Le Conseil de sécurité des Nations Unies s’est réjoui mercredi des progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix au Mali mais a déploré le retard dans l’application de plusieurs dispositions du texte.
Dans une déclaration de presse publiée mercredi, le Conseil a souligné qu’une paix et une sécurité durables au Sahel ne pourraient être instaurées sans “l’application intégrale, effective et sans exclusive” de l’Accord, ainsi qu’une coopération étroite entre les parties.
Le Conseil “a pris note avec satisfaction” de certains progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali depuis l’investiture du président Ibrahim Boubacar Keïta le 4 septembre 2018. Il reconnaît que les mesures prises au cours des huit derniers mois ont été plus nombreuses que pendant les premières années suivant la signature de l’Accord, qui se sont caractérisées par un rythme de mise en œuvre lent.
Au titre des progrès, les membres du Conseil ont salué la tenue de l’élection présidentielle dans un climat généralement pacifique, avec l’appui des groupes armés signataires ; certains progrès dans le processus de décentralisation, notamment par l’adoption d’un décret fixant les modalités de transfert des services décentralisés de l’Etat aux autorités locales dans leurs domaines de compétence et de nouvelles avancées vers la mise en place des administrations provisoires dans le nord du Mali.
Ils se sont également félicités de l’enregistrement de tous les combattants éligibles au processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et du lancement d’un processus accéléré de DDR pour 1423 combattants, de l’adoption d’un décret fixant les modalités d’intégration dans les forces de défense et de sécurité maliennes (MDSF) reconstituées et réformées ainsi que d’une représentation féminine accrue dans le gouvernement actuel.
Mais le Conseil de sécurité a cependant “vivement regretté” que plusieurs dispositions de l’Accord de paix visées au paragraphe 4 de la résolution 2423 n’aient pas encore été pleinement appliquées ou mises en œuvre, “malgré les appels répétés qu’il a lancés en ce sens ces derniers mois”.
Les dispositions manquantes ou en retard incluent l’adoption, après consultations adéquates, d’une législation portant création d’une police régionale territoriale, l’intégration complète d’au moins 1.000 membres des groupes armés signataires aux MDSF et le début de la réintégration socio-économique des membres non intégrés des groupes armés signataires avec l’appui des partenaires internationaux.
Elles comprennent également l’allocation des ressources humaines, techniques et financières nécessaires aux administrations intérimaires du nord du Mali pour accomplir leur mission, les progrès vers le développement socio-économique du nord du pays, à travers l’adoption de la législation établissant la Zone de développement du nord, et une plus grande participation des femmes aux mécanismes établis par l’Accord pour appuyer et surveiller sa mise en œuvre.
Le Conseil a instamment demandé au gouvernement malien et aux groupes armés de la Plateforme et de la Coordination de continuer à accélérer la mise en œuvre de l’Accord, par “des mesures importantes, significatives et irréversibles à prendre d’urgence”.
Il a souligné la nécessité “d’une appropriation et d’une hiérarchisation accrues dans la mise en œuvre de l’Accord”. Dans cette perspective, il a encouragé l’adoption par les parties maliennes d’une “feuille de route révisée assortie d’un calendrier clair, réaliste et contraignant axé sur un nombre limité de priorités”, notamment l’achèvement d’une réforme constitutionnelle à l’issue d’un processus ouvert et concerté, l’adoption d’un plan global pour le redéploiement effectif des MDSF reconstituées et réformées au Nord-Mali, ainsi que la création de la zone Nord du développement.