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Le collectif des jeunes, originaires de la région de Mopti dénonce l’immobilisme de l’état, face à la recrudescence de l’insécurité dans le centre du pays

Le Collectif des Associations de Jeunes, originaires de la région de Mopti a organisé, vendredi dernier, une marche, de la Bourse du Travail au Monument de l’Indépendance. Les marcheurs avaient  des banderoles et des pancartes sur lesquels on pouvait lire : « Vive le Mali, vive la paix, non  à la haine, halte à l’amalgame, une vie est une vie, sécurisez les civils, Halte au massacre,  Dogon égale Peul ! »

Arrivé au Monument de l’Indépendance, le Collectif des Associations de Jeunes de la région de Mopti, a lu son manifeste. Il a dénoncé les massacres de Sobane Da et toutes les attaques perpétrées contre des civils innocents de la région de Mopti. Il a déclaré «  la région de Mopti vit des moments difficiles du fait de la spirale de violences, d’une insécurité sans précédent, du cycle des assassinats ciblés, des massacres en grand nombre, des dégâts matériels importants et des enlèvements de bétails. »La région de Mopti, selon le collectif, est la zone la plus affectée par l’insécurité au Mali. Les conséquences de cette insécurité, a-t-il déclaré, se font sentir dans presque tous les domaines, entre autres, intercommunautaire, politique, économique, socioculturel,  détériorant les principes juridiques, les normes sociales, les valeurs culturelles et contribuant à l’extrême précarité des populations. Le collectif a souligné que la région de Mopti, à travers le pays dogon, qui était la première destination touristique, meurt à petit feu. « Le collectif dénonce l’immobilisme de l’Etat face à la recrudescence de l’insécurité dans la région de Mopti » Il demande à l’Etat d’assurer une présence en puissance de l’armée dans toute la région de Mopti. Le Collectif des Associations de Jeunes de la région de Mopti recommande, aussi, de procéder à l’identification des milices et d’instaurer un dialogue direct aux fins de leur désarmement. Il demande d’instaurer un dialogue sincère et permanent entre les différentes communautés de la région de Mopti. Les jeunes ressortissants de Mopti demandent au gouvernement d’accélérer le processus d’opérationnalisation des régions de San, de Bandiagara et du Gourma, en nommant les gouverneurs dès la semaine prochaine. Ils ont ajouté : « la nomination des gouverneurs de ces régions facilitera la gestion des problèmes aux administrateurs représentants de l’Etat. »
B.D.

REACTIONS DES PARTICIPANTS A LA MARCHE DES ASSOCIATIONS DE JEUNES, ORIGINAIRES DE LA REGION DE MOPTI

Au cours de la marche organisée par le Collectif des Associations de jeunes du centre du pays, vendredi dernier, nous avons tendu notre micro à des participants. Lisez leurs réactions !

 

Adama Diongo, Porte-parole du Collectif des Associations des Jeunes des régions de Mopti

 

Nous organisons cette marche pour dénoncer toutes les tueries,  l’insécurité et toutes  les conséquences de cette crise politico-sécuritaire   dans la région de Mopti. C’est pour cela que nous avons lancé un appel à toutes les associations de jeunes, non seulement de Mopti, mais aussi de tout le Mali, pour qu’on puisse manifester notre expression à l’opinion nationale et internationale. La situation à Mopti est désastreuse aujourd’hui. Tout simplement, parce que depuis plus de trois ans, nous  assistons à des situations d’insécurité qui nous empêchent d’aller dans nos foires et qui détruisent les villages, qui perturbent les campagnes agricoles. Economiquement et socialement, la situation est devenue intenable, c’est pourquoi, nous dénonçons tout cela et nous voulons   porter cela à la connaissance de tout le monde, pour que les autorités puissent prendre leurs responsabilités afin d’arrêter cette situation de façon définitive.

