Dans ces dernières années, les grandes villes dont Bamako se vident de plus en plus des aides ménagères socialement appelées « 52 » d’antan. Avant, après l’hivernage, presque toutes les jeunes filles des campagnes venaient vers les centres urbains (Bamako et capitales régionales) pour chercher de l’argent ou préparer leurs trousseaux de mariage. Mais, de nos jours, ce phénomène se fait rare. Cela, à cause de la méchanceté et du sadisme des patronnes. D’où, désormais, la plupart d’entre elles préfèrent les zones minières. Les quelques filles qui viennent en saisonnières sont devenues chères. Leurs salaires vont de 7500 à 15000 francs CFA ou plus par mois.
La vie des aides ménagères à Bamako, c’est du vrai système d’exploitation de l’Homme par l’Homme. Les jeunes filles abandonnent leurs villages pour venir se livrer à de nouvelles conditions de vie dans la ville. Cela, pour chercher de l’argent ou préparer leurs trousseaux de mariage. Donc, le but initial de cette espèce de migration intérieure pour la plupart de ces jeunes filles saisonnières aura été de pouvoir s’acheter des ustensiles de cuisine lors de leur mariage ou apporter assistance à leurs pauvres parents villageois. Mais, le plus souvent, certaines d’entre elles tombent aux mains des patronnes méchantes qui les font vivre de véritables moments de calvaire et de toutes sortes d’abus de pouvoir. Les Bonnes, souvent à l’âge mineur, vivent dans des conditions misérables. Elles sont traitées comme des esclaves par la femme qui les emploie ou encore par les enfants de cette dernière. Dans certaines familles, toutes les tâches ménagères reposent sur les épaules de la pauvre domestique. C’est elle qui s’occupe de tout ; que ce soit la cuisine, les lessives, la vaisselle, les incessantes petites commissions, etc. Il y a de ces patronnes qui profitent de la naïveté de ces petites villageoises, pour les exploiter, les abuser tant physiquement que moralement. Elles les traitent avec toutes les manières pénibles, comme si une servante n’est pas aussi un être humain comme elles. Il y en a qui ne pensent même pas que ces enfants ont aussi des parents qui les aiment. Selon Yah Diarra, une servante dans une famille Sylla, à Titibougou, sa patronne «est une femme de foyer et Secrétaire dans une agence ». Pour se faire aider, elle l’a engagé pour les services de la maison. Et, à la fin du mois, elle lui paye 10.000 francs CFA. «Dès lors elle me fait travailler très dur et presque sans repos. Dans la famille, je suis la première à me lever et la dernière à me coucher. Je me lève à 04h du matin pour nettoyer la grande cour de la concession, préparer le petit déjeuner et préparer les enfants pour aller à l’école. Ensuite, je prépare le déjeuner de midi et j’accomplis d’autres tâches de la maison. Mais, malgré tout cela, ma patronne n’est jamais contente et, de ce fait, elle passe tout son temps à m’insulter et parfois même à cause de ses enfants. Or, ces derniers ne font pratiquement rien pour aider leur mère. Alors qu’elle a trois filles et un garçon, et la plus âgée est de 24 ans révolus. La Dame même en question oublie ses devoirs en tant qu’épouse parce que même le manger de son mari est à ma charge», s’est-elle lamentée.
Le pire, c’est que d’autres patronnes gardent l’argent de leurs domestiques soit disant les remettre en fin de contrat. Mais, hélas, le moment venu, elles disent qu’elles n’ont pas de quoi les payer. Voilà des actes décevants à plus d’un titre.
Et celles qui partent aussi dans les zones minières risquent de n’y rien trouver comme argent ou or au finish. Donc, celles-ci sont également obligées souvent à faire de n’importe quoi pour ne pas retourner dans leurs villages les mains vides. Puisqu’elles sont venues pour chercher de l’argent. Et, pour parvenir à leurs fins, certaines d’entre elles se livrent au vagabondage sexuel, à la prostitution, avec toutes les conséquences dépravantes que ces actes honteux, humiliants et dépersonnalisant entrainent.
Cependant, force est de reconnaître aussi que, dans chaque chose, il y a de bons et de mauvais côtés. En effet, notons que beaucoup de filles villageoises, qui viennent pour améliorer leurs conditions de vie, oublient l’objectif de leur départ du côté de leurs parents. Celles-là oublient les valeurs et les bons comportements qu’elles ont reçus de leurs familles. Ainsi, elles tombent enceintes des profiteurs qui les abandonnent après. D’où, en ce moment, elles n’ont d’autre choix que d’avorter. Ces filles doivent avoir la conscience de pourquoi elles sont venues en ville ; car, c’est par la seule manière qu’elles pourraient subvenir à leurs besoins.
Niakalé Touré
LE COMBAT