Modibo Kéita (paix à son âme) fut le premier président de la République du Mali entre 1960 et 1968, mais aussi cumulativement chef du gouvernement (donc le tout-premier Premier ministre) jusqu’en 1965.
Né le 4 juin 1915 à Bamako-Coura, de Daba et Hatouma (Fatoumata) Camara, Modibo a fait un brillant parcours scolaire, tout comme furent impressionnants sa carrière professionnelle, sa lutte et son idéologie politiques, ainsi que son leadership d’homme d’Etat. Après avoir fréquenté de 1925 à 1931 l’Ecole primaire de Bamako, il entre en 1931 à l’Ecole primaire supérieure Terrasson de Fougères (actuel lycée Askia Mohamed). En 1934, il poursuit ses études à l’école normale d’instituteurs, plus précisément l’Ecole William Ponty de Gorée à Dakar. Ses professeurs le signalèrent déjà comme un bon élément, mais comme un agitateur anti-français à surveiller. Il sort major de sa promotion et en 1936, il devient instituteur.
Il enseigne d’abord en brousse puis à Bamako, Sikasso et Tombouctou. Rapidement, il se signale aux plans associatif et politique. Il fonde avec Mamadou Konaté, l’“Association des lettrés du Soudan” qui devient par la suite le “Foyer du Soudan”. En 1937, il fonde avec le Voltaïque Ouezzin Coulibaly le “Syndicat des enseignants d’Afrique occidentale française”. Il devient membre du Bloc soudanais, créé par Mamadou Konaté. En 1943, il fonde avec son ami, Jean-Marie Koné, la revue “L’Œil de Kénédougou” dans laquelle il critique le pouvoir colonial.
Cette même année, est créé à Bamako le Rassemblement démocratique africain (RDA), présidé par Félix Houphouët-Boigny. Modibo Kéita prend le poste de secrétaire général de l’Union soudanaise-RDA. En 1948, il est élu conseiller général du Soudan français au titre de la circonscription de Bamako-Kita. En 1953, il est élu conseiller de l’Union française. Le 26 novembre 1956, il devient maire de Bamako et est élu député à l’Assemblée nationale française, dont il devient vice-président. Il siègera deux fois comme secrétaire d’Etat dans les gouvernements français de la IVe République. En 1958, il est élu président de l’Assemblée constituante de la Fédération du Mali qui regroupe le Soudan français, le Sénégal, la Haute-Volta et le Dahomey (ces deux derniers pays quittent rapidement la Fédération). Le 20 juillet 1960, Modibo Kéita est nommé chef du gouvernement de la Fédération du Mali (qui regroupe le Soudan français et le Sénégal).
Après l’éclatement de cette Fédération, le 22 septembre 1960, il proclame l’indépendance du Soudan français qui devient la République du Mali. Il en prend la présidence et met en place un gouvernement que lui-même dirige.
L’histoire ne nous enseigne pas pourquoi la fonction de Premier ministre est abandonnée, mais toujours est-il qu’en 1965, Modibo Kéita abolit purement et simplement le poste. Il dirige le pays sous l’idéologie socialiste jusqu’au 19 novembre 1968, date du renversement de son régime par un coup d’Etat perpétré par le groupe du lieutenant Moussa Traoré. Modibo Kéita est mort en détention au camp des commandos parachutistes de Djicoroni-Para à Bamako le 16 mai 1977, à l’âge de 62 ans, dans des circonstances suspectes, car jusqu’à présent les causes de sa mort font débat. Modibo Kéita est réhabilité en 1992 à la chute du régime de Moussa Traoré (1968-1991) par le président Alpha Oumar Konaré. Le Mémorial Modibo Kéita est inauguré à Bamako le 6 juin 1999. Alpha avait tout d’abord baptisé le stade Omnisports de son nom. Son épouse, Mariam Travélé, est décédée en 2014 à 94 ans. En janvier 2016, l’aéroport international de Bamako-Sénou est rebaptisé “Aéroport international-Président Modibo Kéita-Sénou”.
Capitaine Yoro Diakité : finalement condamné à la prison, il meurt en détention à Taoudéni
Le capitaine Yoro Diakité fut le deuxième Premier ministre de l’histoire du Mali. Né le 17 octobre 1932, il fut membre du Comité militaire de libération nationale (CMLN), ce groupe de militaires qui fit tomber Modibo Kéita. Il est nommé
président du gouvernement provisoire par le président Moussa Traoré et exerce sa fonction entre le 19 novembre 1968 et le 18 septembre
1969. C’est lui qui a envoyé la bande à Diby Silas Diarra à Taoudéni où lui-même devait les retrouver plus tard.
En effet, après avoir été accusé d’avoir organisé une tentative de coup d’Etat en 1971, il est condamné à la prison à vie et envoyé au nord. Le chef du gouvernement provisoire meurt dans le camp de prisonniers de Taoudéni, le 13 juin 1973.
Le chirurgien Mamadou Dembélé : un des principaux artisans de la répression contre les mouvements estudiantins de 1979-1980
e président Moussa Traoré abolit le poste de Premier ministre le 18 septembre 1969 quand le capitaine Yoro Diakité quitte la tête du gouvernement provisoire. Le poste reste donc inexistant sept longues années durant et pendant lesquelles le président de la République est à la fois chef de l’Etat et chef du gouvernement. Le 30 mai 1986, à la faveur d’un remaniement gouvernemental, Moussa Traoré réhabilite le poste de Premier ministre et le confie (le 6 juin) au Pr. Mamadou Dembélé. Ce médecin, né en 1934, est l’un des principaux artisans de la répression contre les mouvements estudiantins de 1979-1980. Mais pas pour longtemps. Le 6 juin 1988, le président Moussa Traoré supprime, à nouveau, le poste. Moussa Traoré n’a plus nommé de Premier ministre et est resté lui-même l’éternel chef du gouvernement.
Pr. Mamadou Dembélé est décédé le 9 octobre 2016 à l’âgé de 82 ans.
Dr. Soumana Sako : après la chute du général Moussa Traoré, il redresse les finances publiques du Mali
Né à Niamina, région de Koulikoro, en 1950, Soumana Sako est celui par qui le poste de Premier ministre est définitivement réinstauré au Mali. Il est nommé Premier ministre par Amadou Toumani Touré, le 2 avril 1991, après la chute du général Moussa Traoré et dirige le gouvernement de Transition entre le 4 avril 1991 et l’investiture d’Alpha Oumar Konaré le 8 juin 1992. En son temps, cette nomination de Soumana Sako avait été accueillie très favorablement par les Maliens qui avaient encore à l’esprit son passage comme ministre des Finances sous le régime de Moussa Traoré, entre 1986 et 1987.
En un temps record, il avait rétabli les arriérés de salaires des fonctionnaires (six mois) et redressé les finances du pays. Aussi, il fut le premier membre du gouvernement au Mali à démissionner de ses fonctions de sa propre volonté, suite à une affaire de trafic d’or impliquant la première Dame de l’époque.
Dr. Sako a obtenu le DEF en juin 1967 (centre d’examen de Mopti) et le baccalauréat en juin 1970 (lycée Askia Mohamed), se classant dans les deux cas, premier au Mali. Il est titulaire d’une licence de l’Ecole nationale d’administration du Mali ainsi que d’un master en planification de gestion de projets et d’un Ph.D en économie du développement avec mention H, la plus haute distinction académique décernée par l’Université de Pittsburgh, Pennsylvanie (Etats-Unis). Il a, en outre, suivi des stages et séminaires de formation à la Fondation ouest-allemande pour le développement international, au Gosplan de l’ex-Union soviétique, à l’Institut de développement économique de la Banque mondiale et au General Accounting Office du Congrès des Etats-Unis d’Amérique.
