« Une nouvelle ère ». C’est en ces termes que Paul Biya a qualifié, mercredi 4 mai, l’état des relations entre le Cameroun et le Nigeria. Au second, et dernier, jour de sa visite officielle chez le voisin nigérian, le chef de l’État camerounais n’a pas caché sa satisfaction, concernant la bonne tenue des rapports entre les deux pays depuis la visite de son homologue, Muhamadu Buhari, en juillet dernier, à Yaoundé.
« Dans l’histoire des rapports entre le Nigeria et le Cameroun, il y aura désormais un avant et un après juillet 2015 », a déclaré le président Biya, s’adressant à son « frère » Buhari. « Nous avons constaté que nous avons beaucoup en commun et que de vastes espaces de coopération existent entre nos deux pays », a-t-il ajouté.
Muhamadu Buhari avait fait le premier pas, le 29 juillet dernier, lors d’une visite en terre camerounaise, en cherchant à tourner la page des soubresauts diplomatiques entre les deux pays, notamment dus à la criminalité transfrontalière et au terrorisme. Auxquels on pourrait ajouter à la marge le conflit sur la presqu’île de Bakassi, qui avait failli provoquer une guerre en 1994.
Boko Haram, principal objet des discussions
Au menu des discussions entre les deux hommes, qui ont notamment eu un entretien mardi 3 mai, figurait en premier lieu la lutte contre Boko Haram, dont le Cameroun et le Nigeria subissent de plein fouet les attaques. « Nous avons surtout pris acte de ce que nous avons un ennemi commun », a martelé le président camerounais.
« Je tiens à féliciter les forces de défense et de sécurité de tous nos pays et la Force multinationale mixte, pour leur vigilance et leur efficacité. Il est aujourd’hui permis d’espérer que, Boko Haram, considérablement affaibli, n’aura bientôt plus sa capacité de nuire », a-t-il poursuivi, en plaidant pour une coopération accrue entre les pays de la sous-région.
Deux sommets à venir
La relation entre le Nigeria et le Cameroun devrait subir, selon les termes du chef de l’État camerounais, « une relance vigoureuse » dès le 14 mai, lors d’un sommet de la Commission du bassin du lac Tchad – qui regroupe le Cameroun, le Niger, le Nigeria, le Tchad, la République Centrafricaine et la Libye – prévu à Abuja.
L’hôte nigérian de la rencontre accueillera aussi ses trois alliés occidentaux : les États-Unis et le Royaume-Uni seront représentés par John Kerry et Philip Hammond, ministres des Affaires étrangères, et le président François Hollande représentera la France.
Est également annoncé un sommet tripartite, au plus tard en juillet 2016, entre les deux pays et le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, lors duquel il devrait être question de s’entendre sur les conditions de leur retour au Nigeria. « Je crois qu’il serait utile, pour commencer, d’élaborer des projets de développement dans nos régions frontalières parfois délaissées. Je pense en particulier aux zones qui ont été dévastées par Boko Haram et où les populations déplacées devront être réinstallées », a expliqué Paul Biya.
Source: Jeune Afrique