La Convention de la Majorité Présidentielle continue de vaciller. Après la décision de l’ADEMA-PASJ, de présenter un candidat à l’élection présidentielle de 2018, et celle de la CODEM de trancher la lancinante question de candidature lors de sa Conférence nationale, c’est au tour de Yélèma de quitter définitivement la CMP. Une correspondance aurait été adressée au président de la Convention pour signifier ce départ. Pourquoi c’est seulement maintenant que Moussa Mara quitterait la Majorité ? Cinq raisons motiveraient ce départ du Président de Yélèma.
Le Président de la République serait-il désormais dans le creux de la vague ? Il est aux prises entre, d’une part, une opposition qui a le vent en poupe après deux grandes manifestations de contestation contre la révision constitutionnelle et, d’autre part, avec sa majorité plus encline à préserver ses propres agenda politiques ; plutôt que de continuer à défendre un homme et son pouvoir qui avance vers la fin du mandat. L’ADEMA-PASJ, la deuxième force politique de la CMP et même du pays, a été le premier parti à donner le ton lors de sa 15ème Conférence nationale. Les délégués venus de la soixantaine de sections, de l’intérieur et de l’extérieur, ont recommandé au Comité Exécutif du parti de présenter un candidat en 2018. Cette décision du PASJ a fait l’effet d’une bombe atomique au sein de la CMP au point que cet exemple a fait des émules au sein des autres partis comme la CODEM et Yélèma. Si le premier ne s’est pas encore décidé, le second aurait pris la courageuse, bien que tardive, décision de claquer la porte. Voici cinq probables raisons d’un départ.
Première raison : Le constat d’échec et d’impopularité du Président sortant
Fin calculateur politique, l’ancien PM serait arrivé à la conclusion que les chances d’IBK de rempiler pour un second mandat sont minces. Alors, pour ne pas perdre totalement, le mieux pour lui serait de s’éloigner pour ne pas sombrer avec lui. Mais qu’il sache que le bilan d’IBK est celui de tous les partis de la Majorité et que le peuple est loin d’être dupe.
Deuxième raison : Des voix plus pressantes des partisans de Mara lui demandent de quitter la CMP
Pour des nombreux partisans de M. Mara, après sa démission de la Primature, aurait dû quitter la CMP, pour proposer une autre alternative à la gouvernance actuelle. Mais, par manque de courage politique ou de peur d’être épinglé par la justice en fouinant dans sa gestion à la Primature, Moussa Mara a continué à soutenir, avec bec et ongle, son ancien patron et bienfaiteur IBK. Mais, saura-t-il se démarquer du bilan du quinquennat ?
Troisième raison : Son ambition pour la Mairie du District de Bamako
Moussa Mara voudrait faire de la Mairie du District une première marche vers la colline de Koulouba. Ainsi, pour assouvir cette ambition, il ferait mieux de se démarquer d’un régime aux abois et de se faire une nouvelle virginité politique en rejoignant l’opposition. Mais, après avoir vilipendé l’opposition en balayant d‘un revers de main tous les griefs qu’elle a reprochés au texte que le gouvernement voulait soumettre à referendum, Moussa Mara serait-il encore la bienvenue au sein de ce groupement politico-associatif qui s’oppose au referendum ?
Quatrième raison : Le slogan de l’alternance générationnelle au pouvoir en 2018
Croyant en son étoile, le Président de Yélèma voudrait bien saisir la balle au rebond du slogan de plus en plus répandu de changement générationnel en 2018. Pour atteindre cet objectif, Moussa Mara pourrait faire le choix de l’opposition pour tenter sa chance en 2018. Cependant, ce qu’il feint d’oublier, c’est son bilan peu reluisant et entaché des nombreux points noirs à la Primature.
Cinquième raison : La guerre de leadership au sein de la CMP
L’ancien PM serait victime de harcèlement politique de la part des deux grands partis de la CMP que sont le RPM et l’ADEMA. Ces derniers n’auraient pas digéré ce qu’ils ont appelé l’ambition démesurée de Moussa Mara, quand il accepta d’occuper la Primature, surtout en ayant qu’un seul député. Il a été la cible à abattre de ces deux mastodontes de la politique malienne. Pour rappel, Moussa Mara avait sollicité le soutien de ces deux partis aux législatives partielles de Baroueli après le décès de son unique député. On lui a répondu par une fin de non-recevoir. Pour la Mairie du District, Mara avait réitéré la même demande à ses grands alliés de la CMP et leur réponse n’a pas varié d’un iota. Moussa Mara serait certainement en train de payer le prix de sa prétention juvénile.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com
Par Inf@sept –