Après son passage à la Primature sous la première transition, il retrouve l’ACBF (Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique), une fondation créée par les gouvernements africains et leurs partenaires au développement en vue de contribuer à renforcer durablement les capacités humaines et institutionnelles pour la bonne gouvernance et la gestion du développement. Il dirige de main de maître cette noble fondation avant de rentrer au bercail.
Candidat à l’élection présidentielle de 1997, il retire sa candidature comme d’autres responsables de l’opposition pour protester contre les fraudes. Pour les élections présidentielles de 2002 et 2007, il soutient la candidature d’Amadou Toumani Touré.
Plus tard, Soumana Sako pousse son implication politique plus loin et crée la Convention nationale pour une Afrique solidaire (Cnas/Faso-Hèrè). Le 18 décembre 2011, il est investi par ce nouveau parti candidat à l’élection présidentielle malienne de 2012, avortée.
L’économiste Younoussi Touré :
1er chef du gouvernement de l’èredu multipartisme au Mali
Il est le 1er Premier ministre de l’ère de la démocratie pluraliste au Mali. Il est nommé Premier ministre le 9 juin 1992 par le président Alpha Oumar Konaré, mais démissionne moins d’un an plus tard, le 12 avril 1993, suite à des mouvements socio-estudiantins.
Né le 1er janvier 1941 à Niodougou (cercle de Niafunké, Mali), Younoussi Touré a suivi ses études primaires et secondaires à Niafunké, à l’Ecole des artisans soudanais, à l’Ecole normale de Sévaré, à l’Ecole normale de Katibougou et au lycée Askia Mohamed, avant d’aller à l’Université de Dakar et à l’Ecole de formation technique de la Banque de France. Il est titulaire d’un diplôme d’études supérieures spécialisées en sciences économiques.
Younoussi Touré a travaillé à la Banque centrale du Mali où il a été directeur général, avant de devenir conseiller spécial du gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Il fut commissaire de l’Uémoa quand le Sénégalais Moussa Touré en était le président.
Membre fondateur de l’Union pour la République et la démocratie (URD), il en fut pendant longtemps le président avant de passer le témoin au parrain du parti, Soumaïla Cissé, dont le mandat prenait fin à la Commission de l’Uémoa.En septembre 2007, il est élu député dans la circonscription de Niafunké et 1er vice-président de l’Assemblée nationale, puis président de l’institution quand Dioncounda Traoré devint président de la République par intérim sous la Transition de 2012. Aujourd’hui, il fait la navette entre Niafunké et Bamako.
L’ex-chercheur Ibrahim Boubacar Kéïta : le sauveur du régime du président Alpha Oumar Konaré
Ibrahim Boubacar Kéita fut le sauveur du régime du président Alpha Oumar Konaré. Après avoir “bousillé” deux Premiers ministres, Alpha le nomme à ce poste qu’il occupe de 1994 à 2000. Il fut ensuite président de l’Assemblée nationale de 2002 à 2007, puis simple-député de 2007 à 2013, toujours élu dans la circonscription de la Commune IV du district de Bamako.
En août 2013, IBK est plébiscité président de la République du Mali avec 77,6 %. Il prête serment le 4 septembre de la même année et est investi le 19 septembre au cours d’une cérémonie grandiose qui a enregistré la présence d’une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement dont le président français, François Hollande, et Sa Majesté le Roi Mohammed VI du Maroc.
Né le 29 janvier 1945 à Koutiala, IBK a fait ses études secondaires au lycée Janson-de-Sailly à Paris et au lycée Askia Mohamed de Bamako. Il a étudié à la Faculté des lettres de l’Université de Dakar puis à l’Université Panthéon-Sorbonne et à l’Institut d’histoire des relations internationales contemporaines (IHRIC), rattaché auprès de la même université. Il est titulaire d’une maîtrise d’histoire et d’un diplôme d’études approfondies en politique et relations internationales. Après ses études, il est chargé de recherche au CNRS et enseigne les systèmes politiques du Tiers-monde à l’Université de Paris Tolbiac. De retour au Mali, il devient conseiller technique principal du Fonds européen de développement (Fed), chargé de la mise en œuvre du premier programme de microréalisations par la Communauté économique européenne au Mali. Il est ensuite directeur-représentant de Terre des Hommes France (TDHF), ONG française et internationale pour le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Militant de l’Alliance pour la démocratie au Mali/Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma/PASJ), il est le directeur adjoint de la campagne d’Alpha Oumar Konaré pour l’élection présidentielle en avril et mai 1992. Après son élection, Alpha le nomme en juin 1992 conseiller diplomatique, porte-parole du président de la République du Mali.
En novembre 1992, il est nommé ambassadeur du Mali auprès de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Burkina Faso et du Niger. En novembre 1993, il devient ministre des Affaires étrangères, des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine. Le 4 février 1994, le président Alpha Oumar Konaré le nomme Premier ministre. Il occupe cette fonction jusqu’en février 2000. Il préside l’Adéma/PASJ. En 1999, il devient vice-président de l’Internationale socialiste.
A l’approche de l’élection présidentielle de 2002, alors qu’il souhaite poser sa candidature pour succéder à Alpha Oumar Konaré, des dissensions au sein du parti présidentiel l’entraînent à donner sa démission du poste de Premier ministre le 14 février 2000, puis de la présidence du parti en octobre 2000. Il quitte alors l’Adéma/PASJ avec ses partisans pour fonder le Rassemblement pour le Mali (RPM), formation qu’il préside depuis juin 2001. Il a été d’ailleurs consacré président-fondateur du RPM.
Ibrahim Boubacar Kéita a été président du comité exécutif de l’Union parlementaire africaine. Candidat à l’élection présidentielle, IBK tombe au 1er tour, conteste les résultats, mais apporte son soutien à Amadou Toumani Touré, qui sera élu lors du second tour, le 12 mai, avec 65,01 % des suffrages exprimés. A l’élection présidentielle de 2007, IBK obtient 19,15 % des voix, se plaçant ainsi en deuxième position derrière le président sortant Amadou Toumani Touré, réélu dès le 1er tour.
Le 26 juillet 2011, il est désigné candidat du Rassemblement pour le Mali à l’élection présidentielle de 2012 (finalement avortée pour raison de coup d’Etat le 22 mars 2012). Enfin, le 15 août 2013, il est proclamé président élu du Mali.
IBK a été réélu en 2018 pour un second quinquennat. Moins de deux ans après, le 18 août 2020, il a annoncé sa démission, la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement après son renversement par l’armée, qui parachevait la forte contestation populaire à laquelle il faisait face depuis plusieurs mois.
Mandé Sidibé : frère aîné du Premier ministre Modibo Sidibé
Banquier et économiste hors pair, né à Bafoulabé le 20 janvier 1940, il a été Premier ministre du Mali entre 2000 et 2002, en remplacement justement d’IBK. Une lourde responsabilité qu’il a remplie avec bonheur et honneur, avant d’avoir des ambitions présidentielles. Après un séjour au lycée Terrasson de Fougères de Bamako (actuel lycée Askia), Mandé Sidibé poursuit des études en France,
d’abord à Bordeaux où il obtient son baccalauréat, et à Paris où il obtient une licence en sciences économiques en 1965. Il décroche en 1974 un Master of Business Administration (MBA) de l’Université George Washington aux Etats-Unis. Puis, il entame une longue carrière dans les institutions financières.
Après un court passage à la Banque de la République du Mali (BRM), Mandé Sidibé a travaillé au Fonds monétaire international (FMI) de 1967 à 1985, essentiellement au département Afrique, où il a occupé les fonctions d’économiste entre 1967 et 1975, d’économiste principal entre 1977 et 1981 et chef de division entre 1981 et 1985. Il a également été représentant résident du FMI à N’Djamena (Tchad) entre 1972 et 1975. En 1985, il commence une carrière à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) où il est successivement conseiller du gouverneur en 1985 et 1986, directeur central des relations internationales entre 1986 et 1990, secrétaire général chargé de la politique monétaire de 1990 à 1992 et conseiller spécial du gouverneur de la Bceao pour le Mali de 1992 à 1995.
