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La refondation sans les enseignants : Un projet utopique ?

Le bras de fer entre les enseignants (tous cycles confondus) et les différents  gouvernements successifs depuis le premier mandat d’IBK jusqu’à ce jour n’a pas cessé. Alors même que les enseignants ont été utilisés par les opposants pour faire chuter l’ancien régime, aujourd’hui ils s’estiment encore victimes des fuites en avant des autorités actuelles.  Ce sentiment procure une frustration qui pousse à des cessations collectives du travail pour mieux appuyer les revendications professionnelles.

Les perturbations de l’année scolaire écoulée, en raison des grèves incessantes pour exiger l’application de l’article 39, auront des conséquences terribles sur l’avenir de tous ces élèves admis en classe supérieure avec des niveaux exécrables. Nous avons assisté, spectateurs impuissants, à un mélodrame. En effet,  entre la fuite des sujets et les irrégularités dans la méthode de surveillance et de correction,  on se demande où situer la rupture.

Finalement,  avec un accord précaire avec les enseignants,  le gouvernement a réussi à déplacer le problème. Le nouveau décret abrogeant intelligemment l’article 39 ne semble pas conforme aux ententes des enseignants. On espère qu’ils mettront un peu d’eau dans leur vin pour qu’on puisse sauver l’année encore une fois, en laissant l’école à  la traîne. La priorité étant la « refondation », l’éducation des futures générations semble moins urgente.

Mais peut-on imaginer une refondation de la nation alors même que le socle, l’éducation de la relève,  est relayé au second plan ? Ou alors la refondation serait-elle simplement synonyme de réaménagement des mêmes institutions politiques qui ont échoué justement en raison de l’insuffisance d’instruction et de la décrépitude avérée de la morale républicaine ?

Par ailleurs,  si le feuilleton de l’article 39 semble s’achever, à l’enseignement Supérieur les activités pédagogiques ont cessé depuis plus de 3 semaines. L’ordonnance de 2017, dont l’application avait été exigée par les enseignants, tarde à être observée par les autorités de transition. Le mode d’ordre est lancé, grève illimitée. Selon les représentants des  syndicats, en dépit des efforts consentis, un certain nombre de points reste à satisfaire.

L’article 66, la parente proche de l’article 39, serait le point d’achoppement. Mais on retiendrait simplement que les grèves incessantes n’ont pas permis le bon déroulement des travaux dirigés dans  certaines facultés. Allons-nous assister à une perturbation d’une année universitaire qui chevauche déjà sur les années précédentes ? Les réformes politiques,  qui sont envisagées,  serviront-elles à quelque chose si comme par le passé l’éducation est bafouée ?

Les autorités de la transition doivent se rappeler que les grognes sociales sont principalement les causes de déstabilisation. Les enseignants,  qui ne manqueront pas de prendre en témoin les étudiants et les familles,  ne démordront pas tant. Cette année encore les universités produiront des chômeurs, hautement diplômés mais sans aucune compétence.

Le gouvernement est interpellé par le peuple qui l’a adoubé. Il doit poursuivre son élan patriotique et intégrer urgemment la cause des enseignants et donc celle des futures générations dans son agenda. Sinon, cette refondation,  comme le Dialogue National Inclusif (DNI) ou même les Assises Nationales de la Refondation (ANR) ne seront que des occasions de dilapider les sous du contribuable.

Dr DOUGOUNÉ Moussa

Source: Le Pélican

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