N’allons pas chercher loin la réponse à cette question. En effet, attendu comme un messie pouvant sauver le Mali en appliquant la bonne et transparente gouvernance, le peuple s’attendait à un IBK dans sa peau de Premier Ministre de 1994 à 2000. Ajoutés à cela ses slogans de campagne de 2013, où il disait partout : « L’honneur et le bonheur des maliens, le Mali d’abord, la dignité du malien restaurée », ont fini de convaincre les maliennes et les maliens, comme quoi, il est l’homme de la situation, surtout lorsqu’il a promis au peuple malien de libérer Kidal du joug des groupes armés, cela a fait que le peuple ne jurait que par lui à la veille du scrutin de juillet et d’août 2013. Lors de ses vœux de nouvel an le 31 décembre 2013, il a proclamé l’année 2014, comme celle de la lutte contre la corruption.
Paradoxalement, c’est cette même année que des surfacturations ont été constatées dans les marchés d’achat de l’avion présidentiel et les équipements militaires. Dans ces opérations le Ministre SoumeylouBoubèyeMaïga a confirmé comme quoi le Président IBK a été largement informé à toutes les étapes des différentes opérations et il a donné son accord. Après vérification des dites opérations par le Bureau Vérificateur Général, il s’est trouvé que la surfacturation est réelle et a atteint la somme de 36 milliards de F CFA. L’histoire de l’engrais frelaté utilisée par les paysans et fournie au préalable par la chambre d’agriculture du Mali, alors qu’elle a été bien informée au préalable de la mauvaise qualité a fini par convaincre le peuple pour désigner ‘’le chef de village’’ comme étant ‘’lecrocodile de Sasila’’, un sorcier qui se transforme en Caïman pour faire couler les pirogues transportant les nouvelles mariées, ensuite les déchiqueter. De là le peuple a conclu qu’il est un loup pour les maigres ressources de la République. Ses déclarations de bien n’ont jamais été publiées avec la complicité de la Cour Suprême du Mali, dont le président est accusé être le cadre le plus corrompu du Mali.
Hélas ! Force est de constater que cette pratique de déclaration de biens, visant à conforter la gestion transparente des biens publics et à renforcer la confiance des citoyens dans la première institution du pays a été abandonnée sous IBK. alors que sa motivation est de faire en sorte que le Président de la République ne puisse s’enrichir sur le dos du peuple année après année. IBK a été vu là où le peuple ne l’attendait c’est-à-dire l’épicentre d’un groupe de mafia de grands délinquants financiers. Sous le régime d’IBK, le vérificateur a révélé dans son rapport de 2015 soit deux ans après son investiture un manque à gagner de plus de 180 milliards F CFA, malgré la présence au niveau de chaque ministère d’une cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration (CASCA) le contrôle général d’État, le Bureau du Vérificateur Général, l’Office Central de Répression de l’Enrichissement Illicite (OCREI).Face donc à l’inaction d’IBK, premier magistrat de la République, la corruption est allée de plus belle dans les rouages de l’État. Voyant que la nomenklatura malienne s’enrichit désormais sans peur, les fonctionnaires ont compris que les bonnes mœurs de la gestion ne sont pas à l’ordre du jour sous IBK et par conséquent, qu’il faille monter les enchères des revendications salariales pour ne pas sortir bredouille de ces deux mandats d’IBK. C’est de là que le front social s’est mis en ébullition de toute part, dans l’enseignement à tous les niveaux, les hôpitaux, les universités, la justice, les directions administratives et financières, l’union nationale des travailleurs du Mali, les administrateurs civils, les travailleurs des collectivités, ceux du ministère des Affaires étrangères, etc.
C’est vrai qu’en cinq ans, les salaires des travailleurs ont augmenté de 50%, et il y a eu une réduction de 10% de l’impôt sur le traitement des salaires (IFS). Pendant la même période, il y a eu l’harmonisation des âges de départ à la retraite, il faut noter que ces résultats ont été obtenus à la suite de dures négociations et de multiples grèves menées par les responsables syndicaux, qui n’ont jamais trahi leurs corporations respectives.Heureusement qu’un accord a été obtenu au niveau de l’éducation, l’année allait être déclarée, année blanche. N’a-t-on pas l’habitude de dire que les pintades regardent toujours dans la direction de celle qui les conduit ?
C’est exactement, la même chose dans le régime d’IBK dans le domaine de la corruption. Lorsqu’un dirigeant n’est pas transparent dans sa gestion, il arrive un moment où tous les fonds publics se retrouvent en dehors du pays. Cette pratique ne fait qu’affaiblir le régime et augmente la dette intérieure du pays c’est-à-dire que le rythme de paiement au profit des opérateurs économiques de l’intérieur dévient très lent et le délai de paiement s’allonge indéfiniment. Cela provoque une crise financière aux conséquences difficiles à maîtriser sur le plan économique et social. Voici donc ce qui arrive au Mali, neuf mois après l’entame du 2ème mandat d’IBK. La corruption d’état à grande échelle a fait tomber, pas mal de régimes en Afrique, car créant des situations économiques et sociales difficiles à gérer. La gestion d’IBK a-t-elle emprunté ce chemin depuis son arrivée à la tête de l’État ? Nous ne saurons démentir cela, car les preuves nombreuses existent par rapport à sa gestion dans tous les domaines. Tout récemment, il y a eu un scandale autour du marché de construction de la centrale électrique de Sirakoro où la Direction Générale des Marchés Publics a décelé au même titre que la Banque Islamique pour le Développement (BID) une différence de 11 milliards F CFA par rapport à la moins disante. Qui va empêcher cette manne d’argent lorsque le marché sera attribué à leur préférence ? C’est la raison pour laquelle, ce marché n’a pas été encore attribué. Comme le disait le Cherif de Nioro dans sa prêche du vendredi 10 mai : « IBK a trahi le pays tout entier pour ses propres intérêts ». Nous sommes donc convaincus que la corruption reste ‘’la première industrie du Mali’’ selon les instances juridiques maliennes.
Siramakan KEITA
Source: Le Carréfour