Mandé Sidibé a également travaillé dans le secteur privé. Il est ainsi membre des conseils d’administration de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) basée à Harare, au Zimbabwe, de la Société malienne de financement (Somafi, actuel Alios-Mali) et d’Ecobank Transnational Incorporated (ETI).
Au plan politique, il n’est pas novice. Ainsi, après avoir pris sa retraite de la Bceao, il est nommé en 1996 conseiller spécial auprès du président de la République Alpha Oumar Konaré, avant d’être nommé Premier ministre le 20 février 2000. Il est reconduit à ce poste le 23 juin 2001. Le 18 mars 2002, il présente sa démission afin de se consacrer à la campagne pour l’élection présidentielle du 28 avril 2002 à laquelle il est candidat. Bien que membre de l’Adéma/PASJ (qui a investi Soumaïla Cissé), il se présente comme candidat indépendant et se classe en 9e position. Pour le second tour, il appelle à voter pour Amadou Toumani Touré et non pour Soumaïla Cissé. Après son échec à cette élection, Mandé Sidibé retrouve en 2003 son siège au conseil d’administration d’Ecobank International. Le 23 juin 2006, il est nommé président du conseil d’administration. Le frère aîné de Modibo Sidibé est décédé le 25 août 2009 à l’hôpital américain de Paris à Neuilly-sur-Seine dans la banlieue de Paris, à la suite d’une attaque cardiovasculaire.
Ahmed Mohamed Ag Hamani : Premier ministre d’ATT de 2002 à 2004
Ahmed Mohamed Ag Hamani a été Premier ministre du Mali sous la présidence d’Amadou Toumani Touré du 9 juin 2002 jusqu’au 28 avril 2004, date de la démission de son gouvernement. Ingénieur-statisticien de formation, Ahmed Ag Hamani commence sa carrière politique sous le régime de Moussa Traoré. Le 7 janvier 1978, il est nommé ministre de tutelle des Sociétés et Entreprises d’Etat. Le 28 juin 1979, il devient ministre de l’Information et des Télécommunications. Puis, il est nommé successivement ministre du Plan le 2 août 1980, ministre des Sports, des Arts et de la Culture, le 31 décembre 1984, ministre des Transports et des Travaux publics, le 6 juin 1986, poste qu’il occupe jusqu’au 20 janvier 1987.
Il devient ensuite Haut-commissaire de l’Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) avant d’entamer dans les années 1990 une carrière de diplomate. Il est ambassadeur du Mali successivement auprès du Maroc, de la Belgique, du Grand-duché du Luxembourg et de l’Union européenne.
Le 9 juin 2002, le président Amadou Toumani Touré le nomme Premier ministre. Il est reconduit à ce poste le 12 octobre 2002 et forme un nouveau gouvernement. Le 28 avril 2004, à la demande du président de la République Amadou Toumani Touré qui souhaite nommer un nouveau gouvernement, Ahmed Mohamed Ag Hamani présente la démission de son gouvernement.
Ahmed Mohamed Ag Hamani a créé en 2009 une association dénommé Association pour la revalorisation de l’expertise nationale (Arena). Regroupant des cadres de haut niveau de la fonction publique à la retraite, elle souhaite mettre son expertise au service de l’administration publique, du secteur privé et de tout autre partenaire. Mamadou Kaba, ancien ambassadeur, Mamadou Dembélé, ancien ministre de l’Education nationale, et Djibril Diallo, ancien ministre des Transports, sont membres de l’Arena.
Très engagé dans la société civile depuis les événements de 2012, Ahmed Mohamed Ag Hamani, a présidé la Coalition citoyenne de la société civile pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale (CCSC/PURN). Au mois de février 2019, la Coalition citoyenne de la société civile pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale (CCSC-PURN) a procédé à la Maison de la presse, au lancement du projet d’appui au renforcement de la société civile pour le suivi efficace du processus de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali et la mise en place d’observatoires. Les travaux étaient présidés par le président de la Coalition, l’ancien Premier ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani, qui est aussi le président du conseil d’administration (PCA) de la Banque de développement du Mali (BDM-SA).
L’économiste Ousmane Issoufi Maïga : sa rigueur lui vaut le sobriquet de Pinochet
Il incarne le prototype même du grand commis de l’Etat. Réputé, connu et adulé, mais souvent critiqué, pour sa rigueur. D’où son sobriquet de Pinochet. C’est lui qui a remplacé Ahmed Mohamed Ag Hamani au poste de Premier ministre en
avril 2004. Le président Amadou Toumani Touré sait de lui qu’il a organisé avec brio la Can-2002 et a suivi ses œuvres dans les différents postes ministériels qu’il a occupés sous Ag Hamani. C’est pourquoi, il n’a point hésité à jeter son dévolu sur Ousmane Issoufi Maïga qu’il nomme Premier ministre le 29 avril 2004. Le natif de la région de Gao (en 1945) a fait des études supérieures en économie à l’Université de Kiev (Ukraine, anciennement URSS), puis à l’American University à Washington DC (Etats-Unis) où il obtient un diplôme en économie de développement bancaire et financière. Il a travaillé à la Banque mondiale, au ministère français des Finances avant de rentrer au Mali pour travailler au ministère des Finances où il a été notamment directeur général adjoint de la Caisse autonome d’amortissement.
En 2002, il devient ministre de la Jeunesse et des Sports et doit organiser la Coupe d’Afrique des nations qui se déroule au Mali. Après l’élection d’Amadou Toumani Touré à la présidence de la République, il entre au gouvernement d’Ahmed Mohamed Ag Hamani le 14 juin 2002 en tant que ministre de l’Economie et des Finances. Après le remaniement ministériel du 16 octobre 2002, il devient ministre des Transports et de l’Equipement. Le 29 avril 2004, il est nommé Premier ministre et constitue son gouvernement le 2 mai 2004. Ousmane Issoufi Maïga a présenté sa démission et celle de son gouvernement le 27 septembre 2007. Il a été remplacé par Modibo Sidibé.
Nommé président du conseil d’administration d’EDM-SA depuis, il est relevé sous IBK et s’active dans la société civile, en tant que président de l’Association pour la promotion de la culture Songhay, dénommée IR Ganda.
Pinochet était membre du Triumvirat pour conduire le Dialogue national inclusif avec Baba Akhib Haïdara, Aminata Dramane Traoré. Et l’ambassadeur Cheick Sidi Diarra était le président du Comité d’organisation.
Depuis quelques semaines, Ousmane Issoufou Maïga est directeur de la Cellule de la crise chargée de la libération du président de l’URD et chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé.
Le notaire Me Abdoulaye Sékou Sow : auteur d’un livre polémique sur la démocratie malienne
Le 13 avril 1993, c’est lui qui remplace Younoussi Touré à la tête du gouvernement. Mais son séjour est encore plus éphémère que celui de son prédécesseur, puisqu’en février 1994, Abdoulaye Sékou Sow abandonne le
navire, pour quasiment la même raison que Younoussi : les mouvements estudiantins.
Né en 1931, feu Abdoulaye Sékou Sow était un notaire après avoir suivi une très bonne formation juridique. Il a été directeur de l’Ecole nationale d’administration (ENA).
Il est l’un des membres fondateurs de l’Alliance pour la démocratie au Mali/Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma/PASJ). Le président Alpha Oumar Konaré le nomme ministre de la Défense en 1992, puis Premier ministre en 1993, comme nous le soulignions plus haut, avec la fortune que l’on sait.
En 2008, Abdoulaye Sékou Sow publie “L’Etat démocratique républicain : la problématique de sa construction au Mali”, un ouvrage qui suscite des polémiques au Mali quant à la gestion des révoltes de 1993 (qui ont fait tomber deux Premiers ministres dont lui et son prédécesseur).
