Si on s’était contenté à ne pas inviter le général Sanogo à l’investiture de Ladji Bourama, il n’y aurait pas eu de quoi fouetter un chat serval. Mais il y a pire : dans le plus grand secret, le conseil des ministres de mercredi prochain, le dernier de la Transition, s’apprête à dissoudre le gagne-pain du général, c’est-à-dire le Comité Militaire de Suivi de la Réforme des Forces de Défense et de Sécurité (ouf, quel nom !).
Ce Comité avait été taillé sur mesure pour l’officier qui, en compagnie de ses amis du défunt CNRDRE (junte), y faisait la pluie et le beau temps, avec des indemnités dépassant celles des ministres. En réalité, le Comité ne sert à rien. Comment peut-il réformer l’armée alors qu’il existe un ministère de la Défense et qu’à Koulikoro, des experts européens forment des contingents maliens sans en référer à Sanogo ? Quelques esprits chagrins laissent aussi entendre qu’un ancien putschiste n’est pas le mieux placé pour réformer une armée républicaine.
En outre, le Comité est une émanation du régime de Transition: il pourrait ne pas cadrer avec les objectifs du nouveau président. Enfin, le Comité maintient Sanogo au-devant de la scène et le transforme en interlocuteur obligé du futur gouvernement, alors que ce gouvernement veut venir, les mains libres, aux affaires. C’est pour toutes ces raisons que Dioncounda et Django ont décidé de dissoudre le Comité. On nous confie en haut lieu: « La promotion de Sanogo au grade de général va de pair avec son retrait de la scène publique et sa mise à la retraite. L’homme ne peut plus servir dans dans l’armée compte tenu de ses états de service passés. S’il accepte le schéma, ce sera bien; sinon, il deviendra un élément gênant pour la République! ». A bon entendeur…
Seconde cérémonie après le 4 septembre ?
Ladji Bourama sera investi le 4 septembre 2013. Mais cette date, arrêtée par la Cour constitutionnelle, ne colle pas avec l’agenda du président français qui tenait à participer à l’investiture et qui avait suggéré la date du 19 septembre. Les organisateurs ont donc décidé une solution médiane: Ladji sera investi le 4 septembre par la Cour suprême mais le 19 suivant, une cérémonie plus grandiose sera organisée à l’intention du président français et d’autres hôtes qui n’auront pas pu venir à Bamako le 4 septembre.
IBK résidera chez lui mais installera ses bureaux à l’actuelle primature
Le nouveau président de la République du Mali, qui sera officiellement investi le 4 septembre 2013 au centre international de conférences de Bamako, ne pourra pas s’installer au palais de Koulouba avant neuf mois. « La réhabilitation du palais va prendre au moins 9 mois, toute chose qui ne permettra pas au nouveau président malien Ibrahim Boubacar Kéita d’occuper les locaux aussitôt son investiture, le 4 septembre prochain. Le président va donc rester dans sa résidence privée et installera ses bureaux dans les locaux du secrétariat général de la présidence à Koulouba, en attendant la fin des travaux de rénovation de l’ édifice”, a souligné une source à nos confrères de l’Agence Xinxhua. Cµette situation risque, selon les observateurs, de causer des désagréments au niveau de la circulation entre la résidence de Sébénicoro, en commune IV de Bamako, et le palais de Koulouba. « La circulation sera perturbée chaque jour pour permettre le passage du cortège du président aux heures de début et la fin de travail », s’inquiète-t-on.
Ce que l’Agence Xinxhua ne sait pas, c’est que pour alléger ces désagréments, mais aussi pour des motifs de commodités, les bureaux d’IBK seront finalement installés, non à Koulouba, mais dans les locaux de l’actuelle primature, à la Cité administrative. Du coup, le futur Premier Ministre va devoir se trouver un bureau ailleurs.
Il faut noter que le palais de Koulouba a été sérieusement endommagé et pillé de tous ses biens meubles lors du coup d’état intervenu le 22 mars 2012 par la junte conduite par le capitaine Sanogo, nouvellement promu au grade de général de corps d’ armée.
Dioncounda prépare sa résidence de retraite
Bien avant son agression par des manifestants, le président de la Transition, Dioncounda Traoré, travaillait à Koulouba tout en passant ses nuits à l’ex-base aérienne, dans la résidence habituellement réservée aux premiers ministres. Il semble que l’endroit lui ait bien plus au point qu’il veuille en faire sa résidence de retraite. Comme Alpha Oumar Konaré s’en est fait bâtir une à Souleymanebougou, route de Koulikoro.
Ainsi donc, le conseil des ministres du 21 août 2013 a décidé d’affecter au ministère du logement le titre foncier n° 306 CIII de l’ex-base antérieurement affecté au ministère de la défense. De ce titre-mère seront distraits les titres fonciers n° 543 CIII (1 ha 81a 63 ca) et n° 544 CIII (81 a 86 ca): les deux titres ainsi distraits serviront de résidence aux anciens présidents de la République. A noter que l’un d’eux était en train d’être mis en valeur par ATT avant sa chute: il pensait y couler une douce retraite mais le sort en a décidé autrement.
Tiékorobani