Le Ghana avait interdit les exportations de noix de cajou brutes, pour privilégier la transformation locale de l’anacarde, mais le gouvernement d’Accra vient de renoncer à cet embargo.
Pour relancer la transformation de l’anacarde au Ghana, les autorités d’Accra avaient pris les grands moyens, vendredi dernier (18 mars) : interdiction de toute exportation de noix de cajou non transformée. Tollé des exportateurs au Ghana ! La noix de cajou qu’ils avaient entreposée menaçait de pourrir, le ministre du Commerce et de l’Industrie a reconnu que l’interdiction intervenait un peu tard, alors que la campagne est lancée. Le gouvernement ghanéen a donc renoncé à son embargo.
Le Ghana n’est que le dixième producteur mondial d’anacarde, avec 68 000 tonnes de noix brutes. Mais il avait jusqu’à l’an dernier autant de capacités de décorticage que la Côte d’Ivoire, le champion mondial, qui produit dix fois plus. Le Ghana cherche depuis les années 90 à valoriser l’anacarde sur le territoire, plutôt que d’envoyer la noix brute au décorticage en Inde, au Vietnam ou au Brésil.Problème : aujourd’hui, le Ghana ne remplit plus du tout ses usines, les trois quarts ont fermé l’an dernier. Le prix international de la noix de cajou brute n’a cessé de grimper, l’Inde manquant de plus en plus de matière première, il est donc plus intéressant pour les producteurs ghanéens de vendre aux exportateurs qu’aux usines ghanéennes, dont les marges ne permettent pas les mêmes largesses.
Le Ghana avait aussi coutume de transformer des noix brutes en provenance de Côte d’Ivoire, particulièrement pendant les années de conflit, qui favorisaient la contrebande, mais les autorités ivoiriennes ont interdit tout commerce terrestre de leur noix de cajou, pour faire tourner leurs propres usines. Il reste bien quelques tonnages du Burkina Faso et du Mali, leur noix de cajou doit à un moment ou un autre rejoindre un port ivoirien ou ghanéen.
C’est à la fois sur ces quantités et sur une production ghanéenne contrainte pendant quelques semaines de rester dans les frontières du Ghana que les autorités d’Accra comptaient pour relancer les dernières usines du pays. Mais l’attrait des producteurs d’anacarde pour le marché mondial l’a emporté.
Source : RFI