Après sa dernière marche populaire du 25 août dernier, dans tout le pays et à l’extérieur, l’opposition appelle ses partisans de nouveau à une énième marche pacifique synchronisée ce samedi 1er septembre 2018. L’objectif de ladite marche est de dénoncer les fraudes électorales et le bourrage des urnes qui ont émaillé les deux tours du scrutin présidentiel et d’exiger la libération immédiate de ses deux alliés interpellés par la Sécurité d’État depuis quelques jours.
L’Histoire retiendra que les deux tours de l’élection présidentielle de 2018 n’ont pas enfanté un lendemain fraternel et apaisant par l’impartialité des institutions chargées du processus électoral. Le Mali fait l’objet de toutes sortes d‘humiliation, d’exploitation et d’une insécurité grandissante sans précédent. Ladji Bourama qui a été appelé à la rescousse depuis le 4 septembre 2013 a conduit, ce pays tant piétiné, au pire des crises. Et il en a délibérément transformé en un « Gros gibier » sur lequel chaque membre de sa famille, chaque proche politique ou autre prélève sa part. Le système de la gestion clanique du pays est visible de tous. La réalité de l’immobilisme et de la défaillance de l’État est là et sans couverture. Sauf l’échangeur de Ségou et quelques tronçons de routes refaufilées, les Maliens n’ont rien vu de concret de ces centaines de promesses boursoufflées prises par Ladji Bourama en 2013. C’est cette situation machiavélique qui a conduit le clan présidentiel, conscient de sa défaite certaine par le vote sanction qui se présageait, à battre la campagne avant la campagne en instrumentalisant les médias d’État, la justice, la sécurité, tous les services publics au profit de leur mentor, IBK. Les bourrages d’urnes dans les zones d’insécurité et le tripatouillage des résultats ont été la règle d’or des deux tours du scrutin. Et, c’est pour dénoncer cet « assassinat de la démocratie » que le Chef de file de l’opposition appelle ses partisans à sortir massivement ce samedi à Bamako et ailleurs aux fins de sauver la démocratie acquise à prix de sang des fils et filles de notre pays. À Bamako, les marcheurs partiront de la Place de la Liberté à la Bourse du Travail pour deux raisons principales. La première est celle de la fraude électorale. Selon le chroniqueur Mohamed Youssouf Bathily, un allié phare de Soumaïla Cissé, il s’agit là d’une question d’intérêt général, de la préservation de la démocratie, et non de la personne de Soumaïla Cissé : « Si nous laissons passer cette fraude, le même clan continuera à s’installer par la même stratégie. Et, c’est la fin de la démocratie au Mali », a-t-il précisé lors de sa dernière émission hebdomadaire nommée Grand-Dossier qui a remplacé Carte sur Table sur la radio Renouveau Fm. Et la deuxième cause de cette marche est, selon Ras Bath, les proches du candidat Soumaïla Cissé, de dénoncer la dictature à la façade démocratique du régime d’IBK. Les marcheurs sortiront pour exiger la libération immédiate de Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri, interpellés par Sécurité d’État. Même si le Ministre de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile, Général Salif Traoré, n’a pas donné plus de détails sur lesdites arrestations nocturnes par des Hommes cagoulés dans son communiqué du 28 août dernier, certains acteurs politiques les jugent de rancunières aux fins politiques. Car, lors du second tour de la présidentielle du 12 août dernier, Paul Ismaël Boro a refusé de suivre la consigne du Chef de son parti Modibo Koné favorable au Président sortant au profit de Soumaïla Cissé. Il s’agirait, certainement, d’un règlement de compte politique. Selon Me Mountaga Tall du parti CNID, la loi n’a pas du tout été respectée lors de ces arrestations dignes d’un « État Cow-boy ».
En saisissant la communauté internationale et nationale, Tiébilé Dramé, le Directeur de campagnes de Soumaïla Cissé a fortement dénoncé ces arrestations extrajudiciaires en violation flagrante de la Constitution et de la loi universelle: « De toute évidence, nous sommes en présence d’enlèvements et de séquestrations de leaders politiques par une police parallèle au service du régime. Ceux qui ont choisi de détourner la Sécurité d’État de sa mission cardinale de défense de la sécurité nationale et de la transformer en police politique pour intimider les opposants au régime actuel ne sont pas à leurs premiers actes arbitraires et illégaux », rappela-t-il.
Seydou Konaté
LE COMBAT