qui décident des sanctions drastiques, injustes, inhumaines et illégales à l’encontre du Mali, à l’issue de leur sommet extraordinaire d’Accra du 9 janvier 2022.

En infligeant ces sanctions sur les injonctions de Paris, ces chefs d’Etat entendaient asphyxier notre économie nationale et le Peuple du Mali afin de pouvoir déstabiliser au nom de la France, les institutions de la Transition au bout de deux semaines. Peine perdue, car plus de 50 jours après, ces institutions sont encore là, solides, intactes et soutenues par un Peuple résilient, débout, galvanisé par sa fibre patriotique, sorti par plusieurs centaines de milliers sur un boulevard de l’indépendance plein comme un œuf, le 14 janvier 2022, pour témoigner son allégeance et son soutien indéfectible aux Autorités de la Transition.

C’est malheureusement ce moment qu’ont choisi certains de nos compatriotes en rupture de ban, regroupés au sein du Cadre d’échanges des Partis et Regroupements Politiques, décident de boycotter les Assises Nationales de la Refondation de décembre 2021, ne plus reconnaitre les Autorités de la Transition au-delà du 25 mars 2022. Un ultimatum pris très au sérieux par les plus hautes Autorités du pays, surtout quand on sait la nature des liens qu’entretient ce cadre d’échanges avec la France qui cherche par tous les moyens à renverser le pouvoir de la Transition que les Autorités veillent bien aux grains. C’est encore au même moment, qu’un fils égaré du pays, résidant en Côte d’Ivoire, l’opposant Ibrahim Camara, met ses menaces à exécution, en s’autoproclamant Président du Mali. Quelle folie !

Tous ces agissements se passent sous le nez et la barbe de la CEDEAO dont la posture de « deux poids, deux mesures », donne raison à tous ceux qui remettent en cause, la crédibilité et l’impartialité de cette institution sous-régionale, face à des cas similaires au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, où des coups de force ont mis fin à des régimes démocratiquement élus, respectivement le 18 août 2020, le 5 septembre 2021 et le 23 janvier 2022. Loin d’être un instrument de développement et d’épanouissement au service des Peuples, elle devient une machine à repressions ou de règlement de comptes, téléguidée depuis Paris, par le locataire de l’Elysée. Ainsi, en Guinée, le Colonel Président Mamady Doumbia, imprime son rythme, son tempérament, à sa transition sans se soucier des éventuelles sanctions de la CEDEAO, tandis que   cet autre Colonel de l’armée burkinabé, Paul-Henri Damiba, s’octroie  une transition de 3 ans avec la bénédiction des Assises Nationales tenues à Ouagadougou le 28 février 2022.

Face aux incertitudes vécues, l’espoir est-il permis ?

Un petit rappel de notre récente histoire est nécessaire afin de pouvoir répondre à cette interrogation. En effet, aux lendemains de son accession à l’indépendance, le Mali sans entamer une rupture avec la France, avait choisi l’option du « socialisme » afin de diversifier sa coopération avec la Chine et l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Cette coopération de gagnant-gagnant, avait permis au Mali de poser les bases de son développement, permettant ainsi, son décollage économique avec la construction des premières unités industrielles et entreprises nationales telles que la Société d’Exploitation des Produits Oléagineux du Mali (SEPOM), la Société des Conserves Alimentaires du Mali (SOCOMA), la Société Nationale de Tabac et Allumettes du Mali (SONATAM) et la Société de Construction des Radios au Mali (SOCORAM), etc., sous le label chinois. Non sans difficulté, ce revirement n’était pas vu de bon œil par la France qui usera de tous ses moyens durant des années, pour mettre fin au régime du Président Modibo Kéita. Aussi, le Président avait eu le temps de nouer ce type de coopération notamment militaire, avec l’Union Soviétique où les premiers officiers de l’armée nationale furent formés.

C’est dans ce cadre que les Autorités de la Transition s’inscrivent en décidant en 2021, de diversifier leurs partenaires après le constat d’échec fait de 9 ans de présence des forces internationales au Mali dont Barkhane, G5 Sahel, Takuba, etc., pendant que l’insécurité a eu le temps de gangréner tous les segments de la République sous l’emprise des terroristes qui tuent des populations innocentes, incendient des habitats et des récoltes, s’attaquent aux symboles de l’Etat, etc. Entre l’hécatombe et l’urgence des solutions sécuritaires justes et durables au bénéfice du Peuple du Mali, les Autorités de la Transition ont choisi la seconde option en se tournant vers le partenaire russe. En quelques mois, l’armée nationale du Mali a été équipée de logistiques (armes et munitions), d’avions de combat de dernière génération, etc., acquis sur le budget national. Non sans difficulté, ce revirement n’était pas vu de bon œil par la France qui considère le Mali comme son pré-carré. Elle usera de tous ses moyens des années durant, pour faire tomber les institutions de la Transition comme elle en a l’habitude.

Depuis, rien ne va plus entre Bamako et Paris qui ne manque aucune occasion pour vilipender, injurier, morigéner nos Autorités de la Transition quant à leur refus d’organiser des élections aux dates imposées par la communauté internationale. C’est encore dans cette mouvance que le très célèbre journaliste de Radio France Internationale, Alain Foka résume les relations tumultueuses entre Paris et Bamako en ces termes : « votre ami à l’origine de l’incendie, même s’il ne l’a pas fait exprès, vous apporte secours pour vous aider à l’éteindre, mais il a du mal à arrêter l’avancée de la flamme incandescente.

Au bout de quelques jours, l’incendie n’arrête pas de prendre de l’ampleur malgré les moyens déployés. Arrive un inconnu qui vous propose de vous aider à éteindre ce brasier et de joindre sa force à la vôtre qui est malheureusement insuffisante ou inadaptée… ». L’ami à l’origine de l’incendie est bien la France et l’inconnue qui veut apporter son aide pour éteindre le brasier, est la Russie. S’agissant de la coopération militaire russe, en quelques mois de combats, des résultats tangibles sont enregistrés par nos FAMA qui, dans leur montée en puissance, ont réussi là où les forces internationales ont échoué en 9 ans de présence.

Sur tous les fronts, les terroristes sont pris de panique, traqués, tués par centaines ou arrêtés, leurs bases logistiques détruites, des milliers de réfugiés retournent volontairement dans leurs terroirs d’origine, la confiance s’installe et l’espoir renait après tant d’années d’inquiétudes et d’incertitudes. La peur a changé de camps dit-on. C’est le retour progressif de la paix partout au Mali notamment, dans les régions de Mopti et de Bandiagara où les foires hebdomadaires reprennent en toute sécurité. Aussi, les sanctions de la CEDEAO ont produit l’effet contraire quand les voisins du Mali (Guinée, Mauritanie) décident de mettre leurs ports à la disposition de notre pays. Grâce à son génie créateur et son sens élevé des affaires, le Peuple du Mali a su adapter ses flux import-export sur les corridors de ces deux pays. L’espoir est donc permis car le Mali résistera à toutes ces épreuves du moment, voulues et imposées par une certaine communauté internationale dont l’agenda est aujourd’hui est bien. Que Dieu bénisse le Mali uni et prospère !

Dr. Allaye GARANGO, enseignant chercheur / ENSup Bamako

Source: Le Pélican

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