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Le franc CFA est mort, vive le cauri !

Le 1er janvier 2022 devrait naître la nouvelle monnaie régionale de l’Afrique de l’Ouest, le cauri.

monnaie traditionnelle cauri coquillage fetiche

Enfin ! Ce petit coquillage venu de l’océan Indien et qui a servi pendant un millénaire de monnaie dans toute l’Afrique a donné son nom au nouvel instrument monétaire qui se substitue dès à présent au franc CFA dans les États de l’Uemoa. Il était trop tôt pour y associer le naira nigérian et le cedi ghanéen. Il était impossible d’y joindre le franc CFA, qui a cours dans la Cemac en raison de la faible intégration économique de cette zone et de la médiocre gestion de sa banque centrale, la Beac.

Les premiers billets libellés en cauris ont été imprimés à Bangalore, en Inde, et non plus à Chamalières, en France. C’est beaucoup moins cher. À titre transitoire, les réserves des huit pays membres de la zone cauri continueront d’être placées pour 10 % auprès du Trésor français, qui maintiendra sa garantie de change illimitée en contrepartie, afin d’éviter que les marchés ne paniquent et ne provoquent un effondrement du naira nouveau-né.

Facilités d’adaptation

Il va être beaucoup plus facile d’adapter la valeur du cauri que le franc CFA à la chute des cours des matières premières. Le coton malien et le riz sénégalais vont devenir plus compétitifs que leurs concurrents brésiliens et vietnamiens. Par conséquent, les produits de base africains se vendront mieux, et les importations de leurs substituts étrangers seront moins attractives.

Les budgets et les réserves en devises de la zone cauri s’en trouveront améliorés, et l’on peut espérer que cela se traduira par de nouvelles créations d’emplois dans toute l’Uemoa. Autre avantage, comme la Mauritanie, monétairement souveraine, qui laisse filer le cours de sa monnaie, l’Afrique de l’Ouest pourra se dispenser de réduire les salaires de ses fonctionnaires pour rétablir ses comptes publics et sa compétitivité mise à mal par la chute des cours des matières premières.

Risques possibles

Reste tout de même à prévenir les trois risques qu’implique l’indépendance monétaire :

– L’endettement en régime de change flexible. Une dépréciation accélérée du cauri peut rendre insupportable le remboursement de la dette contractée par un ou plusieurs pays membres. Comment éviter un effet boule de neige catastrophique ? ;

 Le chacun pour soi. Avec le retour de la plus grande partie des réserves de la zone cauri à Abidjan au siège de la BCEAO, certains pays pourraient être tentés de mettre fin à leur mutualisation. En zone euro, on a vu que l’Allemagne se lassait de se porter au secours de la Grèce. Comment éviter que la Côte d’Ivoire refuse de rester solidaire du Niger ? ;

– La défiance des marchés. Le franc malien avait capoté dès sa naissance en 1962 parce que les habitants, et notamment les commerçants, n’avaient aucune confiance en lui et conservaient le franc CFA pour pouvoir négocier avec leurs voisins. Comment persuader les investisseurs étrangers que le cauri ne menacera en rien leurs affaires et qu’ils n’auront aucune difficulté à l’acheter et à le vendre ?

Il faudra aussi se souvenir qu’une monnaie indépendante est un outil parmi d’autres dans le pilotage d’une économie. Et non la baguette magique qui accélère le développement. Celui-ci est affaire de paix, de bonne gouvernance et requiert un bon climat pour les entreprises privées. Ne surjouons pas le cauri.

 

Source: jeuneafrique

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