Abdoulaye Diarra, attaquant malien, joue en première division au Rapide club de Oued-Zem, au Maroc. Dans cette interview accordée à Benbere, il propose aux jeunes d’occuper régulièrement les espaces sportifs pour barrer la route aux spéculateurs fonciers.
Benbere : Pourquoi avez-vous opté pour le football ?
A.D : Comme la plupart des petits garçons, au Mali, mon rêve a toujours été de devenir un grand footballeur. J’ai commencé à jouer dès l’âge de 5 ans.
Avant le Maroc, vous êtes passé par quel club malien ?
Avant de décrocher un contrat au Maroc, j’ai joué au Club olympique de Bamako (C.O.B). Là-bas, j’ai fait les quatre catégories, à savoir le niveau cadet, junior, espoir et l’équipe senior.
Le premier terrain sur lequel vous avez appris à taper dans le ballon existe-t-il toujours ?
Oui, ce terrain existe, heureusement. Pour le moment, les spéculateurs fonciers ne rôdent pas autour de lui. L’espace s’appelle « Bachila terrain », à N’Tomikorobougou, en commune 3 du district de Bamako.
Dans plusieurs quartiers de Bamako, les espaces sportifs sont vendus à des particuliers. Cela vous interpelle ?
En tant que sportif, c’est naturel que la situation me choque. Cette injustice existe depuis fort longtemps et il est temps qu’elle cesse. Ceux qui le font oublient que ces terrains peuvent servir un jour à leurs enfants ou petits-enfants. Toucher à ces espaces revient à troubler l’ordre public : chaque vente de terrain de sport suscite des réactions violentes de la part des jeunes. Rien que pour éviter les confrontations entre les forces de l’ordre et la population, nos élus doivent réfléchir à deux fois avant de vendre ces espaces.
Les sportifs peuvent-ils jouer un rôle pour endiguer cette situation ?
Les sportifs doivent être en première ligne. Ils doivent mettre en place tous les moyens envisageables pour se faire entendre. Quant à la jeunesse, dans certains quartiers, les terrains de sport ne sont pas assez fréquentés. Cela aiguise l’appétit des spéculateurs. Pour éviter cela, les jeunes doivent constamment jouer sur ces terrains. C’est aussi une façon de lutter contre la spoliation. J’invite surtout la jeunesse malienne à ne plus se laisser faire, à continuer la lutte pour garder les terrains de sport dans les quartiers. Qu’ils dénoncent surtout ces actes sur les réseaux sociaux, car c’est le moyen le plus efficace pour atteindre les autorités.