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Le langage de vérité du Pr Dioncounda Traoré : « N’est pas responsable dans la ruche qui le veut »

Si l’Adema qui a perdu les rênes du pouvoir en 2002, après avoir fait deux mandats successifs, veut revenir aux affaires, comme on dit, il lui faut insuffler une nouvelle dynamique car, le chemin qui mène au palais présidentiel, est désormais parsemé d’embûches.

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Reporté plusieurs fois, le congrès ordinaire de l’ADEMA aura bien lieu, ce week-end. Durant ce congrès, les Abeilles vont essayer de ressouder leurs rangs et de parler un seul langage de cohésion, de solidarité mais surtout véridique afin que ce qui est arrivé au parti, ces dernières décennies, ne surviennent plus. Un exercice périlleux au regard des tensions qui animent actuellement la ruche. Mais, il est nécessaire, selon ses responsables, notamment le Pr Diouncounda Traoré, si le parti veut se donner une chance de « revenir aux affaires ».

C’est pourquoi, à la conférence-débat sur la vie du parti qui a eu lieu en fin de semaine dernière, Dioncounda a tenu un langage de vérité. Pour lui, le parti puise sa force dans ses valeurs, ses principes qui guident ses pas et qui ont permis d’engranger des victoires. « C’est important que les gens le sachent. Avant, il y avait des étudiants, ensuite, il y a eu des formations politiques clandestines. Nous avons vécu des situations après l’indépendance et après le coup d’Etat qui a mis fin à la première République. De là se sont créées des associations et des partis clandestins autour de valeurs. Les hommes et les femmes qui ont milité dans ces partis clandestins et associations, croyaient en quelque chose. Ils croyaient en l’homme et se mettaient à son service. Tout le reste était des détails. Ces hommes et ces femmes qui n’étaient pas très nombreux avaient bâti leur idéologie autour des valeurs de liberté, de dignité, d’entraide, de travail et de solidarité. C’est cette réalité qu’il faut comprendre » dit-il non sans reconnaitre que le fait de ne pas se référer à ces valeurs, a été la cause de la déchéance du parti. Pour lui, la perte des repères, a été l’un des facteurs qui a amené la division au sein de la ruche. « Les gens sont venus pour leur intérêt individuel. On  n’y a fait attention  que lorsque leur impact a commencé à nuire à la démarche du parti. Petit à petit, au fil des années, ils ont pris surtout conscience de leur nombre pour ensuite influencer la marche du parti. Ce qui me rappelle cette phrase prononcée par notre camarade Mamadou Lamine Traoré qui disait  un jour : « les frelons ont envahi la ruche. En ce moment il avait compris que les frelons étaient plus nombreux que les abeilles. C’est une plaie qui ronge l’ADEMA pratiquement depuis le départ. C’est une plaie que nous n’avons pas su et pu soigner. C’est une plaie que nous n’avons pas pris le temps de soigner. Dans des cas pareils, la plaie finit par se gangrener. Et quand elle se gangrène, c’est difficile de la soigner. Si on ne soigne pas à temps la partie gangrenée, c’est tout l’organisme qui meurt. Aujourd’hui, on se pose la question de savoir, où est- ce qu’on en est. Est- ce qu’on peut encore amputer la partie gangrenée ? Où est- ce que le parti est condamné à disparaître ? C’est çà l’angoisse des militants de l’ADEMA. Moi je dis que ce n’est pas encore gangrené. Assurez-vous, nous avons encore les moyens de soigner la plaie et de la guérir à condition qu’on s’y mette maintenant ».

Pour Dioncounda, ce 5ème  congrès est l’occasion de renouer avec les valeurs du parti ; de croire au parti et à ses responsables. Justement, parlant de responsables, Dioncounda  a décrit les qualités du « responsable » du parti ADEMA car, selon lui, n’est pas responsable dans la ruche qui le veut. « On a commencé à ne plus respecter les statuts du parti. On a également commencé à croire que tout le monde peut faire tout. C’est n’est pas vrai. Tout le monde ne peut pas faire tout. Même aujourd’hui, n’importe qui pense qu’il peut devenir président de la République ou président du parti. Chacun pense qu’il peut tout faire.  Cette pensée n’est pas vraie. Ce n’est pas parce que j’ai un peu d’argent ou je suis à cette place, que je dois me prétendre  briguer n’importe quel poste et assumer n’importe quelle responsabilité. En briguant des responsabilités, ce sont des responsabilités qu’on nous impose. La responsabilité signifie des sacrifices à consentir. Les gens pensent que les responsabilités sont seulement des honneurs, des rouages du pouvoir. Ce n’est pas vrai. Tout le monde ne peut pas assumer des responsabilités. Depuis 2002, on aurait plutôt stoppé cette plaie mais on a laissé aller. Toutes ces personnes qui sont venues dans le parti avec d’autres visions, ont contribué davantage au désordre. Mais ceux qui avaient le souci du parti, qui connaissaient le parti, qui croyaient en son projet et en ses valeurs, ont cherché à préserver le noyau du parti».

Corriger les erreurs du passé et regarder vers l’avenir avec confiance, c’est de cela qu’il s’agit selon Dioncounda Traoré. « Je n’ai jamais entendu quelqu’un dire qu’il n’est pas d’accord avec les valeurs qui ont contribué à la création du parti. Le parti reste avec ses mêmes valeurs et son même projet. Il faut  corriger les erreurs pour adapter le parti à certaines réalités et à la lumière que nous avons eu à faire de la question du pouvoir ». La partie ne semble pas être facile, et Dioncounda en est conscient. « La bataille se trouve au niveau de ceux qui, en réalité, veulent dénaturer le parti et ceux qui ont cru aux valeurs du parti. Il faut qu’on se dise la vérité. Nous ne sommes pas tous des militants du parti à égalité. Il y a des gens qui aiment le parti et d’autres qui ne l’aiment pas » fustige-t-il tout en appelant à la mobilisation pour la cause du parti. « Mobilisons nous pour notre parti et pour  les valeurs qui nous ont réuni. Mobilisons nous pour ce pays. C’est la seule chose qui vaille…Il faut qu’une autre plante germe dans ce parti ».

En même temps, Dioncounda pense qu’il faut savoir faire place aux jeunes. Les anciens doivent aider les jeunes à assurer la relève. Et cela passe par la formation des jeunes cadres du parti. « Il faut former les militants. Il faut que les anciens cadres se mobilisent pour assurer cette mission ? Que les jeunes acceptent de se former. Qu’ils sachent que personne ne naît avec la maturité politique…. Si nous ne formons nos militants, la plaie va gangrener tout le corps et nous allons disparaître ».

L’Adema arrivera-t-il à dominer ses propos démons ? Dioncounda voudrait le croire. Il appartient également à chaque cadre du parti, de faire l’examen de sa conscience et de voire comment apporter sa touche personnelle pour la consolidation de la ruche.

LA REDACTION

SOURCE : Le Pouce

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