Abdoulaye Sékou Sow est décédé le 27 mai 2013 à 83 ans. Un vibrant hommage lui a été rendu par la nation.
L’inspecteur général de police Modibo Sidibé : un parcours impressionnant
C’est le 28 septembre 2007 que le président Amadou Toumani Touré nomme Modibo Sidibé, alors secrétaire général de la présidence, comme Premier ministre, soit le lendemain de la démission de son prédécesseur Ousmane Issoufi
Maïga. Il joue franc jeu avec ATT, conduit les affaires de la nation, mais se fait discrètement une assise politique, avant de dévoiler ses ambitions présidentielles en 2011 et se voir éjecter de son fauteuil par le président.
Le parcours de l’homme est impressionnant. Né le 7 novembre 1952 à Bamako, il fait ses études primaires dans la capitale, à l’école de Bolibana de 1958 à 1969. Ses études secondaires le conduisent au lycée Prosper Kamara de 1970 à 1972. Après avoir décroché son bac, Modibo entreprend des études supérieures (1972-1976 et 1978-1983).
Il est bardé de diplômes. Il est ainsi titulaire d’un brevet de parachutiste (1977), d’un brevet d’arme (1978), d’une maîtrise en droit public (1976, Perpignan France). Il est détenteur d’un diplôme d’études approfondies (DEA) en sciences pénales et criminologie (1979 à Aix-en-Provence en France), d’un DEA en théorie politique (1983 Reims, France), d’un doctorat en sciences pénales et criminologie (1983 Aix-en-Provence, France), d’un diplôme de l’Ecole nationale de police du Mali (1977), d’un certificat de droit des conflits armés (1985, San Remo, Italie).
Modibo Sidibé a été successivement commissaire de police adjoint à la brigade de police du 1er arrondissement de Bamako (1978), commissaire de police intérimaire de l’aéroport de Bamako-Sénou. Il a occupé des fonctions à la division exploitation à la direction nationale de la police, et a été chef de bureau au cabinet militaire du ministre de la Défense nationale (1984).
Deux ans plus tard, on le retrouve conseiller technique au ministère délégué à la Défense nationale (1986-1989). Quand il quitte cette responsabilité, il est nommé chef de cabinet du ministre délégué à la Défense nationale (1989-1991). En 1991, Modibo Sidibé est directeur de cabinet du ministre délégué à la Sécurité intérieure. La même année, il hérite du poste de directeur de cabinet d’Amadou Toumani Touré, alors président du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP). A ce poste, il a rang de ministre.
Modibo Sidibé entame ensuite une longue carrière ministérielle. C’est ainsi qu’en avril 1993, il est nommé ministre de la Santé, de la Solidarité et des Personnes âgées. Il est reconduit à ce poste dans trois gouvernements successifs (7 novembre 1993, 7 février 1994, 22 juillet 1996). Quand il quitte ce département, c’est pour devenir ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale le 16 septembre 1997 sous la deuxième législature de la 3e République. Il conserve le même poste dans les gouvernements successifs (21 février 2000, 23 juin 2001, 19 mars 2002) jusqu’en juin 2002.
Après l’élection du président Amadou Toumani Touré à la magistrature suprême, Modibo Sidibé est nommé secrétaire général de la présidence de la République avec rang de ministre au lendemain de l’investiture du président Touré. Précisément le 9 juin 2002. Il occupe cette fonction jusqu’à sa nomination comme Premier ministre.
De cette position de collaborateur direct du président de la République, Modibo Sidibé, déjà familier du fonctionnement gouvernemental, a acquis une excellente connaissance des grands dossiers nationaux. Cette expérience alliée à sa grosse capacité de travail, à son exigence de qualité et à son goût pour les approches systémiques, sont d’un grand apport à cet homme courtois et discret dans ses fonctions de Premier ministre. Quand il fut relevé en cette approche d’élection, il crée un parti : les Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare/An ka wuli) et se présente à l’élection présidentielle de juillet 2013. Il cale au 1er tour et reprend la vie du bon côté.
Candidat en 2018, Modibo Sidibé a été éliminé dès le 1er tour de l’élection présidentielle.
Mariam Khaïdama Sidibé : première femme à occuper
le poste de chef du gouvernement au Mali
Elle est le dernier Premier ministre du régime d’Amadou Toumani Touré et la première femme chef du gouvernement de l’histoire institutionnelle du Mali. Mais, celle qui est née le 4 janvier 1948 à Tombouctou est arrivée au plus
mauvais moment du régime. Les défis étaient nombreux et énormes. Entre autres, la maîtrise de la rébellion et du terrorisme qui gagnait du terrain, l’organisation de l’élection présidentielle, la gestion des fronts social, politique et militaire. Ces défis étaient-ils au-dessus des compétences de l’ancienne ministre sous la transition de 1992 ? Toujours est-il que Mariam Khaïdama n’a pas pu prévenir ni suffisamment, ni à temps les dangers, pour éviter le coup d’Etat et l’occupation du pays. L’Histoire retiendra qu’elle le 1er Premier ministre qui a enregistré un coup d’Etat. Pourtant, Mme Cissé Mariam Khaïdama n’est pas dénuée de compétences. En témoigne sa carrière professionnelle précédée de brillantes études.
Elle a fait ses études primaires à Goundam (région de Tombouctou) avant d’obtenir son diplôme d’études fondamentales dans la même ville en 1966. Elle entre ensuite au lycée de Jeunes filles pour décrocher son baccalauréat en 1970. Mme Cissé Mariam Khaïdama Sidibé achève ensuite ses études supérieures à l’Ecole nationale d’administration (ENA) avec un diplôme d’administrateur civil. Elle justifie d’une riche carrière professionnelle : ministre du Plan et de la Coopération internationale (d’août 1991 à juin 1992 pendant la transition) ; ministre de l’Agriculture et de l’Environnement, cumulativement avec le portefeuille du Plan et de la Coopération internationale (mai 1992-juin 1992) et ministre du Développement rural (mars 2002-juin 2002).
Mariam Khaïdama a ensuite connu une longue carrière internationale (août 1993-novembre 2000) comme secrétaire exécutif du CILSS (Comité Inter-états de lutte contre la sécheresse au Sahel), basé à Ouagadougou. Mme Cissé Mariam Khaïdama Sidibé a été en 2003 la présidente du conseil d’administration de la Sonatam (Société nationale des tabacs et allumettes du Mali).
Elle a suivi plusieurs formations spécialisées, notamment en gestion des entreprises à l’Ecole internationale de Bordeaux en France (1976), en contrôle interne à l’Institut international d’administration publique de Paris (1979), en relations professionnelles au Centre de perfectionnement professionnel de Turin (Italie) en 1983. Toujours au niveau des formations spécialisées, Mme Cissé Mariam Khaïdama Sidibé a été formée en restructuration des entreprises publiques à l’Institut belge de formation de Bruxelles (1986), en ménagement à l’Ecole nationale d’administration publique (Enap) du Québec au Canada (1988), une formation sanctionnée par le 1er prix d’excellence.
En 1993, elle était au Centre de formation de la Bceao en programmation financière et ajustement. Comme expérience professionnelle, on peut retenir son passage au service du Contentieux du ministère de tutelle des Sociétés et Entreprises d’Etat (1974-1975). Elle a également été inspecteur des sociétés et entreprises d’Etat chargé du contrôle de la gestion des sociétés et entreprises publiques (mars 1980-juin 1987), conseiller technique au ministère de tutelle des Sociétés et Entreprises d’Etat (juin 1987-juillet 1998). De juin 1989 à mars 1991, elle était affectée au Bureau des entreprises au ministère du Plan. Elle a été également chargée de missions à la présidence de la République (mars 1989-mars 1991) et conseiller technique (mai 1991-août 1991). Entre août 2001 et mars 2002, elle est à nouveau conseiller technique à la présidence de la République.
