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La société de bus à Bamako n’est pas encore née, déjà le débat

Le maire du district de Bamako, Adama Sangaré, et la société de transport chinoise (ZEV) ont signé, le 22 août dernier, l’acte de création d’une société mixte de transport collectif par bus à Bamako et ses environs.

Ainsi, dans six mois, une cinquantaine de bus devrait arriver à Bamako pour une phase d’essai. Dans le document de création, la mairie du District participe au capital de la société, à hauteur de 20% dont 5% gracieusement offerts aux transporteurs, aux syndicats de chauffeurs de ‘’sotrama’’ et ‘’dourouni’’.

Cette mesure prise par les autorités permettra de renouveler une partie du parc auto avec l’acquisition de plusieurs véhicules neufs. « L’objectif visé et ses partenaires est de moderniser la ville de Bamako, vitrine du Mali », selon le maire. Il a ajouté que l’initiative de mettre des nouveaux bus à la disposition des Maliens des permettra,  outre de moderniser la ville, facilitera également l’accès aux services sociaux de base qui est une impérieuse nécessité pour une ville où seulement 5% de la population se rend à son lieu de travail en moins d’une heure. « Une perte de temps sur les trajets qui représente un gaspillage important pour l’économie du pays », dit-t-il.

Quel sera donc l’avenir des ‘’sotramas’’ qui nourrissent plus d’un ? Des usagers que l’équipe de reportage de l’AMAP a rencontrés se prononcent.Contrairement au point de vue du maire, Lassana Niaré, membre de la Coordination nationale des syndicats et associations des chauffeurs et conducteurs routiers du Mali, pense que « l’idée d’amener les bus va juste créer le désordre dans la circulation et augmenter le nombre de chômeurs parce que, Bamako ne dispose pas de routes adaptées à la circulation des bus. En plus, les ‘’sotramas’’ ont beaucoup de bénéficiaires directs et indirects qui sont, entre autres, les chauffeurs, les propriétaires des véhicules et les apprentis chauffeurs, les usagers, les commerçants », a-t-il expliqué.

Pour lui, en voulant créer cette société de bus, le gouvernement va contribuer à augmenter le nombre de chômeurs chez les chauffeurs car, quel que soit le nombre de bus qui seront en circulation, tous les chauffeurs ne pourront pas en bénéficier.« A Bamako, il y a plus de 4 000 ‘’sotrama’’ et plus de 10 000 personnes qui travaillent sur ces véhicules pour avoir leur pain quotidien », poursuit notre interlocuteur.« Si le gouvernement pense que c’est la meilleure chose pour le développement de la ville, alors qu’il amène les bus mais qu’il soit prêt à renoncer aux recettes des ‘’sotramas’’ dans l’économie », dit M. Niaré. En effet, selon lui, les ‘’sotramas’’ font entrer beaucoup d’argent au trésor, à travers les vignettes et visites techniques.  C’est du « wait and see », a-t-il conclu.

Et pour Mahamadou Touré, chauffeur, c’est un projet mort-né, car les autorités ne pourront pas supporter le coût d’entretien et, d’ailleurs, les bus ne peuvent pas faire l’affaire du Malien à cause de leur lenteur. En outre, les bus seront sur les voies principales.  « Or, les ‘’sotramas’’ peuvent aller dans certains endroits inaccessibles aux bus’, a-t-il affirmé. Pour lui, l’idée de cette société de bus est juste conçue pour créer encore l’embouteillage et augmenter le nombre de chômeurs  chez les chauffeurs et les autres bénéficiaires. En plus, les propriétaires de ‘’sotramas’’ seront les victimes malheureuses d’une injustice ».

Et Yamadou Diarra, membre d’un syndicat, d’ajouter que nul n’ignore la contribution des transports en communs, particulièrement les ‘’sotramas’’, au développement de la ville. « Et si malgré cette contribution, les autorités pensent que les bus sont mieux pour la modernisation de la ville. Peut être, c’est qui est bien pour tout le monde ». A son avis, les syndicats, les chauffeurs n’ont rien à perdre dans cette opération.

Pour Amadi Guindo, chauffeur sur l’axe Kalanban coura-Rail Da, remplacer les ‘’sotrama’’ par les bus ne peut qu’en rajouter au désordre ambiant. « Déjà avec les ‘’sotramas’’, il est difficile de maintenir l’ordre sur les voies. Concernant les prix, Amadi estime que les passagers et usagers maliens ne pourront pas supporter le coût du transport du bus qui sera certainement plus élevé que celui des ‘’sotramas’’. Et de conclure que les habitués des ‘’sotramas’’ ne peuvent pas s’en passer.

Dans cette affaire, certains membres de syndicat, sous anonymat, évoquent une trahison de la part de leur hiérarchie. Pour lui, certains syndicats censés défendre la cause des chauffeurs ont déjà reçu des pots-de-vin.

Par contre, pourcertains usagers des ‘’sotramas’’, c’est une bouffée d’oxygène. Fanta Diarra, trouve l’initiative salutaire. « Je suis très contente, car on pourra circuler rapidement et vaquer tranquillement à nos occupations pour enfin échapper aux angoisses des ‘’apprentis’’ et arriver à temps à destination », a-t-elle dit. Et ce piéton de féliciter le maire pour ce projet qui ne fera, selon lui, que des heureux. Quant à Lassina Coulibaly, commerçant, il recommande « aux autorités de prendre des mesures d’accompagnement pour éviter les injustices ».

AMK/MD 

Source: AMAP

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