PDG de la Pharmacie populaire du Mali (PPM) depuis un an et demi, Moussa Sanogo fait actuellement face à une contestation sans précédent par une partie de son personnel, qui veut son départ l’accusant d’atteintes aux biens publics. Mais la PPM qui se porte bien, selon le PDG, voguait sur un fleuve tranquille jusqu’au jour où pour plus de transparence et une meilleure gestion, il a décidé de nommer un nouveau directeur financier. Le PDG Moussa Sanogo s’est étonné de l’incursion du syndicat dans ce dossier qui relève d’une gestion purement administrative. L’explication de cette situation conflictuelle à la PPM résiderait dans la gestion du fonds social qui ne serait pas un exemple de transparence entre les mains du directeur financier, impliquant le syndicat.
Ce n’est pas un novice de l’administration qui était arrivé à la tête de la Pharmacie populaire du Mali, il y a un an et demi. Moussa Sanogo a déjà occupé les postes de DGA aux hôpitaux de Gabriel Touré et de Point G, avant d’être retenu à la suite d’un appel à candidature pour diriger la PPM, à l’époque grabataire et mal gérée : « avec 7 milliards et demi de créances ; 4 milliards de dettes en banques ; une absence totale de manuel de procédure validé et de description de poste ; 80% des véhicules étaient amortis sur cale ; les chambres froides totalement hors d’usage, à Bamako comme dans les régions ; le système informatique aux arrêts ; c’était une vieille structure, mais aussi, avec un personnel vieillissant, se sentant sur le rythme et la qualité du travail », rappelle le PDG de la PPM, Moussa Sanogo. L’objectif du nouveau PDG était donc très clair, c’est produire des résultats : relever le défi de rendre disponibles les médicaments essentiels et les dispositifs médicaux sur l’ensemble du territoire national.
Missions et mesures d’urgence
A la suite d’une tournée de 4 semaines à l’intérieur du pays, dans toutes les régions du Mali, qui m’ont permis de faire un diagnostic, un état des lieux de nos forces et nos insuffisances, il fallait mettre en route une série de reformes, et cela n’allait sans doute pas se faire sans heurt, à vouloir bousculer les habitudes. Parmi ces mesures, il y avait « le renouvellement du personnel, après plusieurs départs à la retraite, notamment en 2016, où 13 cadres sont admis à la retraite et ont été remplacés par des cadres compétents, formés dans de bonnes universités et recrutés par appel à candidature à travers un cabinet reconnu», explique le PDG, Dr Moussa Sanogo.
La distribution de médicaments nécessitant des matériels roulants, le nouveau PDG s’est attelé à renouveler le parc auto – comme le ferait tout responsable soucieux du devenir de son entreprise- par l’acquisition de nouveaux véhicules, des camions, des vannettes, des véhicules de supervision. « Pour faire en sorte que nous puissions parcourir tout le pays, il y a du matériel neuf qui a été acheté, et le matériel ancien mis au soin des garages qui pouvaient bien les entretenir. Pour garder certains types de médicaments, notamment les vaccins, les réactifs et certains produits, toutes les chambres froides ont été reprises et fonctionnent à Bamako et l’ensemble des régions. Et ces chambres servent quelques fois à conserver des produits envoyés dans les régions par d’autres structures, auxquelles nous rendons services », explique le Dr Moussa Sanogo. Selon lui, la PPM a également créé un service commercial pour nous rapprocher des clients et entretenir une communication en temps réel avec eux. On a désormais une approche de proximité entre la PPM et sa clientèle, explique le Dr Moussa Sanogo.
L’augmentation des capacités de stockage – pour cesser de louer des magasins de Bolloré à Sotuba loués à 6 millions 700 FCFA/mois, l’unité- à travers l’initiation d’un projet de construction de grands entrepôts à plus de 4 milliards de FCA, figure parmi les reformes. Des grands entrepôts modernes, sophistiqués seront construits à Bamako, Kayes, Koulikoro et Mopti (avec l’appui de l’USAID et le Royaume des Pays Bas) dont le bouclage est prévu pour cette année au mois de juillet. Le PDG a énuméré d’autres initiatives, comme le renforcement des capacités dans les domaines de la gestion des stocks, l’assistance administrative, l’informatique, la comptabilité afin d’avoir des cadres compétents pour faire face aux défis qui se présentent à nous. « Nous sommes plus regardants sur le respect des principes de gestion, pour faire en sorte que nos points de vente soient véritablement rentables sur la base des marges bénéficiaires, qui nous sont reconnus et accordés par l’Etat dans le cadre de la légalité », explique le Dr Moussa Sanogo pour faire comprendre que la Pharmacie populaire naissait de ces cendres. Mais ces reformes décrites ne sont pas du goût de tout le monde, et même d’un grand nombre de gens qui croient pouvoir maintenir le statut quo de la gestion opaque qui profite aux intérêts particuliers et tuent l’intérêt général. N’est ce pas ce qui explique le conflit générationnel mené par le syndicat contre le PDG réformiste ?
- Daou
Source: Le Républicain