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Le ‘’grin’’ des jeunes : Du cadre de rencontre à celui de la déperdition

Le ‘’grin’’ dans notre pays est un lieu d’échange, de distraction, de rencontre, un endroit où les jeunes de même génération au même titre que des adultes, se réunissent soit devant une concession, soit au bord du goudron en plein air et généralement autour du thé. Comme on le dit dans le langage courant « les oiseaux de même espèce volent ensemble ».

jeune diplômé chomeur sans emploi preparation the grin

L’origine du grin dans notre pays, selon bon nombre de personnes  est lointaine, tant il fait partie de la vie quotidienne des populations du nord au sud, d’autres pensent que le ‘’grin’’ tire ses origines dans les associations traditionnelles de jeunes,  surtout les garçons qui ont à peu-près le même âge et qui ont subi ensemble les même épreuves d’initiation.

En effet, la circoncision d’autrefois  regroupait  des jeunes gens et  à travers ce regroupement ils prennent l’habitude de se retrouver et discuter de leurs problèmes, sous la responsabilité d’un chef de groupe appelé « Samè ».  A cette époque, les enfants de même âge, étaient circoncis en même temps. On leur apprenait « les domos » (les choses initiatiques) à Ségou, c’est-à-dire des rites et traditions. Mais avec  l’évolution du monde et l’exode rural  vers la capitale Bamako, le grin a pris un autre sens.

Le grin est  d’abord un lieu de retrouvailles entre jeunes de même âge ou des âges différentes, on y pratique diverses activités pour passer du temps, notamment les jeux de cartes, jeux de vidéo… Mais toujours sur fond de discussion sur les faits de l’actualité et de tout. C’est  un cadre où nos valeurs sociétales ne sont pas principalement prises en compte.

Mais de nos jours, cela n’est plus le cas, car ils sont constitués de nos jours  entre les garçons et les filles. Et les échanges ne sont pas aussi fructueux qu’auparavant. Ces échanges sont typiquement, basés sur des débats stériles, des futilités, le sexe, mais rarement des sujets sérieux y sont abordés.

Le grin qui était un lieu éducatif, de solidarité, de cohésion est devenu aujourd’hui autre chose. Il n’y a plus cet esprit de solidarité où les jeunes s’entre- aident mutuellement. « Au grin c’est chacun pour soi, Dieu pour tous. Etre membre d’un grin ne suffit plus, il faut faire partir d’un clan. Sinon, dès que tu tournes le dos, on ne  fera que parler de toi » souligne Madou Diarra membre d’un grin de la place.

« Au grin les débats ne sont plus ordonnés et sont déclinés le plus souvent sur des sujets qui touchent à l’amour. Les histoires de copines et de copains… Les membres de certains  grin ne s’expriment jamais sur les sujets d’actualités car ils s’y intéressent peu.  Pis certains membres font des choses inimaginable avec leurs copines, sous les yeux de tous, il n’y a aucun respect dans nos grins, chacun est son propre chef  » regrette  Boubacar Maiga, membre d’un grin à Magnambougou.

Selon Amadoune Cissé « Le phénomène est en quelque sorte en train d’encourager le chômage des jeunes, car Il y a beaucoup de jeunes diplômés qui passent tout leur temps à boire du thé au grin en disant qu’il n’y a pas de travail ».

En somme, c’est un phénomène qui interpelle tout le monde, toutes les couches de notre société.  Malheureusement, on assiste à la déperdition de nos mœurs et coutumes qui faisaient la fierté et la grandeur de notre pays avec les mauvaises habitudes que nos jeunes on adopté dans les nouvelles formes du ‘’grin’’. La conservation de ces valeurs inestimables incombe à tous les citoyens, donc il faut un sursaut collectif pour que l’idéal reste intact et soit préservé.

Fily Sissoko

 

 

SOURCE: Tjikan  du   14 nov 2014.
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