Mme Cissé Mariam Khaïdama Sidibé est membre de plusieurs associations dont le Réseau des femmes ministres et parlementaires du Mali (Refemp), l’Alliance contre la faim (ACF-Mali), l’Association pour la sauvegarde de Tombouctou (Assaut).
L’astrophysicien Cheick Modibo Diarra :
Le Premier ministre aux pleins pouvoirs
L’histoire de Premier ministre de l’astrophysicien de la Nasa et non moins homme politique est rocambolesque. Suivez ! Le 17 avril 2012, Cheick Modibo Diarra est nommé Premier ministre du Mali. Un “Premier ministre aux pleins pouvoirs” afin de mener un gouvernement d’union nationale de transition, rétablir l’intégrité du territoire malien, sortir le Mali des troubles insurrectionnels dans le Nord du pays et organiser des élections transparentes. Il est donc le premier chef du gouvernement nommé après la chute d’ATT en mars 2012. Le 25 avril, il forme son gouvernement, loin de faire l’unanimité. En août 2012, il forme un nouveau gouvernement d’union nationale. Ce nouvel attelage a l’assentiment de ses concitoyens.
Malheureusement, moins de quatre mois plus tard, soit le 11 décembre 2012, il est arrêté par les putschistes du capitaine Amadou Haya Sanogo qui l’obligent à présenter sa démission, sous les projecteurs d’une équipe de la télévision nationale. Il est placé en résidence surveillée, pour sa propre sécurité, dit-on. Les putschistes l’accusent de manque de respect au président de la République par intérim Pr. Dioncounda Traoré et de mettre ses ambitions politiques au détriment des tâches qui lui incombent en tant que chef du gouvernement.
Libre de ses mouvements plus tard, il se présente à l’élection présidentielle de 2013 sous les couleurs du RpDM (Rassemblement pour le développement du Mali), parti qu’il a créé le 6 mars 2011. Il appelle à voter IBK au second tour.
En 2018, il refait surface à la tête d’une coalition qui porte son nom et qu’il a investi candidat à la présidentielle où il se classe 4e.
Qui est-il ? Cheick Modibo Diarra est né en 1952 à Nioro du Sahel ; il est citoyen américain. Après avoir obtenu son baccalauréat au Mali au lycée Technique de Bamako, Modibo Diarra étudie les mathématiques, la physique et la mécanique analytique à Paris à l’Université Pierre-et-Marie-Curie (grâce à une bourse), à l’Ecole centrale, puis l’ingénierie aérospatiale aux Etats-Unis à l’Université Howard (Washington DC). Débarqué en 1979, c’est par hasard qu’il intègre cette dernière université où il sera ensuite professeur.
Modibo Diarra est recruté en 1984 par la Nasa où il participe à différents programmes : Magellan vers Vénus, Ulysses vers les pôles du Soleil, Galileo vers Jupiter et Mars Observer et Mars Pathfinder vers la planète Mars. En 1996, il développe avec son équipe le site Internet de la Nasa. En 1999, il obtient de la Nasa de travailler à mi-temps, ce qui lui permet de se consacrer au développement de l’éducation en Afrique en créant notamment une fondation, la Fondation Pathfinder pour l’éducation et le développement. En 2002, il prend un congé sabbatique afin de développer au Mali à Bamako un laboratoire de recherche sur l’énergie solaire. Il est “Ambassadeur de bonne volonté” pour l’Unesco. Il a été le premier président de l’université virtuelle africaine basée au Kenya, qu’il a quitté en 2005 pour cofonder l’Université numérique francophone mondiale. Le 20 février 2006, Microsoft annonce la nomination de Cheick Modibo Diarra au poste de président de Microsoft Afrique ; ses bureaux sont à Bamako et Johannesburg (Afrique du Sud).
Le 6 mars 2011, Cheick Modibo Diarra présente à Bamako la formation politique qu’il vient de créer en vue de l’élection présidentielle de 2012, le Rassemblement pour le développement du Mali (RpDM). Les observateurs politiques lui donnent alors peu de chance de remporter le scrutin. Mais le putsch mené par le capitaine Amadou Haya Sanogo peu avant l’élection change la donne politique. Vous savez le reste. Mais aussi bon à savoir : Cheick Modibo est le gendre de feu le président Moussa Traoré.
Dr. Diango Cissoko : le grand artisan de la présidentielle post-crise de 2013
Diango Cissoko a été nommé Premier ministre de transition par le président Dioncounda Traoré le 11 décembre 2012, après l’arrestation suivie de la démission de Cheick Modibo Diarra. Il s’est acquitté dignement de sa mission, notamment en réussissant à rétablir l’intégrité du territoire national (y compris Kidal qui revient dans le giron du Mali avec un gouverneur dûment installé) et à organiser des élections propres qui aboutissent à l’avènement d’IBK. Aujourd’hui, il jouit de sa retraite à son domicile, sis à Djélibougou.
Né en 1948, il a passé 40 ans de sa vie au service de la nation. Diango Cissoko est entré dans la fonction publique en 1971 en qualité d’administrateur civil. Après son baccalauréat obtenu au lycée Askia Mohamed de Bamako en 1967 et le diplôme de l’ENA (section administration générale) en juin 1971 (il est major de sa promotion), il poursuivra ses études en France où il obtiendra successivement un DEA en droit international et relations internationales à la Faculté de droit et de sciences politiques de l’Université de Caen en juin 1980, le diplôme de l’Institut international d’administration publique de Paris en juillet 1981, un doctorat de 3e cycle de droit public, à la Faculté des sciences économiques de l’Université de Rouen en décembre 1981.
En octobre 1985, toujours à l’Université de Rouen, il obtient un doctorat d’Etat en droit avec la mention “très honorable” et les félicitations du jury. Sa thèse sur “La fonction publique en Afrique Noire – Le cas du Mali” a été publiée en novembre 2006, dans la collection des Publications de l’Université de Rouen.
Diango Cissoko n’a pas mis de temps à se frayer un chemin dans l’administration malienne qu’il avait intégrée dès août 1971. Il a été directeur des services pénitentiaires et directeur de la Prison centrale de Bamako, directeur national de la fonction publique et du personnel, directeur de cabinet du ministre du Travail et de la Fonction publique et membre de la Commission nationale de réforme administrative. En décembre 1984, il fait son entrée au gouvernement au poste de ministre de la Justice, garde des Sceaux. Un poste qu’il quitta pour devenir secrétaire général de la présidence de la République avec rang et prérogatives de ministre (février 1988-juin 1989) et ministre secrétaire général de la présidence de la République (juin 1989-mars 1991).
Entre septembre 1988 et mai 1990, il a assuré simultanément pour le compte du Mali, les postes de gouverneur suppléant du FMI, de la Banque mondiale, de la Banque islamique de développement (Bid), de la Banque africaine de développement (Bad), du Fonds africain de développement (Fad), et gouverneur de la Banque mondiale.
Après mars 1991 et l’avènement de la IIIe République, il exercera ses fonctions d’administrateur civil au ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales et accomplira ainsi de nombreuses missions d’expert-consultant à l’intérieur et à l’extérieur du Mali. Il opère son grand retour dans les deux premières institutions de la République, le 13 novembre 2002, comme directeur de cabinet du Premier ministre avec rang de ministre, avant de retourner en janvier 2008 à la présidence de la République comme secrétaire général, toujours avec rang de ministre. Administrateur chevronné et grand serviteur de l’Etat, il devint 4e Médiateur de la République après Me Demba Diallo (1999-2001), Mme Diakité Fatoumata Ndiaye (2002-2009) et Me M’Bam Diatigui Diarra (2009-2011). C’est de là qu’il va pour la Primature, avec les résultats énumérés plus haut.
