C’est une éventualité qui apparaissait en filigrane dans le propos de l’ambassadeur du Mali auprès des Nations-Unies, lors de la présentation du traditionnel rapport annuel du Conseil de sécurité sur notre pays. Intervenu dans la foulée du retrait progressif des casques bleus, l’événement a été essentiellement consacré aux modalités et conditions de rétrocession des emprises de la Minusma aux forces armées maliennes.
Et, sacrifiant à une tradition diplomatique bien ancrée, le représentant malien n’a pas omis de magnifier le passage de la mission onusienne au Mali, ramant à contre-courant de précédentes accusations et récriminations acerbes du ministre des Affaires Étrangères devant le même Conseil, en juin dernier, lors du renoncement à renouveler le mandat de l’ONU au Mali. On était certes loin des accusations de tentatives de déstabilisation du Mali au nom des questions de droits de l’homme, mais le satisfecit décernée par la partie malienne sera néanmoins nuancée par des considérations très mesquines susceptibles de devenir l’arrière-goût de la rupture entre le Mali et la Minusma comme l’avait été en son temps la complicité de la France avec les terroristes après le départ de Barkhan. En tout cas, le prétexte est apparemment tout trouvé dans la délicatesse des normes environnementales dont le Mali exige le strict respect sur fond de dénonciation implicite de violation et de réclamation d’une restauration. Reste à savoir si la question va mériter d’être porté à l’arbitrage du Conseil de sécurité avec la même ardeur que naguère le disque rayé des preuves de collusion entre Paris et les groupes djihadistes.
Les ONGs à la rescousse à Douentza
Ils sont des centaines de passagers à destination de Gao qui grossissent depuis quelques jours les rangs des résidents. En cause, une interdiction sporadique d’emprunter les routes nationales que les djihadistes ont infligée. Lesdits passagers, au nombre desquels de femmes enceintes, sont réduits à l’état d’indigence et devenus une charge insupportable pour les autorités Locales, à force d’assistance sur fond propre. Faute d’obtenir de Bamako une levée du blocus ou une escorte organisée des passagers vers leur destination (Gao), le gouverneur de la région de Mopti fait un appel en direction des alternatives qu’il lui reste pour faire face à l’urgence : les acteurs humanitaires. Sauf le SOS lancé par l’autorité locale a le malheur d’intervenir à un moment où le pays est vidé de l’essentiel des ONGs susceptibles de veiller efficacement à pareille urgence. Le gouverneur aurait-il oublié que dans la foulée de la dénonciation du rapport de l’Onu sur Moura, les autorités à l’échelle nationale avaient suspendu les activités de toutes les organisations bénéficiaires d’un apport financier de la France.
Ortm, de la passion du service à la raison du mensonge
À force de soumission et d’autocensure, l’Ortm est de moins en moins adhésive à son étiquette de «passion de service public». Ici, la servilité l’emporte sur tout, au point de friser le mépris souverain pour la souffrance des contribuables. De Tombouctou à Gao, en passant par Douentza, les concitoyens affligés par les différents blocus terroristes le sont plus encore par le déni de la réalité, de la part la télévision d’Etat qui ne leur appartient guère moins qu’à ceux qui en contrôlent et orientent le contenu. Il s’agit notamment de la vérité sur l’embargo que les GAT imposent depuis trois semaines aux habitants des localités concernées. En dépit des cris de détresse en provenance de toutes parts, l’ORTM en a honteusement apporté le démenti en présentant les échos du blocus comme de simples rumeurs destinées à alimenter la psychose. Au grand dam de victimes médusées de passer pour des clowns et de voir leur détresse transformée en vil spectacle. Pour beaucoup d’entre elles, l’ORTM a tout simplement manqué l’occasion de s’illustrer par le mutisme et l’omerta qui le caractérisent devant la situation dramatique du septentrion depuis l’avènement de la Transition. En effet, depuis les déplacés du Nord et du Centre affluent vers les centres urbains pour fuir la terreur djihadiste, aucun élément des médias d’Etat n’a consigné dans ses mémoires la catastrophe humanitaire inhérente à ce phénomène. Le devoir d’informer est visiblement foulée aux pieds au nom de la course à la carrière et aux positions administratives.
Rassemblées par la Rédaction
Le Témoin