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A la loupe : Dérapages dangereux

Le mémorandum du Parena sur la gestion du pays depuis l’élection d’Ibrahim Boubacar Kéita n’a pas seulement marqué la différence entre le clan présidentiel et ses adversaires, il vient aussi de diviser la presse malienne.

 presse papier afrique

 

En effet, dès sa publication, ce document qui aurait dû avant tout être un instrument de travail et de réflexion pour des cadres qui ont besoin de critiques objectives et constructives pour avancer et faire progresser le pays, les médias s’en sont emparés et en ont fait leurs choux gras. Cela n’aurait rien d’extraordinaire si les journalistes s’étaient contentés de se limiter aux commentaires et analyses. Mais il a fallu qu’ils prennent position pour ou contre le Parena qui a jeté le pavé dans la mare, pour ou contre le président de la République dont les camarades ont réagi avec la promptitude habituelle. Il faut reconnaitre que le fait est habituel dans un pays où, pour une question de survie et de survivance, en raison de la précarité de leur situation, des journalistes ont plus souvent la main tendue et pratiquent, de ce fait, la politique du ventre.

 

 

Dans cette affaire, deux journaux se sont distingués. Non pas parce que leurs journalistes ont pris la plume pour s’insulter entre eux-mêmes ou défendre leur camp, mais parce qu’ils se sont servis des réactions des internautes, dont certains n’ont aucune éducation et se donnent, régulièrement, à cœur joie à leur jeu favori qui consiste à verser leur venin et répandre des insanités sur de hautes personnalités. Cela est permis dans un environnement où les promoteurs des portails et sites internet ne se donnent pas la peine de censurer des textes qui dépassent le simple cadre de la critique. Par ailleurs, on sait aussi que derrière ces internautes se cachent des acteurs politiques, des journalistes, des décideurs publics qui n’ont pas le courage de prendre la plume pour produire un article ou une tribune afin d’exprimer leurs idées pour ceux qui en ont.

 

 

Ainsi, suite à la publication du mémorandum, le Parena et le RPM sont passés au second rang pour faire de la place à leurs leaders, Tiébilé Dramé et  IBK. Une absurdité. Parce que le document incriminé et incriminant est le produit de la direction politique du Parena, une œuvre de tous ses cadres qui se sont concertés et ont fait une analyse de la situation du pays avant de rendre publics leurs constats. Contre la gestion du RPM et non contre IBK.

 

 

 

A la lecture du document, il n’y a en effet rien de personnel dans ces critiques même si elles sont souvent dirigées sur des personnes. Mais celles-ci ont été ciblées en raison du rôle qu’elles ont choisi de jouer dans les affaires publiques, dans la sphère politique, malgré leurs liens avec le chef de l’Etat.

 

 

Tares, inepties et insanités

Il est vrai qu’en prenant la responsabilité de publier les insanités des internautes sur IBK ou sur Tiébilé Dramé, des journalistes se rendent complices d’actes de diffamation et d’atteinte à l’honneur et à l’intégrité morale d’acteurs de la scène politique. Une faute que Le Républicain, un quotidien d’information qui existe depuis deux décennies et qui a été une référence nationale, a été le premier à commettre, dans sa parution du 25 avril 2014. La faute est d’autant plus grave que les attaques des internautes étaient dirigées essentiellement sur le directeur de la publication 22 Septembre, accusé de rouler pour le camp présidentiel, notamment pour le fils du président. Le Républicain a cru nécessaire de publier les insanités des internautes contre un confrère parce que c’est son fondateur qui a été visé par le journaliste. Or, c’est à l’homme politique, ancien ministre, ancien député, chef de parti, auteur d’un document pourfendeur, que le journaliste s’est attaqué et non au fondateur d’un journal. Du reste, ce quotidien a l’habitude de s’attaquer à des confrères chaque fois que ceux-ci se montrent critiques à l’égard du Parena, de son chef ou de ses amis. Ce même journal est prompt à qualifier des termes peu flatteurs de «gazettes de Koulouba» ou très insultants de «journaux vendus», tous ceux qui osent s’attaquer à son mentor. Et il n’est même pas sûr que ce dernier soit impliqué dans cet excès de zèle, peut-être n’est-il pas consulté. Parce qu’en responsable politique averti et chevronné, il y a longtemps que Tiébilé Dramé a compris que Le Républicain n’est pas la propriété de son parti, le Parena, mais une entreprise privée qui emploie et fait vivre plusieurs personnes dont certaines n’ont aucune accointance politique avec lui.

 

 

Cette faute n’exonère pas pour autant son adversaire de l’heure, 22 Septembre, qui, en «réponse du berger à la bergère», a également publié, le 28 avril 2014, les insanités des internautes à l’égard du président du Parena.

 

 

Pourtant, ces deux protagonistes, le propriétaire du quotidien Le Républicain et le directeur de la publication 22 Septembre devraient être plus liés que ça, ayant tous deux été des leaders estudiantins qui ont lutté contre le même pouvoir pour l’instauration de la démocratie dans ce pays. Certes c’était à des époques différentes, mais le fait est que chacun d’eux devrait savoir ce que c’est que la démocratie et la liberté d’expression. D’une expression saine et expurgée des tares, inepties et insanités d’internautes mal éduqués. Ceci aura pour avantage d’éviter les dérapages dangereux que commettent les acteurs politiques qui se cachent derrière certains internautes et les journalistes qui se servent d’autres internautes.

 

Cheick TANDINA

SOURCE: Le Prétoire

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