L’expert-comptable Moussa Mara :
une lourde responsabilité au sujet de la situation délicate à Kidal
Le nom de Moussa Mara renvoie inexorablement à une page noire de l’Histoire du Mali : la reprise de Kidal par les rebelles. En effet, le 17 mai 2014, sa venue à Kidal provoque une reprise des combats entre l’armée malienne et les rebelles du MNLA, du HCUA et du MAA. Le bilan est très lourd : des administrateurs civils égorgés, des dizaines de militaires tués et Kidal soutiré du contrôle de l’Etat
malien. De retour à Bamako le soir du 18 mai 2014, Mara est acclamé à l’aéroport par plusieurs centaines de manifestants. Le 21 mai, les militaires maliens lancent une offensive avec près de 2000 soldats pour reprendre Kidal, mais ils sont mis en déroute par les rebelles qui reprennent le contrôle total de la ville et s’emparent de plusieurs autres villes du Nord.
Le 8 janvier 2015, Moussa Mara est remercié par le président IBK, et présente sa démission. Depuis, il est fondamentalement actif sur le terrain politique, pour l’implantation de son parti, Yéléma (Le Changement), à la base, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Au-delà, on ne retient rien de potable de son passage à la Primature, contrairement à son (jeune) passé politique très brillant. Né le 2 mars 1975 à Bamako, Moussa Mara est un expert-comptable. Président du parti Yéléma, créé en juillet 2010, il est candidat à l’élection présidentielle du 28 juillet 2013 et appelle à voter pour IBK au second tour.
Le 5 avril 2014, à 39 ans, il est nommé Premier ministre par le président IBK, devenant ainsi l’un des plus jeunes Premiers ministres de l’Histoire du Mali. En 2004, il présente une liste indépendante de jeunes aux élections communales dans la Commune IV de Bamako, liste invalidée. En 2007, Moussa Mara se présente avec une liste indépendante aux législatives et met en ballottage la liste d’Ibrahim Boubacar Kéita, président du Rassemblement pour le Mali. Il est battu au second tour en obtenant 48,5 % des voix. Lors des élections communales du 26 avril 2009, Moussa Mara présente une liste indépendante dans la Commune IV de Bamako qui arrive en tête avec 14 sièges sur 41. Le 30 juillet 2009, le Tribunal administratif annule les élections dans la Commune IV. L’annulation du scrutin est confirmée le 26 novembre 2009 par la Cour suprême. Lors de l’élection partielle du 6 février 2011, la liste du parti Yéléma conduite par Moussa Mara arrive largement en tête et obtient 19 des 41 sièges à pourvoir.
Le 7 mars 2011, il est réélu maire de la Commune IV par le Conseil municipal. Du 5 septembre 2013 au 5 avril 2014, il est ministre de l’Urbanisme et des Politiques de la ville. Puis est nommé Premier ministre. Moussa Mara a créé en juillet 2010 son parti politique dénommé Yéléma et qui occupe tout son agenda aujourd’hui.
L’ancien Premier ministre Moussa Mara était précédemment député à l’Assemblée nationale sous les couleurs de son parti “Yéléma”.
L’enseignant Modibo Kéïta : un come-back après 13 ans d’hibernation
Ce n’est autre que l’ex-Premier ministre qui avait déjà fait une première expérience entre le 18 mars et le 9 juin 2002 devenant le cinquième chef de gouvernement sous le président Alpha Oumar Konaré. Il remplaçait en son
temps Mandé Sidibé, alors candidat à l’élection présidentielle de 2002. D’ailleurs, c’est lui, Modibo Kéita, qui a organisé ce double scrutin qui a abouti à l’avènement d’Amadou Toumani Touré à la magistrature suprême. Treize ans plus tard, Ibrahim Boubacar Kéita le rappelle pour conduire son gouvernement après de bons et loyaux services rendus comme Haut représentant du président de la République pour le dialogue inclusif inter-malien. C’était le 9 janvier 2015, à la suite de la démission de Moussa Mara.
Tout laisse à croire que le président IBK est entièrement satisfait de sa collaboration avec Modibo et de l’action de celui-ci à la tête du gouvernement car son départ de la Primature a été plusieurs fois annoncé (souvent avec imminence, notamment depuis la signature de l’Accord de paix en mai-juin 2015), mais autant de fois reporté. Parmi les hauts faits d’arme du natif de Koulikoro (où il vit le jour le 31 juillet 1942), figure en bonne place la conduite du processus de dialogue et négociations ayant abouti à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Bien d’autres actes positifs sont à mettre à l’actif de son bilan.
Modibo Kéita a fait ses études primaires à Koulikoro entre 1950 et 1957. Ses études secondaires l’amèneront à l’Ecole normale secondaire de Katibougou. En 1965, Modibo Kéita entame les études supérieures à l’Ecole normale supérieure qui furent sanctionnées par une maîtrise en lettres modernes en 1969.
Au titre des stages pédagogiques, le grand commis de l’Etat a fréquenté Montrouge-Montpellier, Marly-Le Roi et Saint-Cloud en France. Au titre de sa carrière professionnelle, l’ancien Premier ministre a occupé de nombreuses fonctions dans l’administration.
De 1963 à 1979, Modibo Kéita est instituteur à Kéniéba, professeur à l’Ecole normale secondaire de Bamako, directeur du Centre de recherche pédagogique et de production audiovisuelle, directeur général de l’Institut pédagogique et directeur de cabinet du ministre de l’Education nationale. Sa carrière ministérielle débute en 1982 quand il fait son entrée au gouvernement en qualité de ministre de l’Emploi et de la Fonction publique. De 1986 à 1989, il est ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
Durant sa carrière diplomatique, Modibo Kéita a été ambassadeur du Mali en RFA, auprès de la Suisse, de la Suède, du Danemark, de l’Autriche, de la Norvège et auprès des organisations du système des Nations unies à Genève et à Vienne. Rentré au bercail en 1992, il occupe successivement les postes de conseiller pédagogique à l’Institut pédagogique national, conseiller à l’éducation au secrétariat général de la présidence de la République, secrétaire général de la présidence de la République.
En 2002, il est nommé Premier ministre. Il est revenu au poste le 9 janvier 2015 et il a quitté le poste pour être remplacé par Abdoulaye Idrissa Maïga, le 8 avril 2017. Il est décédé le samedi 2 janvier 2021 au Maroc des suites d’une longue maladie.
Abdoulaye Idrissa Maïga : une mission commando pour affronter les multiples problèmes qui secouent le pays
Abdoulaye Idrissa Maïga est nommé Premier ministre le 8 avril 2017. Père de 5 enfants, passionné de lecture et de scrabble, il était le directeur de campagne du candidat Ibrahim Boubacar Kéïta, lors de la présidentielle 2013. Ingénieur des sciences appliquées, il est né le 11 mars 1958 à Gao où il a occupé son premier poste en 1982, en qualité de chef de l’antenne pastorale du ministère de
l’Elevage et de la Pêche, directement après sa sortie de l’IPR de Katibougou.
Son professionnalisme lui vaut la confiance de ses supérieurs qui lui confient en 1998 la charge de directeur général du projet “Elevage Mali nord-est Gao”. Un an après, il prend du galon et devient coordonnateur des projets d’élevage de la région de Mopti puis chef département “Etude et suivi des milieux” à l’Agence pour bassin du fleuve Niger (ABFN) de 2003 à 2008. Depuis cette date, il officie comme consultant auprès d’organismes internationaux après un bref séjour en qualité de conseiller technique au ministère de l’Elevage et de la Pêche.
Nommé ministre de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement dans le premier gouvernement sous IBK, Abdoulaye Idrissa Maïga se retrouve ensuite à la tête du ministère de l’Administration territoriale, puis se voit confier le département très stratégique de la Défense et des Anciens combattants, avant d’être nommé Premier ministre en remplacement de Modibo Kéita.
