L’Afrique de l’Ouest depuis les indépendances, acquises en grande partie après d’âpres luttes des masses africaines, hormis pour la Guinée-Bissau qui s’est militairement battue, connaît des conflits armés qui font d’incalculables victimes ces jours-ci plus que dans le reste du continent. A côté de la guerre du Biafra, du Liberia et celle de la Sierra Leone, toute l’Afrique de l’Ouest a finalement connu un peu de guerres ça et là dans la sous-région. Le Monde.fr en parle aussi.
L’Afrique de l’Ouest, la boîte de pandore!
L’Afrique de l’Ouest comme la boîte de pandore est à l’origine de beaucoup de malheurs. Dans la mythologie grecque, Prométhée vola le feu aux dieux pour le donner aux hommes. Pour se venger, Zeus ordonna à Vulcain de créer une femme faite de terre et d’eau. Elle reçut des dieux de nombreux dons : beauté, flatterie, amabilité, adresse, grâce, intelligence, mais aussi l’art de la tromperie et de la séduction. Ils lui donnèrent le nom de Pandore, qui en grec signifie « doté de tous les dons ». Elle fut ensuite envoyée chez Prométhée. Epiméthée, le frère de celui-ci, se laissa séduire et finit par l’épouser. Le jour de leur mariage, on remit à Pandore une jarre dans laquelle se trouvaient tous les maux de l’humanité. On lui interdit de l’ouvrir. Par curiosité, elle ne respecta pas la condition et tous les maux s’évadèrent pour se répandre sur la Terre. Seule l’espérance resta au fond du récipient, ne permettant donc même pas aux hommes de supporter les malheurs qui s’abattaient sur eux.
Par analogie à ce mythe, tous les maux passent en Afrique de l’Ouest comme si c’était là que la boîte de pandore s’était vidée de son contenu. Les guerres civiles, les actions terroristes, les violences électorales, les risques de déstabilisation liés au trafic de drogue (cocaïne et méthamphétamine notamment), la piraterie maritime, le sentiment d’exclusion d’une jeunesse privée des dividendes de la croissance et qui ne perçoit pas les retombées des découvertes de grands gisements de ressources naturelles, tout semble arriver à l’Afrique de l’Ouest.
Au cours des dix dernières années, l’Afrique de l’Ouest est devenue une plaque tournante du trafic de drogue entre l’Amérique latine et l’Europe. Cocaïne, méthamphétamine et héroïne transitent par là, mais une partie des stupéfiants est désormais aussi produite sur place. Grâce aux revenus de la drogue, les sociétés africaines sont la proie des groupes rebelles et extrémistes. Par la drogue, les trafiquants fragilisent les Etats africains et renforcent la mafia occidentale qui s’attelle à blanchir leur argent. Ainsi les frêles économies africaines sont-elles déstabilisées dans leur ordre financier comme c’est le cas au Sénégal et au Ghana.
A côté de cela, la piraterie maritime sévit. Le golfe de Guinée est devenu un épicentre. Plus encore que dans le golfe d’Aden, la piraterie affecte considérablement l’économie des zones côtières d’Etats encore incapables d’exercer leur souveraineté sur ces espaces. Tout en ayant un effet néfaste sur les investissements étrangers, et sur le commerce. Là aussi, les revenus de cette activité servent entre autres à armer des mouvements rebelles ou terroristes.
L’espérance était restée au fond de la boîte de pandore…
L’Afrique doit compter avec l’espérance, cette denrée importante qui n’a pas suivi les maux quand ils se répandaient sur terre. En effet, avec les élections présidentielles apaisées au Nigéria, au Ghana, au Sénégal, etc. il y a matière à espérer en Afrique de l’Ouest. Chaque fois qu’un dirigeant s’est essayé à changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir, il a d’ailleurs échoué.
Toutefois, il faut rester vigilant quant aux violences politiques et terroristes qui surgissent ça et là sans prévenir. Il est préoccupant de constater que, de plus en plus, les conflits se sont déplacés dans les zones frontalières. La théorie des systèmes de conflits repose sur l’idée que des guerres naissent et perdurent de part et d’autre des frontières, car les belligérants profitent des liens transnationaux. En ce moment, la Côte d’Ivoire et le Mali sont au bord de l’affrontement ouvert. L’Afrique de l’Ouest est particulièrement exposée à ces systèmes de conflits.
Les violences ont démarré au Liberia en 1989, ont déstabilisé plusieurs pays voisins, se sont exportées en Sierra Leone au début des années 2000 avant de revenir au Liberia. La contamination d’un conflit d’un pays à l’autre est le type de dynamique transnationale qu’il faut éviter. Il y a aussi des luttes séculaires, comme l’insurrection touareg, le plus vieux conflit d’Afrique de l’Ouest, qui font peu de victimes, mais contribuent à considérablementfragiliser la sous-région, en permettant l’implantation de groupes terroristes transnationaux, comme on a pu le voir au nord du Mali. En prenant soin d’éviter ces erreurs, l’espérance de l’Afrique de l’Ouest, une fois venue à l’existence, sera glorieuse!
Source: Afrique sur 7