Gonon Dolo, membre du Comité d’organisation

 

Nous sommes là avec le cœur meurtri de tout ce qui se passe en général au Mali et en particulier  dans la   région de Mopti. Il y a eu plusieurs attaques, trop c’est trop ! Ça suffit, arrêtez le massacre !  Peul est égal à Dogon, Dogon est égal à Bozo, Peul est égal à Bozo,  donc nous sommes tous Maliens, c’est ce qui nous a réunis cet après-midi. Nous allons lancer notre message aux autorités pour que les choses qui se passent au Mali s’arrêtent. Les enfants ont pleuré, les mamans  ont pleuré, les hommes ont pleuré, nos larmes ont séché, on ne sait même plus quoi faire. Il faudrait que nos autorités prennent leur responsabilité pour sécuriser la région de Mopti, tout ce qu’on demande, c’est la sécurisation.  Les Peuls n’ont pas le droit de faire l’élevage, les Bozos  n’ont pas le droit de faire la pêche, les Dogons, de pratiquer l’agriculture, ça suffit, trop c’est trop !

Apegnon Dolo, manifestant

 

On a organisé cette marche, parce que nos cœurs saignent. Après les différentes attaques, les différentes tueries, on veut dire  à l’Etat, à la communauté internationale que maintenant, ça suffit, il faut que ça s’arrête. Actuellement à Mopti, il y a des gens qui s’organisent en groupes    armés et ils viennent tuer les paisibles citoyens de la zone. On veut vraiment savoir ce qui se passe, on en a assez !

Moussa Tessougué  Cissé,  président de l’Association « Toho Gina »

 

Les associations des jeunes du pays dogon se sont réunis, car,   il y a eu trop de tueries. Les Bozos sont empêchés de pécher, les Dogons ne peuvent pas faire l’agriculture,  les Peuls ne peuvent faire l’élevage.  On s’est donné la main pour trouver la solution et montrer notre mécontentement. Nous demandons que Dieu ait pitié de ceux qui sont morts et assiste les blessés. Nous ne sommes pas là pour combattre qui que ce soit. Notre souhait est de faire  une action commune et nous demandons la présence de l’armée sur les lieux d’insécurité.

Fanta Diarra, manifestante

 

Depuis 2012, notre pays est en crise. On disait: le Nord, maintenant, c’est le Centre, précisément, la région de Mopti. Nous sommes là pour montrer notre mécontentement face à la situation sécuritaire, nous sommes fatigués. On en a marre, surtout nous, les femmes, on a perdu nos maris. Nous lançons un vibrant appel aux autorités pour que ces massacres prennent fin. Il faut tout faire pour faire taire les armes. Il n’y a pas de massacre entre Peuls et Dogons. Non à l’amalgame ! Non au carnage !

Oumar Ouologuem, président de « l’Association Consciente Pour le Développement du Pays dogon »

 

On a toujours alerté les autorités compétentes  pour la sécurisation, pas seulement de la région de Mopti, mais du Mali tout entier, parce que Mopti fait partie du Mali. C’est dans ce cadre qu’on a invité  tout un chacun à nous épauler pour passer un message fort, de sorte que  la communauté internationale, le pouvoir, sachent que tous les Maliens sont réunis autour de ces tueries. Ça veut dire qu’on  a beau condamné avec de beaux discours, mais concrètement, nous ne voyons pas l’amélioration sur le terrain, c’est-à-dire qu’après tous les efforts qu’on a fournis dans tous les médias, tout ce qu’on nous présente à Bamako, nous ne voyons rien sur le terrain.  C’est comme ça qu’on nous dit que tout le monde se réunit autour de cette question d’insécurité de la région de Mopti. Et puis, beaucoup pensent que  c’est un conflit entre Dogon et Peul, nous disons que Dogons et Peuls, on a toujours cohabité, pendant des années on est ensemble. Il n’y a pas de problème entre Dogons et Peuls. On constate sur le terrain  que ce sont  des mercenaires qui se déguisent en Dogons pour attaquer les Peuls, se déguisent en Peuls pour aller attaquer les Dogons, c’est ce qu’on a constaté sur le terrain. Maintenant, on dit trop, c’est trop, ça suffit ! On nous tuait un à un, deux à deux, maintenant on nous par centaine, plus que par centaine même. Après Ogossagou, Koulogo, Sogonokou…  ça veut dire que la région de Mopti est vraiment dans l’insécurité totale, on est laissé pour compte, parce que, nous, les jeunes ressortissants de Mopti, nous disons que la vie est sacrée. Si le chef de l’Etat ne reconnait pas vraiment que la vie est sacrée, nous, nous disons  que notre vie est sacrée. C’est pour cela que nous avons organisé une marche pacifique et autorisée pour interpeller les autorités compétentes  pour qu’on cherche une solution durable et que  la stabilité et la sécurité règnent sur le pays dogon et la région de Mopti.

