Grit Lenz, du réseau Fokus Sahel, espère que le nouveau gouvernement allemand définiera une véritable politique pour et avec les pays du Sahel comme le Mali.
Elle constate des restrictions dans la liberté d’expression au Mali et espère que le gouvernement d’Olaf Scholz adoptera, contrairement au gouvernement précédent, celui d’Angela Merkel, une véritable stratégie au Sahel et au Mali, qui englobe de nombreux aspects de la politique et ne se résume ni à la sécurité ni au développement.
a une répression croissante mais qui n’est pas perçue négativement par une grande partie de la population. Pas par tout le monde : il y a certainement aussi des gens qui critiquent, mais il y en a aussi vraiment qui se taisent de plus en plus parce qu’ils ont peur. Et ce climat, au sein de Fokus Sahel, notre réseau, nous le trouvons très dangereux parce qu’il y a un rétrécissement de l’espace civique. Oui, il y a la crainte que ça va se pérenniser, cette façon de faire taire les voix critiques. Même si nous sommes ambivalents car nous saluons aussi le fait que le peuple malien prenne en main son destin et il y a ce soutien aussi pour la transition, mais nous observons [cette tendance à l’autoritarisme].
DW : Le gouvernement allemand appelle la junte au pouvoir à Bamako à se positionner ou en tout cas à ouvrir une enquête indépendante pour savoir si oui ou non il y a eu massacre de civils à Moura. Est-ce que vous pensez que le nouveau gouvernement allemand a une politique différente vis-à-vis du Sahel et du Mali en particulier que le gouvernement Merkel précédent? Et comment est-ce que vous vous voyez cette politique actuelle de l’Allemagne?
Pour le moment, il n’y a aucune politique vis-à-vis du Sahel. L’ancien gouvernement n’avait pas non plus de politique pour le Sahel. Il y avait l’”Afrikapolitik”. Nous espérons quand même que le gouvernement va se doter d’une ligne et d’une politique sahélienne. Mais jusqu’à présent, la seule chose que moi je constate est qu’il y a une plus grande ouverture envers nous, les acteurs de la société civile: les autorités nous invitent et de nous impliquent peut-être plus dans des débats, mais j’espère que vraiment ça va aboutir à des changements significatifs. Je crois qu’il y a de nombreuses mesures à prendre aussi dans la politique de commerce international, du climat… Comment répondre au changement climatique, soutenir ce pays? Il y a tout un paquet de choses qui doivent être vues ensemble. Donc ce n’est pas seulement la politique de développement ou sécuritaire qui apportera le changement.
Source : DW