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L’aphonie de la société civile au Mali

Lorsque nous étions encore plus jeune, un sage nous nous a dit un jour : mon fils, lorsque tu
entends un jeune ne parler que des réussites de son père et de s’en vanter, c’est que lui-même,
n’est pas sûr de lui, et qu’il ne vaut pas grand’ chose. Ah oui, mon père et pourquoi dites-vous
cela, lui demandai-je ? C’est très simple mon fils, s’il était lui-même valeureux, il n’aurait pas
eu besoin de vouloir se faire une renommée à travers son père.

Si nous rapportons cette conversation d’y a quelques années d’avec le sage, c’est pour dire
que chaque fois que nous écoutons les propos des maliens, nous avons l’impression que ceux-
ci ne vivent que sur leur passé. Le malien aujourd’hui est donc comme ce jeune homme qui ne
parle que des prouesses de son père. Pour vouloir se valoriser. Parmi les valeurs du passé que
le malien aime à citer et à magnifier ce sont entre autres : l’hospitalité, la bravoure, la
tolérance, l’entraide, la solidarité, etc. Malheureusement, la réalité vécue quotidiennement
vient démentir les propos encenseurs que s’attribuent les maliens. Cette dissonance des propos
et de la réalité, s’est surtout accentuée pendant ces années de crise. Si nous nous en tenions
uniquement à l’aspect solidarité par exemple, en faisant la genèse des évènements de cette
crise depuis 2012, que constatons nous ?
Lorsque les violences se limitaient uniquement au nord, presque tout le reste du pays ne s’en
souciait pas. On réagissait comme si elles déroulaient dans un autre pays voire dans un autre
continent : aucun changement comportemental de la part des autres maliens. Il a fallu que les
terroristes occupent Konna pour que l’autorité malienne même demande une aide ! La peur se
lisait sur les visages à Bamako. Malgré cela, aucun mouvement de mobilisation de la part de
la société civile pour secourir, aider, leurs compatriotes du nord. Dans d’autres pays, on aurait
assisté à de grands rassemblements d’hommes et de femmes de jeunes et de moins jeunes
battant le pavé pour fustiger cette occupation d’une partie du territoire national. Le calme
revenu après l’opération Serval, les maliens retombent dans l’insouciance pour ne pas dire
dans l’inconscience oubliant que les terroristes n’ont fait qu’un repli tactique. Il n’a pas fallu
longtemps pour qu’ils reprennent leur œuvre de terreur, en petits groupes en essaimant cette
fois-ci le nord et le centre du pays. Assassinats, enlèvements de personnes et d’animaux,
fermetures des écoles des centre de santé des mairies, pose des Engins Explosifs Improvisés

(EEI) sur des voies principales etc. se multiplient. Puisque pour le moment, Bamako est
épargnée on ne relève aucun acte de mobilisation de la part de la société civile. Elle se
complaît à des rencontres futiles répétitives avec des ONG internationales, la MINUSMA, etc.
Nulle trace de mobilisation de grande ampleur pour demander ou exiger la lutte contre le
terrorisme. Farabougou, Dinangourou, Mondoro sous embargo, ce n’est pas l’affaire de la
société civile qui reste aphone, muette comme une carpe !

Pas plus que la semaine dernière, le vendredi 03 décembre 2021, à Songho tout près de
Bandiagara, on assiste à un vendredi noir : un bus de transport de forains avec au moins trente
et un (31) de ses passagers dont des femmes et des enfants, calcinés ! Trois semaines
auparavant, sur la RN 15, appelée la Route du poisson, trois (3) bus sont vidés de leurs
occupants, les femmes et les enfants sont relaxés, mais plus cent(100) hommes sont amenés,
jusqu’ici aucune nouvelle d’eux ! La société civile reste muette. Dans un pays autre que le
Mali, elle se serait indignée et aurait mobilisé des centaines de milliers de personnes pour
exiger la fin de la terreur. Au Mali, la solidarité tant chantée n’existe plus dans la réalité.
Chaque terroir semble abandonné à son triste sort, c’est pourquoi, il est plus que nécessaire
d’envisager d’accorder une très large autonomie aux régions, ce qui éviterait des frustrations
sources de tensions entre communautés qui jusque-là vivaient en symbiose dans leurs
diversités. Cette transition est, il me semble une opportunité afin de jeter les bases de cette
refondation plus que nécessaire.

…sans rancune
Wamseru A. Asama

Source: Delta News
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