Depuis quelque temps on l’annonçait à ce poste de chef du gouvernement et certainement que les analystes se fondaient sur la grande confiance que lui accorde le chef de l’Etat et en témoigne la promotion dont il ne cesse de bénéficier avec la bénédiction du président IBK. Le nouveau Premier ministre maitrise l’outil informatique. Un atout important dans la gestion des affaires publiques.
Mais il ne se prévaut pas que d’une expérience professionnelle et administrative car sur le plan associatif, il est très connu pour avoir été rapporteur de la coordination régionale des organisations et associations démocratiques de Gao entre 1991 et 1992 et secrétaire général adjoint de l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH) de 1990 à 1999. Plus récemment, il a accepté d’être le président d’honneur du Centre d’études, de formation et de recherches en développement participatif “Sony Ali Ber”.
Engagé depuis 1983 dans un processus de formation continue, il s’en tire avec des diplômes de maitrise, DEA et DESS en ingénierie, notamment dans la pratique du management, l’analyse des projets et les approches participatives. Il est l’auteur d’une trentaine de publications techniques et a collaboré à la rédaction de l’ouvrage collectif récent “Mali : entre doutes et espoirs” (Editions Tombouctou) sous la direction de l’historien Doulaye Konaté. Abdoulaye Idrissa Maïga était arrivé à la Primature à un moment très important du mandat du président IBK qui voyait son régime faiblir avec le front social en ébullition, la crise du football qui perdurait, l’insécurité toujours ambiante au centre et au nord du pays. A quelques encablures de la fin du mandat et aussi de l’échéance de la présidentielle de 2018 à l’occasion de laquelle le président IBK cherchera à renouveler son bail avec Koulouba, l’on mesure l’ampleur de la tâche qui attendait le nouveau Premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga. Mais même si la tâche était immense, sa réalisation n’a pas été impossible. Mais en attendant de pouvoir le juger aux actes, il a quitté subitement le poste. En effet, le 29 décembre 2017, il a annoncé sa démission surprise, ainsi que celle de son gouvernement, sans donner d’explication. Le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita les a acceptées.
Une semaine après, il démissionnera aussi du parti présidentiel, le RPM, mettant ainsi fin à dix-huit années d’appartenance à une formation dont il a contribué à concevoir l’embryon depuis 2000, dans la foulée des tout premiers ennuis d’IBK à l’Adéma/PASJ.
C’est dans un communiqué en date du 29 septembre 2018 que l’ancien Premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga (AIM) l’annoncera : “J’ai décidé de mettre formellement un terme à mon adhésion au RPM. Pendant de nombreuses années, en militant avec une sincère conviction dès le 2 septembre 2000, j’entendais servir mon pays avec honneur et un sens aigu de la responsabilité”.
Soumeylou Boubèye Maïga :
il démissionne sous le coup d’une motion de censure
Soumeylou Boubèye Maïga est né le 8 juin 1954 à Gao. Il est nommé Premier Ministre du Mali le 30 décembre 2017 pour succéder à Abdoulaye Idrissa Maïga. Il est le cinquième Premier ministre nommé par IBK depuis son élection en 2013. Il est reconduit à ce poste lors de la réélection – très contestée – d’Ibrahim Boubacar Kéita en août 2018.
Sous le coup d’une motion de censure, Soumeylou Boubèye Maïga démissionne avec son gouvernement le 18 avril 2019. Le Premier ministre était très critiqué depuis le massacre de 160 Peuls à Ogossagou, le 23 mars 2019. Dans un contexte d’insécurité et de malaise social, une très grande manifestation, le 5 avril 2019, avait demandé un changement de gouvernance et sa tête fut mise à prix par des cercles influents dont le groupe religieux amené par l’imam Dicko et le Chérif de Nioro, M’Bouillé Haïdara.
Soumeylou Boubèye Maïga a fait des études de journalisme au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) de l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar au Sénégal, ainsi qu’en France où il obtient un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) de diplomatie et administration des organisations internationales en 1987 à l’Université de Paris-Sud et un diplôme de relations économiques internationales à l’Institut d’administration de Paris. Il exerce le métier de journaliste d’abord à L’Essor, Quotidien d’Etat, puis au journal Sunjata.
Militant au sein du Parti malien du travail, il a été l’un des principaux artisans de la chute du régime de Moussa Traoré en 1991. Il entre au cabinet d’Amadou Toumani Touré, alors président du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP), en qualité de conseiller spécial d’avril 1991 à juin 1992.
Vice-président et membre fondateur de l’Alliance pour la démocratie au Mali/Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma/PASJ), il devient en 1992 chef de cabinet du président de la République Alpha Oumar Konaré.
En janvier 1993, il a été nommé directeur général de la Sécurité d’Etat (services secrets maliens) à une période au cours de laquelle il aurait empêché plusieurs coups d’Etat avant d’entrer au gouvernement de Mandé Sidibé en tant que ministre des Forces armées et des Anciens combattants.
En 2002, Soumeylou Boubèye Maïga est candidat à la candidature de l’Adéma/PASJ pour l’élection présidentielle de 2002, qui choisit Soumaïla Cissé.
En 2006, son parti, l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma) décide de soutenir la candidature probable du président sortant Amadou Toumani Touré à l’élection présidentielle malienne de 2007. Soumeylou Boubèye Maïga (SBM) est contre cette décision et annonce son souhait de se présenter. Il fonde à cet effet l’association “Convergence-2007”. Suite à cela, il se fait exclure de l’Adema. En effet, lors de la conférence nationale des 24 et 25 février 2007 de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), les délégués votent l’exclusion de SBM et de plusieurs de ses sympathisants : Issa Diarra, Ibrahima Kantao, Binta Yatassaye et Oumar Ag El Méhidi.
Au premier tour de l’élection présidentielle, le 29 avril 2007, il arrive en 6e position. Le président sortant, Amadou Toumani Touré, est réélu. Avec les autres candidats de l’opposition regroupés au sein du Front pour la démocratie et la république (FDR) – Ibrahim Boubacar Kéita, Mamadou Bakary Sangaré et Tiébilé Dramé – il conteste les résultats d’un scrutin qu’il estime entacher de fraudes et dépose un recours devant la Cour constitutionnelle ; ce recours est rejeté le 12 mai 2007.
Le 6 avril 2011, Soumeylou Boubèye Maïga est nommé ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale dans le gouvernement de Cissé Mariam Khaïdama Sidibé. Lors du coup d’Etat du 22 mars 2012 d’Amadou Haya Sanogo, SBM est fait prisonnier. Il entame une grève de la faim avec plusieurs hauts officiels.
Après un fort soutien au président Ibrahim Boubacar Kéita dès le premier tour de la présidentielle de 2013, il est nommé, le 8 septembre 2013, ministre de la Défense et des Anciens combattants dans le gouvernement d’Oumar Tatam Ly. Il démissionne de ce poste le 27 mai 2014 en réaction à la défaite de l’armée malienne à Kidal, face à des groupes rebelles.
Dès lors, il se mit en hibernation, travaillant surtout comme consultant en matière sécuritaire. IBK fera encore appel à lui pour lui confier le poste très stratégique de secrétaire général de la présidence de la République, d’où il est nommé Premier ministre le 30 décembre 2017, poste qu’il occupera jusqu’à sa démission le 18 avril 2019.
Dr. Boubou Cissé : disponible à être un serviteur de l’Etat au service du peuple
Toute ma reconnaissance au président de la République, S. E. M. Ibrahim Boubacar Kéita, pour la confiance renouvelée à travers ma reconduction ce 11 juin 2020 dans mes fonctions de Premier ministre. Je renouvelle ma disponibilité à être un serviteur de l’Etat au service du peuple. Je réitère mon engagement et celui du gouvernement futur à être à l’écoute de ce peuple dont je salue encore une fois le patriotisme et la résilience”.
Ces propos sont de Dr. Boubou Cissé après avoir été reconduit à son poste de Premier ministre par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta par décret n°0293/P-RM du 11 juin 2020 portant nomination du Premier ministre. Auparavant, Dr. Boubou Cissé avait présenté sa lettre de démission et de son gouvernement au président IBK.
