Elu dès le premier tour, le septuagénaire, dont il serait impudent de prononcer son nom, s’est soi-disant imposé à l’issue d’un vote marqué par une abstention record.
Dès l’annonce des résultats de ce pseudo scrutin présidentiel, les manifestants ont scandé, et continuent de scander, dans toutes les villes et villages des slogans hostiles au nouveau président soi-disant élu par le peuple algérien.
A Alger les manifestants lançaient des bravos à la Kabylie pour son score frôlant le 0,0 % et scandaient de nombreux slogans contre Ahmed Gaïd Salah et se déclaraient « hna ouled Amirouch (nous sommes des fils d’Amirouch) ». A Oran, près de 400 personnes croupissent actuellement dans les geôles après la marche du 43ème vendredi dont le thème principal portait sur le rejet des résultats de la présidentielle, elle-même très controversée. Mais le comble de la tricherie est venu de Tindouf.
Des 48 Wilayas algériennes, celle de Tindouf a battu, et la vérité hurlante sort du fil youyoutant de l’APS, le porte-parole de son maître Ahmed Gaïd Salah, le record de participation à cette élection à la coloration vert-kaki.
L’explication de la participation record de la population de Tindouf à cette élection sans électeurs, hormis le peuple des hommes en uniforme, militaires, gendarmes, policiers, agents municipaux et autres agents à la solde de Ahmed Gaïd Salah est aussi simple que bonjour.
En effet, le régime militaire algérien a forcé les séquestrés sahraouis marocains des camps de la honte de Tindouf de voter à la place du peuple algérien. Une humiliation pour ces embastillés sahraouis marocains, pris en otage depuis 44 ans par les responsables algériens mais aussi pour le peuple algérien qui se voit confisquer une nouvelle fois sa voix, malgré la promesse de changement aujourd’hui assassinée par une mafia de généraux férocement prédateurs et liberticides.
On peut donc affirmer, sans erreur aucune, que le régime vert-kaki n’a pas manqué de ressort face au boycott pour faire avaler sa couleuvre, une de plus et de trop, et que le chiffre livré par l’APS ne prête certainement à aucune suspicion et sur ce coup l’Agence de Presse Service algérienne a été d’une précision plus qu’honnête et transparente et honni soit mal qui y pense.
Qu’importe pour qui les Algériens ont voté, l’important, c’est qu’ils n’ont pas voté. Le Président est nu en Algérie et il n’est pas le représentant du peuple mais le représentant de l’oligarchie militaire, le visage du pouvoir sans visage. Ce nouveau président n’est certainement pas l’allié du peuple contre les grands féodaux, il est leur fondé de pouvoir.
Aussi, la véritable question qui se posera à l’aube de 2020 serait quelle suite pour ce sursaut d’indignation du peuple algérien ? Il est acquis que le mouvement du Hirak va persister dans la durée du fait qu’il récuse toute légitimité de ce Président au nom très poétique et surtout qu’il se trouve être détenteur de la flamme patriotique algérienne.
Pour l’heure, l’Algérie est passée d’un peuple sans Président à un Président sans peuple mais il est certain que le moment viendra où même les décideurs seront contraints d’accepter cette réalité populaire et d’ouvrir enfin un dialogue.
Quant au Général Ahmed Gaïd Salah, l’homme incontournable du régime algérien, il symbolise du haut de ses 80 ans la permanence d’un système fossilisé qui paralyse l’Algérie et ce, d’autant plus que le nouvel élu, je tairais son nom pour ne point froisser les lectrices et lecteurs, traîne une grosse valise derrière lui. Son fils Khaled serait tout simplement impliqué dans une opération de blanchiment d’argent sur l’affaire de saisie de 701 kilogrammes de cocaïne au port d’Oran et a déjà entendu par le Procureur-adjoint du Tribunal de Sidi M’hamed.
Pour ce qui est des réactions internationales à cette présidentielle, on peut affirmer sans aucun risque d’erreur qu’elles sont inexistantes. Seules celle du Président français qui en prend note et celle du Président égyptien qui félicite le catapulter à la tête de l’Etat algérien.
Au final, restera donc une unique possibilité pour l’Algérie de s’en sortir calmement celle d’un scénario à la portugaise avec à la clé une évolution de l’armée imposée par une dynamique interne. Une éventualité, pour l’heure, difficile à évaluer tant l’opacité règne sur l’institution militaire algérienne. Une année 2019 qui s’achève pour l’Algérie sans aucune visibilité sur son avenir.
Et pendant ce temps-là, les Généraux, Ahmed Gaïd Salah en tête, et le tout nouveau Président, encore sous plaques WW et au nom à faire chanter un canari de nuit, se font des câlins tranquilles au Palais de la Mouradia à Alger sur le dos du peuple algérien autour d’un bon verre.
Farid Mnebhi