La tontine en ligne, il s’agit d’une nouveauté en matière de commerce qui ne dit pas son nom, mais qui se fait à travers les réseaux sociaux, souvent utilisés pour créer une sorte de plateforme sur laquelle les personnes se réunissent pour faire des affaires. Cette tontine numérique est en quelque sorte un système d’épargne rotatif, très pratiqué chez les femmes malienne notamment bamakoise.
Mme Coulibaly Fatim Coulibaly a des connaissances un peu partout dans le monde notamment en Arabie Saoudite, Algérie, Nigéria, Belgique et aux Etats Unis. « Je demande à ma tante qui est en Arabie Saoudite de m’envoyer des images des articles tels que des moquettes, des ustensiles de cuisine, range assiettes, draps, couvre lit et bien d’autres objets servant à la décoration et l’embellissement des chambres ; et à mon cousin qui est aux Etats Unis de m’envoyer des photos des produits cosmétiques ( parfums, crème de beauté, déodorants) ; je les propose à mon tour aux femmes à travers mon statut WhatsApp et les intéressées m’appellent pour le choix », explique-t-elle. Pour mettre en confiance les intéressées et comme garantie elle prend auprès d’elles une avance avant de lancer la commande. Par exemple si c’est un article de 100 000 FCFA et plus, l’intéressée verse d’abord une somme de 50 000F avant et le paiement de la totalité de la somme après la livraison.
Au début ça marchait très bien, mais au fil de temps, du fait des promesses non tenues de certaines qui manifestent leurs intérêts pour différents produits et une fois la commande lancée elles s’éclipsent, refusent parfois de décrocher les appels téléphoniques ou renoncent tout simplement, Mme Coulibaly Fatim Coulibaly s’est retrouvée avec des lots d’articles non vendus. Pour les écouler, elle s’est retournée vers les réseaux sociaux. Ainsi, elle publie les articles sur son statut WhatsApp tout en précisant cette fois-ci que c’est une tontine. Lorsque le nombre des personnes qui manifestent leur intérêt atteint dix (10), elle organise la tontine. Les acheteurs lui envoient l’argent par les agences de transfert d’argent en plusieurs mensualités. Chaque mois, un membre tiré au sort, remporte son lot et ce même exercice se répète jusqu’à ce que chacun trouve son compte.
Mme Togola Sadio 30 ans, infirmière et organisatrice de la tontine en ligne s’est lancée dans cette aventure depuis 2019 dans le but d’aider certaines femmes qui ont du mal à réunir l’argent suffisant pour s’acheter en cash ce dont elles en ont besoin. Elle a en effet créé des groupes de tontines sur WhatsApp et a initié des cotisations de 10 000 FCFA le mois, 5000 FCFA toutes les deux semaines ou 2500 FCFA la semaine. Ses tontines ont pour objectif de collecter l’argent nécessaire pour se procurer des produits de toute sorte. « J’ai créé 3 groupes de dix membres chacun, celles qui ont opté pour les pagnes ou les bazins, un autre groupe pour l’encens et le 3ème pour les bisous », explique-t-elle.
Pour les pagnes et les bazins, dix personnes cotisent 10 000 FCFA et cet argent est utilisé pour acheter à une des membres 10 pièces de pagnes ou un à deux complets de bazins de son choix, cela se fait à tour de rôle. Il faut cotiser chaque mois car on s’est engagé avec des proches, des amis, témoigne Mme Safia qui vient de remporter son gain de 10 pièces de pagnes sur la plateforme. Depuis des années Mme Safia et dix de ses amies participent à une tontine numérique. Chaque mois elles cotisent 10 000 Francs CFA chacune sur la plateforme. Le tirage au sort permet à l’une d’entre elles de remporter la somme totale, ce qui lui permet de procéder à des investissements et des achats conséquents. Idem pour les mois suivants et ce, jusqu’à ce que les membres du groupe récupère leur mise.
Elles sont en effet nombreuses à utiliser ce système moderne d’épargne social et ont profité des avantages de cette tontine. Les sommes sont envoyées à la plateforme par paiement mobile ou par les agences de transfert d’argent et retirées à un des nombreux guichets de la capitale. Chaque participante est avertie à travers un message. « Avec cette tontine j’ai pu me procurer beaucoup de choses que je ne peux pas payer d’un seul coup et bénéficié du matériel avant la fin du paiement complet », confie Mlle Hadjara le sourire aux lèvres. En moins de trois ans elle a pu m’acheter des objets de ses rêves sans aucune contrainte et dans la discrétion.
Mahamadou YATTARA