C’est regrettable de constater que dans une démocratie naissante comme celle du Mali, l’organisation des élections soient de l’amateurisme conduisant à des conflits difficiles à résoudre par les politiques. Cela prouve que cette démocratie est abandonnée à elle-même, elle marcherait sur un seul pied.
Plus de mot pour qualifier la souffrance de la démocratie malienne. Cette élection présidentielle a porté un coup sérieux au cœur de ce régime qui souffrait déjà de maints maux. Si jadis on le désignait comme étant une jeune démocratie, de nos jours, il n’en est plus. La régression a atteint le summum de la dégénérescence. De la jeunesse, cette démocratie chute et devient un nouveau-né faisant ses premiers pas. Il titube en mettant un pied devant l’autre, il tombe, pleure, se relève, souvent avec le recours des aînés ou des parents qui le dorlotent. La démocratie malienne est devenue malheureusement un nouveau-né, orphelin sans consolation. Ceux censés la secourir reste emportés par un fou désir des quelques richesses que le pays garderait en son sein.
Il n’y a pas de démocratie sans le pluralisme. Celui-ci fonde la démocratie. L’option unijambiste handicape la démocratie. Un mal qui ronge présentement la démocratie malienne. La réussite de la démocratie dépend de l’union et de l’engagement de tous les citoyens pour le progrès de toute la nation. Mais ce que nous constatons après cette élection présidentielle donne froid au dos et ne peut être sans crainte. Toutes ces manifestations qui inondent les rues de la capitale malienne, ainsi que celles de l’intérieur et de la diaspora ne font pas bon ménage avec une démocratie hostile à des conflits internes.
Mais nous avons l’impression, avec ce scrutin, que les politiques ont oublié cet aspect et abandonnent du coup le nouveau-né à lui-même qui devient du coup un orphelin sans consolation.
Le développement reste un idéal même pour les normaux à forte raison un unijambiste. La démocratie malienne souffrait déjà de plusieurs maux, mais le peuple était toujours régi par une raison raisonnante. De nos jours, tout bascule d’un seul coup. Plus d’espoir. Le pessimisme s’empare de tous les camps. Nul ne songe encore à cet œuf qu’est l’État qui se brise une fois qu’il tombe, chacun courant derrière les intérêts personnels. En termes redondants, les intérêts privés priment sur le général.
Il importe dans cette atmosphère de va-t-en-guerre que les partis recouvrent raison. Un État se dirige par la raison. Celle-ci est exigence de dialogue dans la résolution de tout conflit. Sans une volonté de résolution rationnelle de cette crise post-électorale que traverse ce pays, on risque de remettre en cause tous les travaux des martyrs de cette merveilleuse démocratie.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays