Conscient de la nécessité de la refondation du Mali, soucieux de la réussite de la Transition, l’ancien Bâtonnier, Me Kassoum TAPO, vient de lancer le Mouvement pour la refondation du Mali en abrégé « MORENA». L’annonce de la création de ce vaste rassemblement patriotique des citoyens maliens, issus de l’administration publique, de l’Université, du secteur privé, des communautés religieuses et coutumières, de la société civile et de la diaspora a été faite à la faveur d’une conférence de presse animée par l’ancien Garde des sceaux, ce samedi 27 mars 2021, à l’immeuble de son cabinet à Bamako-Coura. Pour la circonstance, il avait à ses côtés, Me Salif SANGARE, du Barreau de Montréal (Canada).
Ce nouveau mouvement qui revendique, selon ses responsables, plus de 20 partis politiques et autres organisations socioprofessionnelles sera officiellement lancé le dimanche 4 avril 2021 au Palais des Sports de Bamako à partir de 14 heures.
L’objectif
Dans son exposé liminaire, Me Kassoum TAPO, a souligné que le MOREMA se veut un cadre d’analyses, de réflexions et d’actions, qui s’impose une éthique fondée sur le respect de la dignité humaine, la tolérance, la solidarité et plus globalement la recherche de l’intérêt général.
Aussi, il a pour mission de réunir l’intelligence collective, les savoirs et les compétences existants dans l’administration publique, l’Université, le secteur privé, au sein des communautés religieuses et coutumières, la société civile et la diaspora autour des questions d’intérêt national en vue de la réussite de la transition au Mali et l’avènement d’un Mali nouveau.
A l’entame de son propos, Me TAPO a fait observer une minute de silence à la mémoire du regretté Adam THIAM, ainsi que l’ensemble des victimes de la violence terroriste et de crise sanitaire dans notre pays.
Les raisons d’un engagement
Faisant l’état des lieux, Me TAPO dira que notre pays, sous nos yeux impassibles, indifférents, voire impuissants, est en train de s’écrouler de jour en jour face à une crise structurelle, à la fois morale, politique et économique.
De son constat, il ressort que les racines de cette crise vont au-delà de 2012. Pour lui, la dimension et la profondeur de cette crise ont été masquées par cette idée, jugée illusoire, que nous étions la plus grande démocratie en Afrique.
Cette crise, a-t-il rappelé, a conduit au renversement, en 2020, du régime qui avait été élu deux ans plutôt.
Face à ce constat, il parait impérieux, de l’avis de Me TAPO, d’engager un véritable processus de refondation de la nation. Un processus qui doit impliquer toutes les communautés maliennes et tous les groupes socioprofessionnels suivant une démarche qui construit de la base au sommet, les raisons d’un véritable vivre ensemble, les valeurs fondatrices et les perspectives d’avenir pour le Mali.
L’appel
Pour ce faire, tous les citoyens maliens, sans exception, conscients de la gravité de la situation sont donc, sans distinction, invités à s’engager pour la réussite de cette transition et définir ensemble les bases d’une refondation démocratique de la nation.
Selon Me TAPO, il est impérieux que les filles et les fils du pays se retrouvent pour la reconstruction du pays. Car, seul, dit-il, personne ne peut sauver ce pays. «C’est donc pour rassembler le plus large possible tous les Maliens, dans un vaste mouvement citoyen de nous avons décidé de lancer le Mouvement pour la refondation du Mali (MOREMA)», a déclaré Me TAPO.
En attendant son lancement officiel, le MOREMA, a-t-il fait savoir, compte déjà dans ses rangs des personnalités et pas des moindres, notamment Chouala Bayaya HAIDARA.
En tant que membre de l’ADEMA, Me TAPO précise que le lancement du MOREMA, n’est ni un abandon de son parti, encore moins une tentative de revanche face à la situation du coup d’Etat dont il a été victime. «Je n’ai aucune rancœur contre qui que ce soit, je suis un citoyen malien qui été un patriote, qui s’est impliqué, pas aujourd’hui seulement, au niveau politique, social, et professionnel », s’est défendu l’Avocat. «Je pense simplement que ce pays a besoin de tous ses enfants. Ce que nous souhaitons faire aujourd’hui, ce n’est pas pour nous. C’est pour nos enfants, nos petits-enfants. Si on ne fait rien, nos enfants, nos petits enfants ne resteront plus sur cette terre », a justifé Me TAPO.
Aujourd’hui, a-t-il fait savoir, le centre du Mali est invivable. «Je le constate avec tristesse, j’en suis meurtri. Qu’est-ce que je peux faire seul ? Qu’est-ce que l’Armée malienne peut faire seule ? Nos enfants sont en train d’être tués tous les jours», s’est lamenté l’ancien Bâtonnier.
Au passage, il a rendu hommage aux FAMa qui se battent tous les jours au Centre, au Nord au prix de leur vie pour nous protéger à Bamako.
De ses explications, il ressort que le MOREMA n’est pas un parti politique, et de ce fait, ne s’oppose pas à son adhésion à l’ADEMA.
Selon Me Kassoum TAPO, les communautés religieuses constituent les fondements de notre nation et doivent aider le pays à sortir de ce gouffre.
Les raisons d’un soutien
S’agissant de la Transition qui est aujourd’hui décriée par une grande partie de la classe politique, Me Kassoum TAPO pense que nous devons être conscients que nous sommes dans une situation exceptionnelle difficile.
«Ceux qui ont en charge la gestion politique et la gestion des institutions du Mali, qui sont reconnus par la communauté internationale, n’en déplaise à qui que ce soit, ils nous représentent. Donc, aujourd’hui, ce sont ces institutions qui représentent le Mali. Si cette transition échoue, c’est le Mali qui échoue. Si elle s’écroule, c’est le Mali qui s’écroule. Moi je ne suis pas dans ça. Je l’ai dit avant le renversement du régime IBK qu’il ne fallait pas appeler à ça, aujourd’hui je redis la même chose. Nous avons une transition qui est reconnue par la communauté internationale, qui a une durée limitée dans le temps et qui a une mission. Il faut l’aider à réussir cette mission pour qu’on aille vers les élections apaisées, qu’on retrouve les autorités légitimes élues pour générer le pays», a-t-il plaidé.
Ce qui est évident pour Me TAPO, c’est que la situation nous commande de sortir des rancœurs et des postures pour reconstruire notre pays. «On s’en sort collectivement ou on va périr collectivement», a prévenu l’ancien ministre d’IBK.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : INFO-MATIN