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La montée en puissance de la Turquie en Afrique de plus en plus remarquée

Tous les journaux ne voient pas de la même façon la présence turque en Afrique. Au mois de décembre, le magazine « Jeune Afrique » consacrait un numéro spécial sur la stratégie de la Turquie en Afrique.

 

Avec sa population de 1.2 milliard d’habitants, le continent africain abritant les pays les plus pauvres du monde attire désormais la convoitise de toutes les superpuissances.

Face à elles, la Turquie, suit une tout autre stratégie afin d’aider le continent à se développer durablement. La politique « gagnant-gagnant » voulue par le président turc Recep Tayyip Erdogan se remarque de plus en plus et suscite l’appréciation de ses homologues et des citoyens africains.

Il faut dire que la Turquie ne cesse depuis vingt ans de renforcer sa présence en Afrique subsaharienne. D’ailleurs le président Erdogan a visité au total 30 pays africains en tant que président et Premier ministre depuis 2004 soit plus que n’importe quel autre leader mondial.

Ces visites attirent fréquemment l’attention des médias européens, à l’instar du journal français Le Monde qui titrait au mois d’octobre 2021 : « Erdogan cherche à étendre son influence en Afrique ».

« Le président turc a débuté dimanche une visite en Angola, au Togo et au Nigeria ; son offensive sur le continent africain comporte désormais un volet sécuritaire », précisait le journal multipliant les procès d’intention à l’égard de l’Exécutif turc.

Pourtant, tous les journaux ne voient pas de la même façon la présence turque en Afrique. Ainsi, au mois de décembre, le magazine « Jeune Afrique » consacrait un numéro spécial sur la stratégie de la Turquie en Afrique.

Titrant « Turquie – Afrique : Success Story acte 3 », le média a consacré treize pages sur la Turquie en prenant comme point départ « le 3e sommet de Partenariat Turquie-Afrique » qui a eu lieu du 16 au 18 décembre à Istanbul.

Le média écrivait que l’objectif de ce sommet était de « resserrer les liens politiques et commerciaux tissés depuis vingt ans », avant de détailler quelques actions de « Soft-Power » de la Turquie.

 

– Les raisons du succès turc

Ainsi le média a commencé par un aperçu global de la situation en s’interrogeant sur l’intérêt turc pour l’Afrique. « Le secret de cette success-story repose en premier lieu sur le pragmatisme de la diplomatie turque » explique le journal qui reconnait aussi que la Turquie « ne fait pas un discours moralisateur à l’égard des dirigeants africains ». Cependant, le média avance aussi que la Turquie « joue sur la fibre anticolonialiste et/ou le registre de la fraternité musulmane ». Pourtant, tous les pays concernés ne sont pas musulmans.

Ensuite, pour le média, le second pilier est « la synergie entre les acteurs qui portent l’étendard de la Turquie comme les ambassades ou Turkish Airlines ».

 

– Les actions de la Turquie

Jeune Afrique évoque également la présence de l’Agence turque de coopération et de développement (TIKA) et de la Fondation Maarif de Turquie qui œuvre dans le domaine de l’éducation et « qui compte 17500 élèves sur le continent ».

Le média a ainsi interrogé Serdar Çam, ministre tutelle du TIKA qu’il l’a présidé de 2011 à 2019 avant de devenir vice-ministre du tourisme et de la culture. Selon Çam, le TIKA compte plus de 22 bureaux en Afrique.

Évoquant les actions d’aides au développement, Çam a rappelé au média que « chaque année 5000 experts turcs dont un tiers en Afrique, sont engagés dans des actions de formations ». De plus, un tiers de toutes les actions de la TIKA concerne également l’Afrique alors que l’organisation est aussi présente dans les Balkans et les pays turcophones de l’Asie.

Dans cette interview, le vice-ministre a, par ailleurs, précisé que « la Turquie demandait aux pays leur besoin afin d’apporter une solution » en sous-entendant que les autres agissaient d’abord pour leur propre intérêt.

