L’attaque a été lancée lundi 30 septembre par les islamistes somaliens chebab. L’objectif ? La base de Baledogle, située à 100 km au nord-ouest de Mogadiscio. Officiellement, c’est un camp de l’armée nationale somalienne (SNA). Sauf qu’il abrite aussi des conseillers américains chargés de former les commandos somaliens et une piste de décollage pour des drones militaires. Ils seraient entre 550 et 800 militaires américains à Baledogle.
Attaque et riposte
L’attaque a été conduite à la voiture piégée, suivie par des échanges de coups de feu. Selon les chebabs, elle aurait permis de tuer des dizaines de « croisés ». Un bilan démenti par la SNA et par l’Africom, la force américaine en Afrique. Cette dernière a reconnu un blessé dans ses rangs.
« Cette attaque, bien qu’inefficace, démontre à quel point les chebabs représentent une menace directe pour les Américains, pour nos alliés et pour nos intérêts dans la région », a commenté le général William Gayler, le chef des opérations de l’Africom.
Des civils tués par les Américains
Depuis le début de l’année, l’Africom a mené, officiellement cinquante-quatre raids aériens contre les militants, les positions de combat, les infrastructures et l’équipement d’ISIS-Somalie et d’Al-Shabaab. « Amnesty International a établi que plus d’une vingtaine de civils avaient été victimes de la guerre secrète menée par les États-Unis », a dénoncé, mardi 1er octobre Amnesty International.
L’ONG a établi que le 18 mars 2019 « entre 15 heures et 16 heures, une frappe aérienne américaine a touché un SUV Toyota Surf près du hameau d’Abdow Dibile, à environ cinq kilomètres d’Afgoye, dans la région du Bas-Shabelle. Les trois hommes qui se trouvaient à bord étaient des agriculteurs qui revenaient de leurs exploitations et regagnaient leurs domiciles ».
Elle précise : « l’impact a anéanti le véhicule ; le conducteur, Abdiqadir Nur Ibrahim (46 ans), et l’un des passagers, Ibrahim Mohamed Hirey (30 ans), sont morts sur le coup. » Le troisième homme, Mahad Nur Ibrahim (46 ans), très gravement brûlé, est mort à l’hôpital de Mogadiscio un peu moins de trois semaines plus tard.
Or ces trois hommes, qualifiés de « terroristes d’Al Shabaab » par l’Afrcom « étaient en réalité des civils, simples agriculteurs, sans aucun lien avéré avec le groupe armé. »
Le spécialiste de la Somalie à Amnesty International, Abdullahi Hassan, explique, indigné : « Il est déjà déplorable que le Commandement des États-Unis pour l’Afrique ne semble pas savoir qui ses frappes aériennes tuent et mutilent dans cette guerre secrète en Somalie. Il est purement et simplement répréhensible que l’AFRICOM ne propose aux personnes concernées aucun moyen de le contacter et ne tente pas de joindre les familles de victime alors que sa version des faits est remise en question. »
2019, l’année des frappes américaine en Somalie
L’attaque d’Abdow Dibile est l’une des 50 frappes que l’armée américaine a reconnu avoir lancées en Somalie entre le début de l’année et la mi-septembre 2019. En nette augmentation, souligne Amnesty, par rapport aux 47 frappes de 2018 et aux 34 frappes qui avaient eu lieu au cours des neuf derniers mois de 2017.
Le nombre de frappes aériennes américaines en Somalie a connu une brusque augmentation début 2017, lorsque le président Donald Trump a signé un décret déclarant le sud de la Somalie « zone d’hostilités actives ». Depuis lors, l’AFRICOM a utilisé des drones et des aéronefs avec équipage pour mener au moins 131 frappes dans le pays.
Mercredi 2 septembre, les États-Unis ont annoncé la réouverture d’une ambassade dans la capitale somalienne Mogadiscio 28 ans après l’avoir fermée lorsque le pays a plongé dans la guerre civile, illustrant son engagement accru dans ce pays de la Corne de l’Afrique.
Source: la-croix.com