Mieux que ce qui se faisait d’habitude à l’Assemblée nationale ! Ainsi peut-on qualifier la haute qualité des interventions des membres du Conseil national de transition (CNT) qui ont, avec courtoisie et politesse, fait comprendre au Premier ministre leur insatisfaction généralisée, au détour de questions posées sur l’exécution de son Programme d’action gouvernementale (PAG). En tout cas, c’est ce qui ressort de leurs interventions par lesquelles les parlementaires de la Transition reconnaissent, à l’unanimité, qu’en dehors de la Défense et de la Sécurité, des Affaires étrangères, c’est un désert pour le bilan du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga qui n’a pu faire mieux que 33% de réalisation sur son PAG, même si le ministre de l’Economie et des finances a été personnellement félicité pour sens de l’anticipation qui a réglé beaucoup de problèmes.
A cause d’impératifs de bouclage, nous n’avons pas pu attendre la fin de cette séance d’interpellation du Premier ministre Choguel Maïga par le Conseil national de Transition pour vous faire part du dénouement. Mais d’ores et déjà nous pouvons affirmer qu’à vrai dire, Choguel ne s’attendait certainement pas à cette haute qualité des interventions, à travers lesquelles il a été proprement démonté puisque le bilan de ses réalisations, de loin insuffisant par rapport aux attentes, a été mis à nu. Dès le départ, le décor a été campé avec une note introductive de la Commission des Lois du CNT qui a travaillé sur la base du Programme d’action gouvernemental (PAG) et les différentes notes d’évaluation envoyées par le Premier ministre. Chose inédite, sur la base même de ses propres documents, le Premier ministre a étalé la faiblesse de son bilan qui n’atteint que 33% de réalisation des actions inscrites dans ledit PAG validé par le CNT il y a de cela 9 mois.
Mises à part la Défense et la Sécurité, et dans une moindre mesure les Affaires étrangères, c’est un flop généralisé pour tout le reste, même si le ministre de l’Economie et des finances a été particulièrement félicité pour son sens aigu de l’anticipation. Mais non sans appeler le Premier ministre qu’il doit trouver à court terme un accord avec la Cédéao parce que la situation ne saurait perdurer et il n’est pas évident que le ministre de l’Economie et des finances puisse continuer à faire face à la situation déjà difficile.
Il faut signaler que c’est seulement la veille de la séance, notamment le mercredi, en fin de journée, que la Primature a fait parvenir un document faisant le point des réalisations du Premier ministre Choguel Maïga sr le Programme d’action gouvernementale (PAG) pour lequel le CNT lui avait donné quitus après y avoir présenté ledit programme. Ce que des membres du CNT ont dénoncé parce que cela ne leur laisse pas le temps d’étudier le document. Contrainte de temps ou stratégie pour ne pas donner le temps aux parlementaires de la Transition de bien scruter ce document ? Allez y savoir…
En tout cas, des défaillances, Choguel en a révélées puisqu’il ne parvient même pas à tenir l’engagement de faire parvenir au CNT, à temps, les rapports d’évaluation trimestrielle pour permettre le suivi de l’exécution du PAG. Et le Premier ministre a dû faire face à des membres du CNT déterminés à assumer leurs responsabilités de représentants du peuple. La gouvernance, la justice, les réformes institutionnelles, les mines, la question énergétique, la lutte contre la corruption, rien n’a été laissé au hasard. Tout a été dit avec une note d’insatisfaction, manifestée quasiment par tous les intervenants.
Le manque de neutralité politique du Premier ministre, qui serait certainement un obstacle pour pouvoir réunir les Maliens autour de la Transition a été pointé du doigt, ainsi que son allure belliqueuse qui ne fait que monter la tension aussi bien au niveau intérieur que dans les relations entre le Mali et ses partenaires. Il lui a été demandé de mettre du bémol dans ses discours et de trouver les moyens de mettre fin à l’isolement du Mali.
L’occasion faisant le larron, pendant cette séance, la question énergétique s’est fait inviter puisqu’une coupure de courant a permis de rappeler les délestages intempestifs dont souffrent les populations.
Les logements sociaux, les audits des institutions de la République, les grands dossiers de justice sur la lutte contre la corruption, les enquêtes relatives aux accusations de fraude et de manipulation des concours de la police et de la Canam, la reprise du trafic ferroviaire, le sort des ex-employés de Huicoma, le cas des fonctionnaires en départ volontaire mais non payés, autant de dossiers, parmi tant d’autres, sur lesquels le Premier ministre a été interpellé pour fournir les réponses pouvant éclairer la lanterne, non seulement du CNT, mais aussi du peuple malien qui suivait avec un grand intérêt cet échange entre le Premier ministre et les membres du CNT.
On n’était donc pas dans ces situations qu’adore Choguel, notamment prendre l’initiative de l’orientation de son discours et d’étaler tout son art oratoire. Là, il s’agit du concret, comme l’a précisé un des membres du CNT lui demandant : “Qu’avez-vous fait concrètement ?”. Nous y reviendrons !
Amadou Bamba NIANG
Source: Aujourd’hui-Mali