Entre le 17 et le 25 mars de chaque année, la langue française est célébrée à travers le monde. Cette semaine est intitulée, la semaine de la francophonie. Une semaine au cours de laquelle toute la richesse de cette langue est célébrée de part et d’autre le monde. Cette francophonie ne serait- elle pas au fond une haine cultivée envers les autres langues et une continuation de l’entreprise colonialiste ?
Chaque année, à pareille période, la francophonie est célébrée dans le but, dit-on, de montrer toute la richesse de cette langue de Molière qui constitue celle du colonisateur. Le français constitue la langue la plus parlée en Afrique. C’est d’ailleurs ce qu’a dit le président français lors de son passage à Ouagadougou : « La langue française n’est plus uniquement française, mais autant, voire davantage, africaine que française. »
Partant de là nous pouvons dire que la semaine de la francophonie est une manière simple pour le colonisateur de montrer au monde entier à combien de fois il a réussi dans son entreprise de recolonisation de l’Afrique. Ce continent qui a laissé et oublié ses langues au profit de celle du français reste la proie à de multiples maux qui le rongent doucement, mais sûrement.
En effet, le sous-développement de l’Afrique reste en grande partie tributaire à cette langue. Ce français qui constitue la langue officielle dans la quasi-totalité des pays colonisés par la France. Ainsi, elle constitue celle à travers laquelle les richesses du continent sont pillées, les Africains sont exploités à travers elle. Cela est tellement évident que Montesquieu, un écrivain français du 18e siècle avait tenu à rappeler ceci : « Tant qu’un peuple vaincu n’a pas perdu sa langue, il peut garder espoir. » Alors, où est l’espoir de l’Afrique ?
Les dirigeants de ce continent se moque de leur peuple, le malmène, la surfacturation est devenue monnaie courante, la corruption dans toutes ses formes gagnent tous les secteurs et les faits souffrir. Le peuple est victime de lois dont il n’a aucune connaissance. Ces faits dénotent du fait que le français qui est la langue administrative reste largement ignoré. Rares sont ceux qui la comprennent. Or, toutes les informations essentielles sont communiquées à travers elle. Du coup, la discrimination s’est installée. Les démocraties du continent souffrent énormément. Cela profite à qui si ce n’est la France qui exploite à ce titre nos dirigeants qui ne savent plus ce qu’ils veulent.
La francophonie est juste alors une lutte pour une implantation durable de la langue française, marque de la domination de la France sur la plupart des pays africains. À travers cette célébration, tous les moyens sont mis en œuvre pour rehausser cette entreprise coloniale. L’objectif, faire disparaitre les langues locales et faire enseigné un français appauvri qui ne permet pas une large compréhension. Prenez aujourd’hui les écoles maliennes, l’une des causes fondamentales de l’échec des enfants est le français, cette langue qu’ils ne comprennent pas.
Par ailleurs, pour ne pas éveiller des soupçons sur leur haine envers les langues nationales, la méthode convergente est née. Il faut enseigner aux enfants dans leur langue nationale au niveau primaire pour ensuite leur apprendre le français dans les classes supérieures. La haine est manifeste. Les enfants sont confrontés à de multiples problèmes en ce qui concerne le mélange de ces deux langues. Cela est bien puisqu’elle évitera aux Africains de ne pas se rendre compte rapidement de la politique française écrite dans des documents, dite dans des vidéos.
Si réellement, la francophonie n’est pas de l’ethnocentrisme, pourquoi ne pas célébrée à travers le monde la richesse des langues africaines ? On nous fait comprendre que la francophonie vise non pas l’unilinguisme, mais plutôt le plurilinguisme. Mais en réalité, cela ne constitue qu’un leurre. Cela est perceptible à travers les pratiques qu’ils font de cette langue, source de problèmes dans les démocraties du continent africain.
Si l’Afrique veut réellement devenir indépendante, elle doit commencer à se défaire partiellement de cette langue. Les langues africaines sont riches. Par conséquent, il faudrait les retravailler et les revaloriser. La vulgarisation de ces langues peut apporter énormément à l’Afrique. Elle pourra être le déclencheur de plusieurs types d’entreprises donnant à ce continent tant meurtri un développement remarquable. Les pays ayant compris déjà cela se sont mis au travail. Tel est le cas pour le Sénégal où nous trouvons présentement des romans et des dictionnaires en langue Wolof. Si la francophonie peut faire du bonheur, ce n’est pas à l’Afrique qu’elle l’apportera.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays-Mali