Le commerce illicite : contrebande, contrefaçon, trafic d’êtres humains et d’espèces sauvages etc., en plus d’être considéré comme l’une des sources principales d’approvisionnement du terrorisme international, tend à devenir une menace interplanétaire contre l’atteinte des Objectifs de développement durable des Nations unies.
Si au Mali, pays sans débouché sur la mer, il existe moins de chiffres officiels sur l’ampleur de ce danger, les prouesses de la Société nationale de tabac et allumettes du Mali (Sonatam) sont illustratives. Sur la période 2010-213, cette société nationale a, en réduisant la fraude dans ce secteur, apporté 123,666 milliards de Fcfa à l’économie nationale. Son capital est passé de 1,7 milliard de Fcfa à 12,7 milliards de Fcfa en 2016. Ces chiffres illustrent à suffisance le manque à gagner provoqué par ce fléau.
En effet, l’économie mondiale perd plus de 2.000 milliards de dollars par an en raison du commerce illicite qui freine les progrès du programme de développement mondial, selon la Cnuced. Ce qui n’est pas sans conséquence sur l’homme et les efforts fournis par les gouvernements.
«Le commerce illicite met en danger tous les aspects du développement et les 17 Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies. Cela crée une triple menace pour le financement du développement : évincer l’activité économique légitime, priver les gouvernements de revenus pour investir dans les services publics vitaux et augmenter les coûts de réalisation des ODD en érodant les progrès déjà réalisés », a déclaré fin janvier le secrétaire général de la Cnuced, Mukhisa Kituyi.
Sur le plan sanitaire, il ressort qu’entre 72.000 et 169.000 enfants peuvent mourir de pneumonie chaque année après avoir reçu des médicaments illicites inefficaces.
En Afrique, la Côte d’Ivoire a perdu environ 125.000 tonnes de cacao en contrebande au cours de la saison 2017-2018, soit 9% de la récolte. Quand au commerce illégal sud-africain de métaux précieux, il est estimé à 1,3 milliard de dollars (plus de 650 milliards de Fcfa) par an. L’or et le platine, extraits illégalement, coûtent à eux seuls à l’industrie juridique 5% à 10% de sa production annuelle, selon la Chambre des mines d’Afrique du Sud. Aussi, l’exploitation aurifère illégale au Ghana dégrade les forêts, pollue environ 75% des cours d’eau et érode la biodiversité. L’eau contaminée par des métaux lourds a provoqué des cas d’empoisonnement.
Sur le même registre, les produits agroalimentaires faux, de qualité inférieure, passés en contrebande et illégaux coûtent à l’industrie alimentaire mondiale entre 30 et 40 milliards de dollars (plus de 20.000 milliards de Fcfa) par an. Aussi, l’exploitation forestière illégale, d’une valeur annuelle estimée à 157 milliards de dollars, apparaît comme le crime le plus rentable au monde impliquant des ressources naturelles.
Cheick M. TRAORÉ
Source : L’ESSOR