Les griots, autrefois, étaient non seulement des personnages de palais, invités du roi comme conseiller des rois, mais aussi stabilisateurs des différends dans les sociétés. Le griot est un savant, détenteur de la parole, et qui se sert d’elle pour réparer les dissensions.
De Soundjata Kéita à Manding Bory, en passant par les grands résistants de l’Empire du Mali, le griot avait un rôle particulier. Incité au combat de défense territoriale et raconté par la suite les exploits, chanté la vaillance au rythme des sons de n’goni.
Les griots appelaient en un mot, à se sacrifier sur les champs de bataille, quel que soit le prix, car la mort auparavant était mieux que la honte et le désespoir. C’était le combat de l’honneur.
Le griot remédiait aux altercations qui existent entre les couples, entre les villages, entre royaumes ou pays, etc. Avec sa qualité d’orateurs, il intervient pour verser de l’eau sur le feu dansant dans les cœurs. Un éventuel intérêt n’était visé pour ces cas, il intercédait comme bon le semble, comme un être normal, un être pacificateur. Niamakala soit-il, fait des démarches auprès des parents pour unir bien évidemment deux personnes en mariage. Toute chose qui ne nécessitait aucun paiement en retour, car conscient du rôle ou de la place qui est le sien dans la société, il faisait tout pour ériger l’union et l’entente dans les esprits. Ces tâches autrefois appartenant à ce personnage et qui avaient une importance colossale dans les sociétés, ne sont plus faites comme il se doit.
Aujourd’hui, la force de l’argent qui érige un empire sur cette tradition, cette coutume, dont on a tant apprécié de génération en génération. À travers les histoires, on nous a raconté bien de choses qui incarnent en effet un bon griot, qui joue tellement bien son rôle qu’on était fier d’eux.
De nos jours, l’argent est certes indispensable, mais le grand souci des uns et des autres en ce moment, devrait être la survie de cette tradition ô combien important pour notre culture.
Cet outil sine qua non devient de plus en plus un appareil destructeur des valeurs culturelles et traditionnelles de notre pays. Aujourd’hui, tout le monde est griot. Or, dans notre pays, il y a des noms propres aux griots. Sont griots, les Kouyaté, Diabaté, Danté, Dramé, etc.
De nos jours, pour gagner son pain ou pour de l’argent, certains sont même capables de jouer ce rôle qui ne leur revient pas de droit. Car, nous trouvons partout des personnages griots de tous genres. Même un Kéita griot, pour ne citer que cela. Celui-là qui était censé appartenir à la classe royale, celle de Soundjata Kéïta n’accorderait aucune valeur à cette tradition. Qui est griot, qui ne l’est pas ? L’on se demande toujours.
Moriba DIAWARA
Source: LE COMBAT