Comparaison n’est certes pas raison, selon le mot du fabuliste. Mais on peut faire remarquer que dans les années 1974-1975, en Grèce une situation politique similaire prévalut avec l’avènement du colonel Papa Dopoulos qui, après avoir chassé du pouvoir Constantin II, instaura un régime autoritaire et répressif soutenu seulement par les USA.
La Grèce vit alors sous le régime de la loi martiale et des tribunaux d’exception jusqu’en 1975 où à l’issue d’élections générales, le socialiste Andréas Papandréou réinstaura définitivement la démocratie en Grèce.
A vrai dire, le régime kaki fut toujours aux aguets des fragiles régimes civils dont il assurait la garde et qu’il pouvait renverser à tout moment avec ou sans prétexte. Ce fut vrai en 1968 avec le renversement du président Modibo Kéita par le lieutenant Moussa Traoré ; en 1991 de ce dernier par ATT et la série continua comme dans un feuilleton brésilien et se prolongea jusqu’en 2021 où le CNSP chassa du pouvoir IBK et installa sa propre transition.
Les partis politiques rendus responsables de la catastrophe démocratique en sont encore à se demander comment de tels cieux calamiteux ont pu leur tomber sur la tête. Bien qu’aucune loi de transition ne les empêche de mener des activités politiques, ils se signalent à l’attention du public par un mutisme coupable ponctué de communiqués creux sur les événements nationaux et par des querelles intestines pour le leadership.
La situation du Mali représente un cas d’école dans la mesure où les autres pays francophones regardent comment le pays va se sortir d’affaire à l’issue de cette transition problématique. En raison du mutisme des militaires sur la marche de leur régime, beaucoup de Maliens se demandent si les colonels ne jouent pas la prolongation pour s’éterniser au pouvoir comme le CMLN en 1968.
Les populistes et autres opportunistes étant à la manœuvre pour sauvegarder leurs propres intérêts, rien ne dit que la feuille de route de la transition sera respectée en 2023. D’autant qu’une large partie de la population hurle le maintien au pouvoir et souligne l’inutilité d’une élection qui verrait la renaissance de la démocratie avec l’arrivée au pouvoir des néo- démocrates.
Si les colonels écoutent ces voix hors micro qui en réalité cherchent à vivre de la transition, on sera alors loin de l’épisode de la Grèce qui se conclut en 1975 par la victoire des socialistes d’Andréas Papandréou aux élections de cette année. Mais le Mali n’est pas la Grèce et vice-versa.
Facoh Donki Diarra
Ecrivain
Mali Tribune