Notons que Dr. Boubou Cissé avait été nommé Premier ministre pour la première fois, le 22 avril 2019, pour remplacer Soumeylou Boubèye Maïga, quatre jours après sa démission.
Il s’agissait d’un technocrate placé ainsi au-dessus de la mêlée politique pour rassembler les forces vives de la nation en ces instants cruciaux pour le Mali.
Agé de 48 ans, Boubou Cissé est un homme de dossiers. Originaire de Bamako, Boubou Cissé fait ses études primaires à l’école Mamadou Konaté, puis à l’école fondamentale de N’Tomikorobougou. Après ses études primaires à Bamako, il étudie en République fédérale d’Allemagne puis aux Emirats arabes unis, avant de s’installer en France où il poursuit ses études universitaires en France, à Clermont-Ferrand en intégrant le Centre d’études et de recherches sur le développement international (Cerdi, Université d’Auvergne). Il obtient une maîtrise en sciences économiques, suivie d’un DEA en économie du développement. En 2004, il obtient un doctorat en sciences économiques à l’Université d’Aix-Marseille.
Il commence sa carrière professionnelle en tant qu’économiste pour la Banque mondiale en 2005. En 2008, il est promu économiste principal et directeur de projet de la division du développement humain. Il travaille ensuite au Nigeria et au Niger en tant que représentant résident de la Banque mondiale.
Dr. Boubou Cissé est nommé ministre de l’Industrie et des Mines du Mali en 2013 et ministre des Mines en avril 2014. Il est ministre de l’Economie et des Finances de janvier 2016 jusqu’au 22 avril 2019, date de sa nomination en tant que Premier ministre du Mali.
De son passage au très stratégique ministère de l’Economie et des Finances on retient sa rigueur de gestion, disons son orthodoxie qui a constitué un bon rempart contre le pillage des ressources financières publiques. C’est avec lui que le Mali, dans sa gestion des ressources nationales, a basculé en mode budget-programme qui induit une rationalisation des dépenses et une utilisation judicieuse des recettes budgétaires.
Notons que Dr. Boubou Cissé avait été reconduit de son poste de Premier ministre, le 11 juin 2020, par l’ex-président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita avant d’être renversé le 18 août 2020 par un coup d’Etat.
Le 27 juillet 2020, Dr. Boubou Cissé était à la tête d’un mimi-gouvernement composé de cinq membres : le général de division Ibrahim Dahirou Dembélé (ministre de la Défense et des Anciens combattants) Boubacar Alpha Bah (ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation) le général de division M’Bemba Moussa Kéita (ministre de la Sécurité et de la Protection civile), Me Kassoum Tapo (garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme) Tiébilé Dramé (ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale) et Abdoulaye Daffé (ministre de l’Economie et des Finances).
Malheureusement, ce gouvernement n’a pas vécu longtemps puisque le régime d’IBK a chuté par un coup d’Etat, le 18 août 2020.
Moctar Ouane : un diplomate chevronné à la manette !
8 h seulement après sa prestation de serment, le tout-nouveau président de la Transition, Bah N’Daw a apposé sa signature au bas du décret n°2020-0068/P-T du 27 septembre 2020 consacrant la nomination de l’ancien ministre des Affaires étrangères sous ATT, Moctar Ouane, un diplomate chevronné, au poste de Premier ministre.
Il remplace Dr. Boubou Cissé, qui avait été reconduit à son poste, le 11 juin 2020 par l’ancien président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita avant d’être renversé le 18 août 2020. Moctar Ouane est désormais chargé de conduire les réformes sur les immenses chantiers qui doivent mener notre pays vers la normalité constitutionnelle afin de signer son retour dans le cercle restreint des pays émergents et prospères.
Le désormais locataire de la Cité administrative, Moctar Ouane est né le 11 octobre 1955 à Bidi dans la Commune de Ouenkoro (cercle de Bankass). Titulaire d’une licence de droit public, suivie d’une maîtrise en relations internationales et administration publique obtenues à l’Université de Dakar en 1982, Moctar Ouane poursuivra ses études 10 ans plus tard à l’Ecole nationale d’administration (ENA, Strasbourg en France).
Après un cursus universitaire très riche, il a été nommé ambassadeur et représentant permanent à la Mission permanente du Mali auprès des Nations unies à New York (1995 à 2002).
En 2004, il est sollicité par le président ATT pour booster la diplomatie malienne. Ainsi, il est nommé ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale le 2 mai 2004 dans le gouvernement d’Ousmane Issoufi Maïga. Il est reconduit à ce poste dans les gouvernements de Modibo Sidibé du 3 octobre 2007 et du 9 avril 2009. Donc, il s’est vu confier le ministère des Affaires étrangères durant sept années sous les deux mandats du président ATT.
Avant sa nomination, il était conseiller diplomatique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) de 2014 à 2016. Depuis, il était délégué général à la paix et à la sécurité auprès de cette institution monétaire.
Le nouveau Premier ministre est un technocrate hors pair de la diplomatie et des relations internationales notamment pour les questions paix et de sécurité.
Il parle couramment l’anglais, le bambara, le peul et le français. Il est marié et père de trois enfants.
Suite à la mise en place d’un nouveau gouvernement, le 24 mai dernier, Moctar Ouane a été arrêté par la junte militaire et conduit au Camp militaire de Kati. Il a rendu sa démission, 24 heures après, soit le 25 mai 2021.
Choguel Kokalla Maïga : le soldat réserviste pour rectifier la Transition
Connu pour sa constance et sa ténacité à la tête du Comité stratégique du Mouvement du 5-Juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), le principal mouvement de contestation du président déchu IBK, Dr. Choguel Kokalla Maïga naquit en 1958 à Tabango dans la région de Gao. Orienté au lycée Technique de Bamako à l’issue de ses études primaires, il décroche son baccalauréat malien.
Avec une bourse d’études en poche pour avoir été le 1er national au baccalauréat, il s’envole pour l’Union soviétique où il décroche son diplôme d’ingénieur en télécommunications en 1982 avec mention honorable et son doctorat d’Etat dans les sciences des télécommunications en 1988.
A son retour au bercail, il effectue son service national militaire (1989-1990), un statut qu’il brandit avec fierté en se faisant appeler soldat 2e classe du 5e contingent du SNJ, numéro matricule 24831.
En 1992, il fait ses premiers pas à la Société des télécommunications du Mali (Sotelma) où il fut le directeur de l’Ecole des télécommunications et le chef d’orchestre de 150 autres experts internationaux du projet sur la télé et la radio au Mali.
Il fut membre actif de l’Union nationale des jeunes du Mali, fondée sous le parti unique de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM). Raison pour laquelle il ne cesse de réclamer l’héritage positif du général Moussa Traoré. Ainsi, en février 1997, il devient le président du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR), héritier de l’UDPM.
Candidat à l’élection présidentielle en 2002, il obtient 2,73 % des voix au 1er tour avant de soutenir au second tour Amadou Toumani Touré. Ainsi, il signe son rentrée dans le gouvernement en qualité du ministre de l’Industrie et du Commerce (du 16 octobre 2002 au 27 septembre 2007). En 2008, il fut nommé à la tête du Comité de régulation des télécommunications (CRT).
En janvier 2015, il fait son retour au gouvernement comme ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication. En effet, ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement sous IBK, il apporte plusieurs innovations notamment l’avènement de la Haute autorité de la communication (Hac), les réformes de l’ORTM, de l’Amap et de la Poste.
Il est ensuite candidat à l’élection présidentielle malienne de 2018. En 2020, la coalition d’opposition Mouvement du 5-Juin/Rassemblement des forces patriotiques organise des manifestations contre le président Ibrahim Boubacar Kéita dans tout le Mali.