Le député Bocari Sagara élu à Badiangara

 

Jai été personnellement voir le Premier ministre, Boubou Cissé,  pour lui dire : voilà ce qui se passe à Badiangara, ce n’est pas un problème Peul-Dogon. C’est pire que ça, mais nous ne comprenons pas, nous avons besoin de la réponse de la population. Si vous regardez, à Badiangara, il y a eu une fausse alerte donnée par le commissaire de la police de   Badiangara, disant que la communauté dogon a demandé à la communauté peule de quitter les lieux, c’est faux et archi-faux. Il a donné des éléments par rapport à ça, en disant que le médecin-chef  a quitté les lieux, que le juge, aussi, à quitté les lieux, c’est faux.  On vient de vérifier, tout le monde est sur place, personne n’a chassé personne. Je demande au gouvernement d’interpeller le policier qui a donné la  fausse alerte.  C’est de l’amalgame qu’il a semé dans la zone de Badiangara. Les réponses que nous proposons, c’est de dialoguer entre nous. Dogons et Peuls, nous sommes de même père, de même mère. Pourquoi nous ne pouvons pas dialoguer, pourquoi l’Etat ne met-il pas une commission en place pour dialoguer avec ces populations  pour demander : qu’est-ce qui ne va pas ? Je pense que c’est le gouvernement qui n’est pas en train de prendre ses responsabilités, parce que le gouvernement est fautif  et c’est  l’absence totale du gouvernement qu’on constate. Dans les 21 communes de Badiangara, on ne voit pas l’emblème de l’Etat, les officines ne fonctionnent pas, il n’y a plus d’écoles dans beaucoup d’endroits. Nous sommes fatigués, en un mot, c’est avec le coeur qu’on est en train de parler. Ce que je demande au gouvernement du Mali, c’est  de prendre toutes ses responsabilités, au moins, d’amener des forces spéciales qui pourront sécuriser notre région, la région de Mopti. On est fatigué, on est  innocent, le problème a commencé à Gao, à Kidal. Le président de la République est  parti au pays dogon pour présenter les condoléances, mais il a demandé  de désarmer les gens, mais le problème n’est pas là, à mon avis, ce n’est pas le désarmement d’abord.  Même s’il faut désarmer, il faut commencer par  Kidal, aujourd’hui que des gens innocents sont en train d’être tués, tu leur demandes de désarmer. On n’est pas d’accord, ce qu’on demande au président de la République, c’est de prendre toutes ses responsabilités, au moins, de sécuriser les gens et leurs biens.

Marcelin Guengueré, porte-parole de « DAN NA AMBASSAGOU »

 

L’objet de la marche est de dire le ras-le-bol de la population face à cette insécurité grandissante du centre du pays. Depuis un certain temps, nous assistons à des séries de massacres, ce qui n’est pas de notre culture et de nos mœurs. Si le gouvernement ne s’assume pas, on risquerait d’aller vers une guerre civile, une guerre intercommunautaire qui sera difficilement gérable après.  Actuellement, dans la région de Mopti, ça ne va pas,  il y a de l’amalgame, des complots  contre les populations qui ont vécu en harmonie depuis des siècles, mais, qui, malheureusement ont été  instrumentalisées, utilisées par des terroristes qui sont venus d’ailleurs, qui passent par les locaux, pour   faire leurs exactions. En principe, Il n’y a pas de conflit entre Peuls et Dogons, mais quand les terroristes viennent, ils sont majoritairement des Peuls, ils s’installent dans les hameaux des Peuls pour atteindre les autres populations qui sont aux alentours, c’est pourquoi,  cet amalgame est créé et on dit : voilà, ce sont les Peuls !

