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Le carnage de Dioura interpelle la haute hiérarchie militaire

Il y a eu un avant-Dioura et ensuite Dioura. Un après-Dioura ne ferait que renforcer le sentiment d’un manque de vision et la carence d’une hiérarchie militaire qui peine à asseoir la stratégie appropriée pour préserver les camps militaires.

En ces circonstances douloureuses, il paraît incongru d’interroger les causes d’un tel carnage dont l’onde choc se fait encore retentir sur toute l’étendue du territoire. Mais nier la réalité n’est guère l’attitude ou posture requise pour se prémunir contre un tel carnage qui a lieu au sein des camps militaires depuis un certain.

Au-delà de l’émotion pour les familles des victimes, des faits irriguent notre réflexion. D’autant que, comme l’a fait remarquer un observateur, «pour une armée, pour une nation, un camp militaire est sacré». Que l’ennemi s’en accapare et le pille, cela peut être ressenti comme une humiliation pour un peuple aussi fier que le nôtre.

Selon Bakary Mariko, «si on encaisse avec amertume les embuscades, les poses d’engins explosifs à l’extérieur, la prise d’un camp militaire est une pilule amère qui a du mal à passer». Alors, l’interpellation de la haute hiérarchie des Fama (Forces armées maliennes) est d’autant plus légitime que la chute du camp de Dioura est la suite d’une longue série noire.

Rappelons que le 22 décembre 2008, l’attaque du camp de Nampala, par Ibrahim Bahanga, faisait 15 morts et 13 blessés parmi les militaires maliens. Le 05 janvier 2015, le même camp de Nampala a été saccagé. Les assaillants ont emporté beaucoup de matériels, après avoir tué sept militaires.

L’année suivante, soit le 19 juillet 2016, le même camp martyr a été pris et puis pillé : 17 militaires tués et 35 blessés. Trois jours de deuil national avaient été décrétés et l’état d’urgence réinstauré.

Chaque année apporte son lot de morts. Le 18 janvier 2017, un kamikaze a réussi à pénétrer et à faire exploser son véhicule piégé à l’intérieur du camp de Gao où étaient rassemblés les nouveaux éléments du MOC (Mécanisme opérationnel de coordination), pour débuter les patrouilles mixtes. Un des bilans les plus lourds : 54 morts et une centaine de blessés.

Le quartier général du G5 Sahel se fera attaquer le 29 juin 2018, causant la mort de deux soldats et un civil. Le patron du camp, le général Didier Dacko, sera relevé de ses fonctions. Le 27 janvier 2018, le camp militaire de Soumpi est attaqué : 14 militaires tués et 18 blessés. S’y ajoute le cas récent de Dioura où une vingtaine de militaires maliens ont perdu la vie, sans compter les blessés et les portés disparus.

Et M. Mariko de faire remarquer : «Loin de nous l’idée de saper le moral de ceux et celles qui ont fait le choix de mourir pour protéger la Nation. D’ailleurs, notre admiration était sans limite quand le mois dernier, précisément le 24 février 2019, les Fama ont tenu en échec l’attaque d’un camp militaire à Koulikoro où le kamikaze a explosé avec sa charge avant d’atteindre le camp».

Cependant, affirme-t-il, «force est de constater qu’aujourd’hui, il y a une impérieuse nécessité d’enquêter sur les causes des chutes des camps militaires face aux attaques, notamment, terroristes. Le renseignement paraît primordial pour les anticiper, les infrastructures de renforcement et protection, la bonne conduite des hommes avec tolérance zéro pour toute négligence.»

Dioncounda Samaké

Source: Libération

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