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L’avenir des maliennes se joue-t-il à Nioro ?

Il s’était fait attendre, mais l’avant-projet de loi portant sur les Violences Basées sur le Genre (VBG) au Mali a enfin pu voir le jour grâce à la courageuse Bintou Founé Samaké. Il fait cependant face à de vives critiques par certains chefs religieux. Le chérif de Nioro, Bouyé Haïdara, a déjà dénoncé le texte dans un prêche le 24 décembre 2020 et a même demandé le limogeage de la Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. La polémique repose notamment sur les mesures concernant les violences faites aux femmes dont l’excision ainsi que sur leur statut administratif.

Le but du projet est de protéger toutes les maliennes contre les violences basées sur le genre (physiques, psychologiques, sexuelles ou économiques) par la prévention, la répression et surtout la prise en charge de toutes les victimes de ces dernières années. Avec cet avant-projet de loi, aucune « coutume », tradition ou soit disant habitude communautaire ne pourra justifier un acte de violence sur une sœur malienne et des sanctions importantes sont prévues pour leurs auteurs.

C’est une réelle avancée pour la condition de la femme malienne, un gage de paix et d’équilibre sur l’ensemble du Mali où au moins 2/3 des femmes ont déjà subi des violences une fois dans leur vie. Beaucoup trop de maliennes gardent le silence sur leur souffrance de peur d’être victimes de représailles ou d’exclusion. En cette période de troubles où les violences faites aux femmes explosent, la validation d’un telle loi devient encore plus urgente.

Maintenant que cet avant-projet a vu le jour, Bouyé Haïdara le rejette au titre de la tradition. Mais rien, pas même cette tradition ne peut justifier la moindre violence faite aux femmes. Le chérif de Nioro, dit vouloir aller dans le sens de la Transition mais semble refuser de vivre avec son temps. Il demande même « la tête » de Madame Bintou Founé Samaké sans même avoir échangé avec elle. La situation s’était déjà produite en 2009 lorsqu’avec l’Imam Dicko, il avait obtenu l’annulation de la révision du Code des personnes et de la famille. Ce serait une grande preuve de maturité que d’échanger sur la question avec la ministre. Elle est en effet la représentante de toutes les maliennes et qui mieux qu’elle, peut parler en leur nom. Les temps changent et il faut accepter de vivre avec pour le bien de tous les maliens. S’il ne l’accepte pas, Bouyé Haïdara risque rapidement de voir son discours rejoindre dangereusement celui que défendent les groupes terroristes qui engendrent tant de souffrances au Mali.

Aïcha Sangaré

SourceMalijet

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