En 2007, le Mali accueillait plus de 200.000 touristes étrangers, ce qui rapportait au pays plus de 100 milliards de CFA. Les artisanats Touareg, Dogon, Peul, Malinke, Bambara, Toucouleur, Bobo ne pouvaient satisfaire la demande de la part des visiteurs étrangers. A cette époque, les projections de croissance de l’économie malienne dépassaient toutes les espérances (6% de taux de croissance du PIB en 2005). Le Sud, comme le Centre et le Nord du pays faisaient valoir leurs aspirations à la croissance économique et leurs besoins en équipements : les perspectives du tourisme y étaient excellentes et des projets de développement étaient déjà programmés, y compris dans plusieurs zones du Nord.
Mais en 2012, l’irruption du terrorisme au Nord Mali cassait brutalement cette dynamique. Les investissements chutaient, les touristes désertaient le pays, préférant des destinations plus sûres. L’économie s’effondrait et en quelques mois, les espoirs se brisaient pour laisser place à la brutale réalité d’une crise sécuritaire qui allait aussi devenir économique et humanitaire.
Sept années plus tard, certaines zones du Mali ne sont pas encore libérées définitivement du terrorisme et le climat sécuritaire général continue de faire peur aux capitaux étrangers. La présence terroriste prive des régions entières de toute perspective de reprise économique et de développement, puisque ce dont ont besoin tous les investisseurs, mais aussi les éleveurs, les commerçants et toute l’économie, en ville comme en brousse, c’est en tout premier lieu de sécurité.
Tandis que quand le terrorisme recule, l’économie redémarre. Les exemples ne manquent pas : le Gourma, par exemple, où dernièrement, une opération militaire contre les terroristes a redonné beaucoup d’espoir aux populations, après des années de terreur durant lesquelles la présence djihadiste avait stoppé net toute activité économique et créé un retard au développement.
C’est maintenant la commune de Salam, au Nord de Tombouctou, qui espère que Barkhane viendra la délivrer de la terreur exercée sur les populations Ouasra par le terroriste Talha Al Libi. Les Ouasra ont réalisé que depuis que Talha et ses prétendus djihadistes s’y sont installés, la commune de Salam n’est plus que poussière et désolation. Dans cette zone, le commerce, l’élevage et tous les projets de développement sont à l’arrêt, à l’image du marché de Toal qui a vu son activité s’effondrer depuis que les terroristes sont installés ici. C’est pourquoi un ami Arabe, de retour de cette région, m’a confié que bon nombre d’éleveurs et de commerçants, notamment parmi les Arabes Ouasra, se disent prêts à appuyer les forces anti-terroristes, afin que l’économie de la zone puisse redémarrer et le développement s’y installer. Les Ouasra semblent avoir réalisé, à leur tour, que là où le terrorisme recule, l’économie redémarre.
A chaque fois qu’une zone est délivrée de l’emprise des terroristes, c’est l’espoir du redémarrage de l’économie qui renaît. Souhaitons-le pour le Gourma, pour Salam comme pour toutes les zones du Mali.
Idrissa Khalou
Source: Malijet