Le gouvernement Choguel a profité de son entrée dans le deuxième semestre pour faire une autocritique très complaisante de son bilan.
C’était mardi dernier à la faveur d’un conseil de cabinet sous l’égide du chef du gouvernement en présence de l’ensemble des membres. Loin des regards indiscrets, le gouvernement a relevé un taux de réalisation de plus de 87% des actions programmées dans son PAG. C’est ce qui ressort, en tout cas, du rapport de suivi-évaluation des activités du 2è trimestre (septembre, octobre et novembre 2021) du PAG, seul dossier ayant eu droit au chapitre au conseil de cabinet.
Qu’en est-il de la réalité au-delà des chiffres avancés ?
Sur le premier axe consacré au renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire, les Maliens se réjouissent d’une relative montée en puissance des FAMa sur le terrain, de la libération de plusieurs zones naguère contrôlées par les djihadistes ainsi que de la neutralisation de bon nombre de terroristes. Sur d’autres chantiers, par contre, notamment des réformes politiques et institutionnelles ainsi que l’organisation des élections générales, force est de constater que le gouvernement Choguel n’a bougé d’un iota.
Tenez-vous bien. Sur l’organisation des élections, par exemple, l’organe unique de gestion des élections, annoncé aux Maliens comme solution aux contentieux post-électoraux, est loin d’être effectif. Cet axe comprend également la nouvelle charte des partis politiques non encore disponible, la nouvelle loi électorale encore en souffrance au CNT de même que la loi organique régissant la répartition des sièges des députés n’a pas été adoptée. Idem pour le fichier électoral ainsi que son nouveau système d’établissement et de contrôle, qui se trouvent dans une impasse similaire n’ont pas encore ainsi que la mise à disposition de la carte d’électeur biométrique.
Alors que les objectifs du PAG devraient être atteints au plus tard le 27 février, conformément au plan d’actions voté par le CNT, aucune autre avancée n’a été engrangée dans le cadre des réformes politiques et institutionnelles – en dehors de la tenue des assises Nationales de la Refondation. La relecture et l’application intelligente de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, qui faisait partie des doléances personnelles de Choguel avant son avènement à la Primature, est au point mort. Elle risque même de reculer à mille lieues des attentes au regard du fossé qui se creuse de jour en jour entre Bamako et les groupes armés sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Or, de cette nouvel engrenage sont tributaires des enjeux substantiels de cet Accord comme la réorganisation territoriale, le chantier du découpage territorial ainsi que de la révision constitutionnelle qui n’ont guère pas bougé sous le magistère de Choguel. Ils tiennent, pour ce faire, d’une réalité moins théorique que les lauriers qu’on se tresse soi-même.
Sur le plan de la bonne gouvernance et de la lutte contre la délinquance financière, si des institutions, services et même des programmes, comme l’Assemblée Nationale, la Haute Cour de Justice, l’Agefau, l’Amrtp, le fonds Covid et la loi de programmation pour sécurité intérieur, ont été auditionnés jusqu’ici aucun coupable n’a été traduit devant la justice. Pire au même moment, on assiste à la plus scandaleuse attribution des logements sociaux.
Amidou Keita
Source : Le Témoin