En outre, il est également question des séries qui font un tabac dans le monde entier. Selon le média, l’Afrique n’y échappe pas et cite l’exemple de la série « Teskilat – L’organisation » qui a pour thème le MIT, les renseignements généraux turcs qui font des opérations dans le monde entier et intègre des séquences sur les drones turcs qui participent à ces opérations.

« L’occasion d’exposer un arsenal varié made in Turkiye ; roquettes, blindés, et, bien sûr, les fameux drones TB2 de Bayraktar». Les séries turques se trouvent toujours dans le top 5 des séries les plus exportées dans le monde.

 

– Quinze femmes d’influence

En outre, le média accorde une place importante aux ambassadrices de la Turquie en Afrique. En effet, comme le rappel Jeune Afrique, « les ambassadrices turques sont plus nombreuses que les françaises ou américaines ». Sur quarante-trois ambassades, quinze sont dirigées par des femmes. Selon le journal, ces femmes « ne se contentent pas d’avoir les yeux rivés sur des objectifs économiques. Elles lisent des auteurs du continent, s’engagent dans des associations locales et rêvent de voir les peuples faire plus ample connaissance, par le biais du tourisme, de l’éducation et des échanges culturels ». Des affirmations qui s’opposent à « l’interventionnisme français » souvent relayées dans les médias africains.

Pour un peu mieux comprendre la position de la Turquie par rapport à l’Afrique, Joséphine Dedet, de « Jeune Afrique » a ainsi interrogé les ambassadrices Yonca Ozceri (Côte d’Ivoire), Mahinur Ozdemir Goktas (Algérie), Nilufer Erdem Kaygisiz (Gabon), Yaprak Alp (Ethipie et Union Africaine) et Aysegul Kandas (Afrique du Sud).

La Turquie ne se contente pas d’ailleurs d’envoyer seulement des femmes, mais surtout des personnes compétentes qui connaissent bien le continent. Ainsi, par exemple, Mahinur Ozdemir, avant de devenir ambassadrice de la Turquie en Algérie était une députée belge. Née et grandit en Belgique, elle a dû quitter la politique belge à cause de son voile. Mais sa connaissance parfaite du français, sa proximité avec les Maghrébins dès son plus jeune âge lui ont donné une certaine notoriété qui a facilité les relations avec Alger.

 

– Les exportations turques en Afrique, loin d’être la destination principale

Certes la Turquie accroît son interaction avec l’Afrique qui n’est pas, cependant son principal marché d’exportation alors que l’Europe représente 56 % des exportations turques et l’Asie 26 %, contre moins de 10 % pour l’Afrique.

Mais comme le souligne le média spécialisé, « la 17ème puissance économique mondiale a bien l’intention de se tailler une place importante sur le marché africain ».

C’est aussi dans ce cadre que la Turquie a réussi à vendre ses drones à trois pays africains, à savoir le Maroc, la Tunisie et l’Éthiopie alors que le Niger se montre intéressé. Il faut dire que les drones turcs ont déjà montré leurs preuves sur plusieurs terrains de guerre comme le Haut-Karabagh et le gouvernement éthiopien a réussi à repousser des séparatistes grâce aux TB2 acquis récemment.

– Présences chinoise et russe

La présence turque en Afrique semble déranger d’autres puissances, beaucoup plus que celle de la Chine et de la Russie par exemple.

Plusieurs fois, le président français Emmanuel Macron a évoqué sa gêne face à la présence turque sur le continent alors que le danger réel et ostensible vient d’ailleurs.

En effet, comme l’a rappelé Florence Parly, samedi 29 janvier sur France Inter, « la junte militaire au Mali ne veut plus de la présence française, au profit des mercenaires russes de Wagner ». Tandis que l’influence grandissante de la Turquie en Afrique profite à la population locale, celle des Russes et des Chinois se font l’écho d’un sentiment anti-français.

Source : Anadolu Agency

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