Depuis le coup d’État de 2012, le Mali rime avec insécurité, terrorisme, présences militaires étrangères et autres mots qui ne font pas office de bon présage pour le pays. Et pourtant, sur les réseaux sociaux où l’on voit des jeunes maliens s’investir dans des débats sur le devenir de leur pays, certains utilisent ces plateformes en ligne pour montrer la richesse du Mali et faire contrepied avec le contexte sécuritaire malien qui inquiète.
Ils sont jeunes, ambitieux et souhaitent montrer un Mali différent, leur Mali. Le Journal du Mali a sélectionné trois Maliens, soucieux de la représentation de leur pays sur la Toile.
Présente depuis mai 2017 sur Facebook, la page « À nous Bamako », créée et animée par l’entrepreneur Ibrahim Guindo aka Akim Soul, connaît une ascension fulgurante. Déjà, presque de 18 000 followers sont friands des histoires qui lient de jeunes bamakois (parfois d’adoption) à leur ville. En effet, Akim Soul, endosse le rôle de journalistes en posant des questions sur le Bamako de ces jeunes qui ont un lien particulier et affectif avec la capitale.
« À chaque fois que je me connecte sur les réseaux sociaux, Bamako sinon le Mali rimait avec crise : qu’elle soit d’ordre politico-sécuritaire, économique ou sociale », confie le jeune entrepreneur de 24 ans avant de surenchérir. « Sans compter l’inondation des plates-formes sociales par les pages fake qui n’ont pour but que d’attiser la haine, propager des mauvaises informations, nuire en résumé. Je constatais trop de négativité sur la toile chose qui non seulement ne nous fera pas avancer, mais surtout tue le peu d’espoir qui reste encore chez certains. »
Pour chaque interview postée, ce sont des centaines voir des milliers de likes et de commentaires qui s’affichent au compteur. Paris réussit, donc, pour Ibrahim Guindo qui souhaite se démarquer sur la Toile. « J’ai donc décidé de ne pas faire comme les autres. J’estimais qu’il était temps de montrer autre chose de notre ville, des aspects qui la valorise, des côtés qui donneront envie d’y venir, d’y rester pourquoi pas d’y créer. Un espace pour mettre en valeur les gens positifs, passionnés qui y croient, les initiatives porteuses d’espoir et de valeurs et les lieux à découvrir. À Nous Bamako a donc vu le jour ! »
Le Mali dans l’assiette
Le Mali est un pays qui a une richesse gastronomique diversifiée, mais beaucoup de produits sont importés de l’étranger et peu de Maliens reconnaissent la valeur des produits locaux. Ce qui n’est pas le cas de Diénaba Traoré, plus connu sous le nom de son blog « Gabougouni », traduire par petite cuisine en bambara. Cette jeune blogueuse culinaire de 26 ans est aussi consultante en salubrité/qualité des aliments. « Sur cette plateforme, j’ai voulu partager avec le monde la cuisine africaine, spécialement celle du Mali. En y ajoutant ma touche personnelle, celle du métissage culinaire, qui permet de valoriser les produits du Mali. Via Gabougouni, j’ai également voulu briser le stéréotype selon lequel la cuisine africaine est grasse et complexe. Je retravaille donc les recettes afin qu’elles soient plus attrayantes, moins complexes et plus saines », explique Diénaba Traoré.
Tristement connu dans le monde suite au coup d’État de 2012, le Mali rime avec pays en guerre. Mais, pour les patriotes comme Diénaba, il est important de « donner une image positive, car j’ai l’amour du pays et je crois au potentiel de nos produits. Mais pas que, car quand on voyage, on se rend compte que le Mali n’est pas apprécié à sa juste valeur. On entend des préjugés qui donne une mauvaise image de notre pays. Alors, il devient impératif pour une personne comme moi de montrer au monde la beauté et la richesse culturelle du Mali. » Grâce à ses cours de cuisines, la page Facebook Gabougouni est suivie par 40 000 personnes, séduites par la connaissance culinaire de Diénaba Traoré et ses vidéos de recettes très simple et rapide à reproduire chez soi.
La blogueuse culinaire a des projets d’avenir. Elle espère « mettre en place l’e-shop de Gabougouni, qui permettra de faire connaître et vendre au juste prix les produits des femmes transformatrices du Mali et de la sous-région. À long terme, je désire mettre en place un « hub culinaire » qui sera un espace de coworking entre passionnés de cuisine, restaurateurs, entreprises agroalimentaires, etc. »
Le réseau social crée par Mark Zuckerberg, n’est pas le seul qui séduit les Maliens. Instagram, la plateforme de partage de photo par excellence regorge de nombreux comptes dédiés à la valorisation du Mali. Parmi eux, « Malianpride ». L’objectif est clair : montrer l’excellence à la malienne. Piloté par un groupe de jeunes personnes, désireuses de rester dans l’ombre, leur constat était que « la communauté malienne ne parlait peu si non quasiment pas de ces gens et de ces choses qui font à la fois notre richesse et notre fierté. » Encore une fois, l’engouement des Maliens pour les réseaux sociaux n’est plus à démontrer. Ce sont plus de 100 000 abonnés qui suivent Malianpride sur le réseau social. Par ce biais-là, les Maliens et les étrangers d’ailleurs, peuvent découvrir des personnes qui contribuent au rayonnement du Mali, malgré un contexte préoccupant. Mais pas que.
« Nous ne tirons aucun profit de notre page à part le simple plaisir d’éduquer, divertir, et motiver nos abonnés et aussi montrer aux différents talents à travers le monde qui excellent dans leurs différents domaines de compétence qu’ils sont appréciés sans “niengoya” et qu’on les félicite et les encourageons davantage. Nous voulons juste montrer un côté positif de notre beau pays à travers sa riche culture et ses braves fils et filles. »
La jeunesse malienne
Un élément est récurrent : l’amour du pays. Que ce soit pour Ibrahim Guindo, Diénaba Traoré ou Malianpride, tous, croient en leur pays. L’équipe de Malianpride pense que « le respect commence par soi-même. Si en tant que communauté nous nous aimons et soutenons les uns les autres et bien les autres ne pourront guère se permettre de nous dénigrer ou porter atteinte à notre pays ou nos frères et sœurs. Le Mali est un beau pays qui regorge de talents de toutes sortes et si pleinement riche en culture qu’on a rien à envier à aucun autre pays. Nous devons juste changer un peu les mentalités. Nous espérons avec cette plateforme apporter notre petite pierre à l’édifice pour inciter encore plus à œuvrer pour un Mali meilleur et un avenir brillant pour la jeunesse malienne. »
Journal du mali