Si les Maliens avaient placé beaucoup d’espoir sur la transition pour que l’or du pays brille enfin pour ses dignes fils, ils sont aujourd’hui déçus et désespérés de la façon dont ce minerai précieux est géré. L’or du Mali est géré de façon opaque. L’espoir, qui était placé sur le nouveau code minier, tourne au cauchemar. Il a été taillé sur mesure pour une catégorie de personnes qui en profitent au détriment du peuple. Les autorités de la transition emboitent ainsi le pas aux gens du général Moussa Traoré et aux démocrates milliardaires qui se sont enrichis sur la gestion opaque de l’or.
L’or malien se trouve dans une situation intenable depuis la réforme du code minier. Il semble être voué à disparaître dans les poches des autres. L’or du Mali continue à être volé par des sociétés multinationales. Sous le régime socialiste de Modibo Keïta (1960-1968), les Russes consentaient des prêts au Mali contre l’exploitation directe des mines d’or. Durant la dictature de Moussa Traoré (1968- 1991), soutenue par les Français, la gestion s’est ensuite soldée par un bilan tragiquement négatif admettaient les experts du ministère de la Coopération.
Au moment de son renversement, l’or représentait 12,3% des exploitations totales du Mali, mais ne contribuait qu’à 1,5% du Produit intérieur brut (PIB). Le général Moussa Traoré préférait les caisses métalliques pour expédier son or à l’étranger comme l’ont constaté les douaniers maliens trop scrupuleux. Au moins 169 chargements ont été expédiés entre février 1985 et août 1987 à bord de la compagnie belge Sabena vers la Suisse via Bruxelles. Fin juillet 1990, 267 kilos d’or ont été exportés.
Comment expliquer cela ? Comment un des pays les plus pauvres du monde est-il capable d’expédier en Suisse de telles quantités d’or ? Sous le régime des démocrates, l’État était actionnaire minoritaire. Le Mali se trouvait partie prenante dans ce business. On lui demandait de contrôler et de réguler l’activité des entreprises, de veiller à la répartition des revenus, alors qu’il connaît une corruption endémique. Ce fut la ruée des multinationales dans notre pays (Anglogold).
En position de force les entreprises minières exploitantes ont profité de la situation. Morila représente un bel exemple de hold-up organisé sur les richesses aurifères au Mali. La société Anglogold affrétait des avions privés et proposaient des visites commentées sur place pour leur…
Selon la chaîne de télévision Africa 24, la production d’or au Mali est passée à 66,5 tonnes en 2023. Mais les lois et règlements qui constituent le code minier du Mali ont créé un ensemble complexe de taxes, de droits et redevances qui sont incompréhensibles pour ceux qui n’ont pas une formation technique.
Récemment, c’est une association de lutte contre la corruption et les malversations financières (Fer Mali) qui sonne le tocsin dans un rapport accablant sur la production d’or au Mali et ses ramifications. Comme si c’était encore hier à l’époque du dictateur Moussa Traoré et des démocrates milliardaires grâce à la démocratie.
Safounè KOUMBA