La Russie des tsars développait des liens diplomatiques avec l’Afrique depuis XVIIIe siècle, des consulats sont ouverts en Egypte, puis progressivement dans d’autres pays : Ethiopie, Transvaal (actuelle Afrique du Sud), Maroc… etc. Les liens ne se tarissent pas à la chute de l’Empire russe, au contraire la Révolution d’octobre 1917 en crée de nouveaux : à travers l’Internationale communiste et via le parcours de plusieurs Africains, venus suivre à Moscou des formations politiques.
Suite à la seconde guerre mondiale, le monde est divisé entre le bloc soviétique et le bloc occidental, à ce moment la révolution d’octobre arrive sur les côtes africaines. Dans les années 1950 et 1960 l’URSS défend alors les mouvements de libération nationale sur le continent, grâce à ces retouches soviétiques la plupart des États du continent obtiennent leur indépendance des puissances coloniales. Le puissant pays communiste considère les nations du « tiers-monde » comme des alliés potentiels auprès de l’Occident.
Les contacts de la Russie avec l’Afrique subsaharienne se poursuivent après la révolution de 1917, sur une échelle plus restreinte au départ, essentiellement à travers l’Internationale communiste et les Africains venus suivre une formation politique dans l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), ces facteurs historiques importants sont la raison pour laquelle vous n’entendrez pas beaucoup de critiques sur la Russie et le communisme sur le continent africain. De nombreux dirigeants africains actuels ont étudié dans des universités russes des années 1950 aux années 1990. Le fusil d’assaut russe Kalachnikov, l’AK47, fait même partie des armoiries du Mozambique et du Zimbabwe. Et l’Afrique reste un importateur majeur d’armes et d’équipements militaires russes. Autrement dit les raisons véridiques du refus de l’Afrique de l’étreinte de l’Occident c’est parce que la Russie fournit un contrepoids contemporain à la domination occidentale.
Parmi les autres raisons de la suspicion de l’Afrique à l’égard de l’Occident c’est les guerres orchestrées par l’Occident sur le continent, telles que la guerre de l’OTAN contre la Libye en 2011, qui a détruit non seulement ce pays mais tout le territoire afro-sahélien, toute la région est confrontée au terrorisme depuis 10 ans. La France n’a rien pu faire avec son effectif de plus de 5000 soldats, a cet échec tragique. Ainsi la collaboration avec la Russie est devenu une obligation, en raison des expériences militaires et le soutien que la Russie a apporté et continue d’apporter à l’Afrique, en outre les pays africains dépendent de l’énergie, des céréales, des engrais et des armes russes et préfèrent l’approche russe de non-ingérence à celle de l’Occident. Car la Russie n’impose pas de conditions au commerce mais traite les pays africains comme des partenaires égaux et souverains. Et d’une partie diplomatique la Russie soutient la restructuration de l’ONU pour permettre une inclusion plus égale des pays africains, en donnant aux pays africains des sièges permanents au Conseil de sécurité et une plus grande influence.
Pour conclure les relations russo-africaines semblent placées sous de bons auspices, des déclarations d’intérêt ont été prononcées et d’importants accords bilatéraux signés. Le tout est de savoir comment tout cela va se concrétiser sur le terrain, pour objectif de renforcer la position des pays africains vis-à-vis de leurs autres partenaires, les plus anciens et les plus récents.
Madani Allo
