L’officier supérieur de la gendarmerie, le colonel Hama Maïga, et l’inspecteur général de police, Anatole Sangaré, tous deux à la retraite, invités à débattre sur ‘’la problématique de la sécurité en période de crise’’ lors d’une conférence débats, initiée par l’Association Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA), ont fait un diagnostic sans complaisance de la situation sécuritaire que le Mali traverse.
Placé sous la modération de l’ancien ambassadeur, Makan Moussa Camara, l’événement était présidé par Mme Sy Kadiatou Sow présidente de l’Association ADEMA.
En vue de contribuer à la lutte contre l’insécurité qui règne dans la capitale, Bamako et un peu partout à travers le pays, l’ADEMA association a organisé, le samedi 25 janvier à la Pyramide du souvenir une conférence débat, autour du thème ‘’Problématique de la sécurité en période de crise’’. Les deux conférenciers conviés pour l’occasion, à savoir, l’inspecteur Général de Police Anatole Sangaré et le colonel Hama Maïga, tous deux officiers supérieurs à la retraite, après avoir brossé l’historique des forces de sécurité ont fait de pertinentes analyses sur les origines de la crise sécuritaire actuelle que le Mali traverse. Pour mettre fin à cette crise sécuritaire, « Il faut une véritable volonté politique » analyse l’inspecteur Général de police, Anatole Sangaré. Selon lui, pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, il faut une ressource humaine de qualité, engagée pour la défense de l’intérêt général et la dotation adéquate des forces de sécurité d’équipements adéquats. « Il faut que les éléments de sécurité respectent leur serment vis-à-vis du peuple » dit-il. Avant de préciser que malgré toutes ces difficultés qu’elle connaît, la police malienne a fait des progrès depuis sa création en 1925.
Quant au second conférencier, le colonel Hama Maïga, il renchérira dans le même sens tout en ajoutant que les critères de recrutement doivent être fondamentalement revus. « Le fils du gendarme devient gendarme, celui du policier devient policier, celui du garde devient garde etc. Ces pratiques doivent cesser » dit-il. Car ajoute-t-il, « celui qui est mal recruté (sur la base de la corruption ‘’ndlr’’) sera aussi probablement mal formé ».
A l’en croire, les centres de formation des éléments des forces de sécurité sont devenus des réceptacles de bandits. « Nos éléments de sécurité n’ont plus de terrain d’entraînement, ni de champs de tir » s’est-il indigné. S’agissant de la police, selon lui, elle est devenue «une police politique».
Et pour pallier ce problème, l’idéal selon lui, serait de délocaliser les centres de formation des forces de sécurité et de mettre à leur disposition des terrains d’entraînement dignes de la formation dispensée. Car selon lui, ce n’est pas normal que les forces de sécurité soient concentrées à Bamako. « Il faut faire en sorte que les forces de sécurité s’adaptent aux conditions extrêmes du terrain, notamment, celles des régions du nord qui nous coupent le sommeil » dit-il. Mais selon le Colonel Hama Maïga, pour être plus efficace la garde et la gendarmerie doivent être fusionnée pour en faire une seule force.
Par ailleurs, les deux conférenciers ont aussi mis l’accent sur le système de renseignement qui selon eux ne peut être efficace que lorsqu’il y a une franche collaboration entre les agents de sécurité et les populations.
La présidente de l’Association ADEMA, Mme Sy Kadiatou Sow précisera quant à elle, qu’à travers cette conférence son association entend, contribuer à la réflexion sur les questions d’intérêt national.
L’assistance composée, entre autres, de leaders politiques, de diplomates, de responsables syndicaux et d’associations ont eu droit à des séries de questions auxquelles les deux conférenciers ont répondu.
L’événement a été marqué par la présence de l’honorable Karim Keïta, président de la commission Défense et Sécurité de l’Assemblée Nationale, et le ministre de la Promotion des investissements, Mamadou Gaoussou Diarra.
Lassina NIANGALY
Source: Tjikan