Notaire de profession et député URD élu à Diré aux dernières législatives, Alkaïdi Mamoudou Touré ne mâche pas ses mots. Dans cet entretien qu’il nous a accordé mardi dernier, il estime que les rapports entre l’opposition et la majorité parlementaire ne sont pas au beau fixe. A propos du retard dans l’entame des activités de la Haute Cour de justice, dont il est membre titulaire, l’honorable Alkaïdi Mamoudou Touré parle » d’un manque de volonté politique » des autorités.
A la question de savoir l’appréciation qu’il fait des rapports entre les députés de la majorité et ceux de l’opposition durant la session parlementaire qui vient de s’achever, M. Touré dira que la collaboration est plutôt difficile lors des débats parlementaires. » La majorité considère l’opposition comme étant son ennemi et comme étant l’ennemi du peuple d’autre part, simplement à cause des interventions de ses députés « . Selon l’élu de Diré, la majorité aussi bien que l’opposition sont des mandants du peuple ; ils sont là pour l’intérêt de ce peuple.
L’honorable Touré dénonce, par ailleurs, le comportement des élus de la majorité qui, selon lui, doivent contrôler l’action du gouvernement et en aucun moment, le gouvernement ne doit se sentir sur un terrain conquis. Toutefois, il s’indigne devant le fait qu’eux (députés de l’opposition) assistent impuissants à des louanges faites par certains députés de la majorité au sein de la Maison du peuple. Toute chose qui ne contribue pas à renforcer notre démocratie, car selon lui, dès lors qu’un député chante les louanges d’un ministre, c’est pour arriver à des intérêts personnels et non pour servir le peuple.
» L’Assemblée s’est transformée en une chambre d’enregistrement, contrairement à ce que souhaitait le président de cette institution au début de la législature « , s’est indigné le député Alkaïdi Mamoudou Toure, avant de révéler que sur beaucoup d’autres questions, les députés de la majorité n’ont pas été guidés par leur intime conviction, encore moins par l’intérêt du peuple. Car, à l’en croire, sur beaucoup de procédures, bien que l’opposition eut eu, dans la plupart des cas, raison, des discussions houleuses et discourtoises ont amené les députés de l’opposition ou à abandonner la salle ou à refuser de voter.
Quant à la Haute Cour de Justice (HCJ) qui tarde à démarrer ses activités et dont il est membre, l’honorable Touré dira que c’est un manque de volonté politique. « Il faut que les gens comprennent que la HCJ est une institution de la République, la 6ème en l’occurrence, et prévue par la Constitution. Elle devait être mise en place bien avant aujourd’hui, au même titre que les autres institutions « , a tenu à préciser l’élu de Diré. Il a ajouté, par ailleurs, que ce travail ne relève pas d’un ministère, mais du Premier ministre, parce que c’est une institution indépendante qui ne relève pas d’un ministère. Toutefois, selon l’honorable Touré, le bail des locaux a été signé et l’immeuble est en voie d’être disponible ainsi que les véhicules de fonction des membres de l’institution, selon les informations qui leur ont été communiquées par le président de l’Assemblée.
Quid de la motion de censure qui a suscité beaucoup de critiques? » La motion de censure est prévue par la Constitution et le règlement intérieur de l’AN « , a-t-il déclaré. L’élu de Diré explique avoir lu, avec beaucoup de peine, dans un journal de la place que les membres de l’opposition sont qualifiés d’apatrides pour avoir déposé une motion de censure prévue par la constitution et le règlement intérieur de l’AN. » C’est vraiment dommage dans un pays qui se dit démocratique et gouverné par des gens qui se qualifient des plus démocrates du Mali « , s’est-il indigné, avant de préciser que » les compromis et les compromissions sont finis et nous allons jouer notre rôle d’opposants par l’information vraie au bénéfice des populations, dont nous sommes mandataires en donnant notre position de manière claire et nette et en faisant des propositions sans ambiguïté sur les sujets d’intérêt national « .
Que pense l’honorable Alkaïdi Mamoudou Touré des futures négociations d’Alger sur la crise sécuritaire dans le septentrion malien ? « La question cruciale de Kidal reste toujours un casse-tête« , a-t-il fait remarquer. Selon lui, si les futures négociations (15 juillet) entre le gouvernement et les groupes armés tiennent compte de l’accord préliminaire de Ouaga, le Mali n’a rien à négocier ; dans la mesure où l’essentiel (l’intégrité du territoire, la forme républicaine et la laïcité de l’Etat ainsi que l’unicité sans aucune forme d’autonomie) a été sauvegardé. Il souhaite toutefois que les prochaines négociations soient inclusives et qu’elles prennent en compte l’avis de la majorité des populations et que ce ne soit pas un accord au profit de telle ou telle ethnie, mais un accord dans lequel toutes les ethnies se reconnaissent.
L’honorable Alkaïdi Mamoudou Touré a terminé l’entretien en souhaitant un bon mois de ramadan à toute la Umma islamique. Il a demandé à tous les musulmans de prier pour le Mali afin que le pays ré
Bruno Djito SEGBEDJI