Après adoption d’une “charte” politique, qui fixe dix-huit mois de durée pour la période de transition qui devra être suivie d’élections. Depuis leur installation, les nouvelles autorités de la transition sont confrontées à de nombreuses grognes, rien ne semble plus aller entre la première centrale syndicale du Mali et le président Bah N’daw et son équipe. Le torchon semble sérieusement brûlé entre les deux parties. L’UNTM qui vient d’observer une grève de cinq jours, avait pourtant décidé de suspendre toute négociation avec le pouvoir de Bah Ndaou, jusqu’à nouvel ordre, suite aux propos récemment tenus par ce dernier à Abidjan. Mais, tout porte à croire que la centrale syndicale est manipulée par les politiciens.
Les Maliens ne sont pas encore sortis de leur souffrance car la grogne sociale est plus que jamais dans sa phase d’amplification malgré cette courte période d’accalmie. L’UNTM qui vient d’observer une grève de cinq jours, a finalement repris les négociations, revenant ainsi sur sa décision de les suspendre, suite aux propos, récemment tenus par le Président Bah N’daou à Abidjan. La centrale syndicale avait trouvé les déclarations du Président de la transition menaçantes et dénuées de courtoisie.
Ils sont nombreux les Maliens qui ne comprennent pas l’attitude de l’UNTM, la centrale semble être incomprise d’une bonne partie de l’opinion malienne. Pour la plupart, le moment est mal choisi pour les syndicalistes d’accentuer les mouvements de grève. Nul n’est sans savoir que le pays traverse une phase critique de son histoire et que ce régime de transition est affecté à des missions bien spécifiques.
En guise de rappel, les défis sécuritaire et sanitaire, la partition du pays, la corruption endémique et l’organisation d’élections libres et crédibles sont là des chantiers auxquels Bah N’DAOU et ses hommes devront faire face en un temps extrêmement limité. C’est donc la vie de la patrie qui est en jeu. Pour certains maliens les politiciens manipulent les syndicats afin d’accentuer les grognes et les grèves. Pour sa part, l’UNTM semble dans une logique de faire passer ses revendications avant les priorités du moment. D’où les incompréhensions du citoyen lambda qui assimile les actions du syndicat à l’expression de l’égocentrisme et même du mépris à l’égard du pays. Voilà pourquoi les propos de Bah N’DAOU, selon lesquels il est absurde de revendiquer à un moment pareil, ont été fort bien soutenus au sein de la population.
Selon les observations des uns et des autres, dans ce bras de fer, l’UNTM perd en crédibilité et est même taxée d’être instrumentalisée par des politiciens frustrés, aigris de ne pas être au cœur des affaires dans cette transition. D’ailleurs, son secrétaire général, Yacouba KATILÉ, a récemment laissé entendre, sur les ondes d’une radio internationale, la probabilité pour l’UNTM de faire front commun, avec des partis politiques, contre le régime en place, en ces termes : « Et si éventuellement demain nous devons aller avec d’autres personnes parce que nous sommes sollicités, nous allons les accepter, on va faire un mouvement commun. »
Source : Le Soir De Bamako