Mme Sy Kadiatou Sow, ADEMA-Association

 

Je me suis réjoui de l’organisation de la marche. En même temps, je suis déçue parce que Je m’attendais à ce que ce soit toute la ville de Bamako  qui soit paralysée aujourd’hui, par cette marche, que tous les jeunes maliens se sentent concernés par ce qui se dit ici, par ce qui est en train de se faire dans notre pays et ma déception vient de là, car, j’ai l’impression que beaucoup de Maliens n’ont pas   encore pris conscience que ce n’est pas une affaire entre ethnies, des conflits  intercommunautaires entre Peuls, Dogons, Bambaras, Tamashek, etc. il ne s’agit pas de ça. Il s’agit d’un complot de déstabilisation, de dislocation de notre pays. Si parmi nous, Maliens,  il se trouve qu’il y a des gens qui se prêtent à ce jeu là, parce que, dire que c’est la communauté internationale, c’est des mercenaires qui viennent… c’est pas vrai, ils ne peuvent pas le faire seuls, sans  la complicité de quelques Maliens. Ce qui se passe ailleurs, ça n’arrive pas qu’aujourd’hui, c’est en train de se faire chez nous et  quand on tire la sonnette d’alarme, on nous accuse d’être des oiseaux de mauvaises augures. On peut anticiper, mais on nous accuse d’être des oiseaux de mauvaises augures. Que les gens prennent conscience que la situation est extrêmement grave et si les jeunes ne font pas attention, c’est leur présent et leur avenir qui sont menacés. C’est pour les Maliens d’abord, qu’on arrête de dire, c’est la faute aux autres,   qu’on dise : qu’est-ce que nous sommes en train de faire pour sauver notre pays ? Deuxièmement, les autorités n’ont qu’à s’assumer. Les Maliens sont fatigués des mêmes discours. On a l’impression que c’est un modèle de discours qui est écrit à l’avance, des déclarations pour déplorer… des condoléances pour etc. etc. Aller donner des petits millions par-ci par-là, c’est ça qui va régler le problème ? Aller verser quelques larmes, menacer de faire ceci, de faire cela et trois mois après, il ne se passe rien. On menace des gens, on relève  des gens et puis on continue à mener sa vie, à faire des cérémonies grandioses, à prendre des bains de foule, etc. pendant ce temps, des gens se font tuer et on continue  à se balader à travers le monde. Les Maliens sont fatigués, il faut que les autorités comprennent que les Maliens en ont marre et qu’elles prennent leurs responsabilités, sinon Dieu seul sait ce qui peut se passer. Quant à la communauté internationale, qu’elle comprenne que ses exigences ne marcheront que si les Maliens son convaincus que c’est dans leurs intérêts. Ils ne connaissent pas  nos intérêts mieux que nous. Ils veulent nous obliger à changer notre constitution pour intégrer les dispositions de l’accord, mais c’est leur constitution ou c’est la nôtre ? L’accord concerne les Maliens ou ça les concerne ?  Pourquoi ne laissent-ils pas les Maliens décider de ce qui est bien pour eux et après ça, venir les soutenir. Ils ont beau donner des ultimatums, faire les menaces qu’ils veulent, si les Maliens ne sont pas d’accord, les autorités maliennes ne peuvent pas exécuter ce qu’ils  ont dit. Je souhaite qu’il y ait une prise de conscience  à tous les niveaux, parce que la situation est extrêmement grave. La prochaine marche, je souhaite que Bamako soit paralysée, c’est ça qui va montrer que ce n’’est pas l’affaire de deux ethnies, c’est l’affaire du Mali,  sinon que Dieu nous en garde, personne ne sait ce qui peut se passer.

 

Propos recueillis par Baba Dembélé 

Source: Canard Déchainé

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