Dans notre éditorial du 10 novembre 2021, nous avons opiné sur les sanctions de la CEDEAO. Nous les avions qualifiées de sanctions de principe et avions même utilisé une allégorie pour illustrer les relations Mali – CEDEAO, nous citons : « La CEDEAO est comme cette mère qui veut punir son rejeton pour une faute commise tout en sachant que l’enfant n’est pas véritablement responsable. C’est une sanction de principe».
Alors, nous ne comprenons pas pourquoi, la France s’évertue à « jeter de l’huile sur le feu » en s’activant auprès de ses partenaires européens pour que l’Union Européenne (UE) applique les mêmes sanctions que la CEDEAO arguant que c’est à la demande de celle-ci. Comment alors croire en elle, quand elle dit qu’elle est amie du Mali et qu’elle ne veut que du bien pour notre pays ? En Afrique principalement au Mali, la qualité principale d’un ami, c’est d’intervenir pour apaiser et non attiser les tensions quand elles adviennent entre les membres d’une famille. Bien que ces sanctions dites ciblées ne visent en théorie que les membres et du Conseil National de Transition (CNT) et du gouvernement et seulement eux et leurs familles, il ne fait pas de doute qu’elles auront des impacts négatifs sur la marche de la transition, surtout si l’UE s’en mêle. C’est pourquoi, si la France veut aider le Mali, elle aurait mieux fait de garder son calme et de continuer à dialoguer avec les autorités de la Transition plutôt que leur proférer des menaces, qui frisent l’humiliation.
La question que l’on peut se poser est : que cherche la France à travers l’accentuation de ces sanctions ? Provoquer une crise conduisant à une nouvelle rupture donc à une nouvelle transition ? Pense-t-elle réellement que ces sanctions vont amener les autorités à organiser les élections en février 2022, comme préalablement imposé ? Il est dommage que les autorités françaises actuelles ne consultent pas les archives coloniales, sinon, elles auraient relevé cette sagesse des soudanais : « on peut mener tout un troupeau d’animaux à l’aide d’un seul bâton ; mais il faut un bâton pour chaque individu s’il s’agit d’un groupe d’hommes ». C’est dire que chaque peuple a sa mentalité. Si les autorités françaises actuelles avaient fait un effort pour étudier la société malienne, elles auraient compris que le « baga, baga » c’est-à-dire le chantage ne marche pas chez les maliens. Elles auraient compris que pour la plupart des populations du Mali profond, la devise est : « plutôt la mort que la honte ! » Certains penseront que c’est de l’histoire ancienne, mais en cas d’épreuves, ce sentiment remonte du subconscient collectif. C’est ce qu’on observe dans la lutte contre le terrorisme depuis bientôt 10 ans, chez les groupes armés d’auto-défense, les chasseurs ou donzos, malgré le déséquilibre en armement en leur défaveur.
En faisant du Mali, le mouton noir de la CEDEAO, l’organisation sous régionale et la France favorisent la retrouvaille entre maliens autour de leurs autorités. Même ceux qui étaient contre elles, vont taire momentanément leurs récriminations, soit par bienséance, soit par peur d’être taxés de « faso jugu », c’est-à-dire, traîtres à la patrie. La résultante de tout ceci est la liberté que peuvent se donner les autorités maliennes pour fixer la durée de la Transition.
…sans rancune
Wamseru A. Asama